Valchevrière : lieu d'un violent combat en juillet 1944

Légende :

Commune de Villard-de-Lans (Isère).

Genre : Image

Type : Paysage

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © Collection Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie aérienne argentique couleur renseignée.

Date document : Juin 2006

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Villard-de-Lans

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Analyse média

Le document est une photographie aérienne oblique prise à 1 800 mètres d'altitude environ. Même si elle n'est pas verticale, la photographie aérienne « écrase » le relief. Les cotes d'altitude inscrites permettent toutefois de se rendre compte du caractère mouvementé du Vercors. Contrairement à l'image habituellement véhiculée, ce dernier, particulièrement dans ce secteur, n'est pas un plateau. À quelques centaines de mètres au nord, la Bourne coule à 700 mètres, au fond de profondes gorges. La Résistance a utilisé cette orographie pour établir des verrous bloquant l'accès au Vercors sud. Valchevrière en est un.

Le hameau, en ruines, est entouré d'une profonde forêt de conifères. En 1944, le site était beaucoup moins boisé. Un important boisement a été réalisé depuis la Libération. Valchevrière est desservi par la route goudronnée D 215c (Isère)-D 221 (Drôme) de Villard-de-Lans à Saint-Martin-en-Vercors. En 1944, cette route, étroite, était simplement empierrée. De Villard-de-Lans au belvédère de Valchevrière, un chemin de croix a été établi après la guerre commémorant les combats du Vercors.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

L'attaque générale contre la Résistance dans le Vercors est lancée le 21 juillet 1944. L'épisode le plus spectaculaire de cette opération est l'atterrissage de planeurs à Vassieux-en-Vercors les 21 et 23 juillet. La mémoire a particulièrement retenu cette opération aéroportée. Mais d'autres combats acharnés ont eu lieu sur le massif. Parmi eux, celui de Valchevrière se distingue par sa violence. Le secteur de Valchevrière est le verrou qui protège le Vercors sud, « donjon du château » comme l'a défini Pierre Dalloz.

Valchevrière s'inscrit dans le dispositif mis en place par l'état-major de la Résistance et dirigé par Jean Prévost (« Goderville »). Parmi les unités qui cadenassent les gorges de la Bourne, la 2e compagnie du lieutenant Abel Chabal est établie près du hameau de Valchevrière et ce jusqu'au belvédère dominant le secteur.

Les Allemands qui ont conquis le 21 juillet pratiquement tout le canton de Villard-de-Lans, attaquent, le 22 juillet, en début d'après-midi, avec environ 300 hommes la compagnie Chabal. Les chasseurs alpins se battent à un contre cinq. Mais renforcée par la compagnie Bouchier, ils tiennent et même contre-attaquent. Vers 17 heures, Jean Prévost envoie un message au commandant Huet :
« Succès à Valchevrière, Chabal repousse l'ennemi en lui infligeant des pertes sensibles ». Mais ce n'est que provisoire.

Dès 5 heures du matin, les mortiers allemands, engins dont ne disposent pas les résistants, entrent en action des gorges de la Bourne au pas de la Sambue. Ils sont appuyés ensuite par l'aviation. Durant la nuit, les Allemands ont progressé, se sont infiltrés dans les positions des résistants. L'avant-poste de Bellecombe à 800 mètres du belvédère est investi. Les rescapés refluent vers le belvédère tenu par Abel Chabal. Les Allemands attaquent ce point fort. Jean Prévost essaie de soulager Chabal par des contre-attaques au pas de l'Àne, 6 km au sud. Mais il est lui-même attaqué au pas de la Sambue. Les réserves étant pratiquement toutes épuisées, l'état-major ne peut soutenir appuyer véritablement la position du belvédère. Les chasseurs alpins allemands qui sont arrivés par les hauts, débordent les hommes de Chabal qui ont des pertes. Le lieutenant lui-même est touché et tué. Quelques instants avant, il a envoyé un message à Jean Prévost : « Je suis presque complètement encerclé, nous nous apprêtons à faire Sidi-Brahim. Vive la France ». Les survivants se replient vers Herbouilly. Les autres compagnies subissent le même sort et se replient dans les forêts. Le Vercors sud est à la merci des Allemands. Ces derniers incendient ce qui restait du village de Valchevière inhabité.

Ailleurs, dans le Vercors, la situation de la Résistance est dramatique. Les résistants sont débordés de partout. À 13 heures, François Huet (« Hervieux ») envoie un message à Alger dans lequel il demande une aide en matériel et en troupes. Il réclame le bombardement de l'aérodrome de Valence-Chabeuil, d'où partent les avions qui attaquent le Vercors. Rien ne viendra. François Huet donne l'ordre de dispersion dans l'après-midi. Une autre phase de l'histoire de la Résistance dans le Vercors commence.

Valchevrière devient, avec Vassieux, un des combats emblématiques du Vercors. Sur l'esplanade du belvédère est érigée une croix qui porte la 12e station du chemin de croix ayant débuté à Villard-de-Lans. Une plaque adossée à la montagne témoigne de la violence du combat. Désormais, facilement accessible grâce à l'aménagement d'une route goudronnée, le site reçoit de nombreux visiteurs.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et la Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.