Eugène Lisiack

Légende :

Portrait d'Eugène Lisiack, responsable du réseau Centurie en Charente-Maritime

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Collection particulière Droits réservés

Détails techniques :

Photographie

Date document : sans date

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Charente-Maritime - La Rochelle

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Contexte historique

Très présent sur La Rochelle et Surgères en 1942, le réseau Centurie est un des réseaux de renseignement du mouvement OCM. Son responsable, le commandant Lisiack, se rend tous les tous les quinze jours à Paris pour transmettre à Londres les plans du mur de l’Atlantique, l'activité de la base de sous marins. Son adjoint Henri Gayot met au propre les plans de la base sous-marine. Le réseau Centurie est devenu une des composantes du mouvement rochelais Honneur et Patrie. Le réseau de renseignement Navarre, autre émanation de l'OCM créé en septembre 1943, a assuré la relève d'Honneur et Patrie en Charente Maritime ainsi que celle de l'OCM de la région B. Son responsable à La Rochelle, est Clément Juchereau.

Eugène Lisiack est né le 29 mars 1885 à Saint-Rémy (Deux-Sèvres). Il s'engage dans l'armée en 1904 et intègre l'école militaire de Saint-Maixent. En août 1914, il est mobilisé avec le grade de lieutenant. Plusieurs fois médaillé, il est gazé et grièvement blessé en 1918. Il part en retraite en 1933. Rappelé le 3 janvier 1938, il est affecté à l'état-major de la subdivision de Vannes jusqu'à sa démobilisation à l'été 1940. Pendant cette période, il s'est lié avec l'un de ses supérieurs, le colonel de Saint-Denis. Comme nombre d'officiers, il n'accepte ni la défaite ni l'Occupation. Dès l'été 1940, il forme un petit groupe avec son voisin Edmond Grasset et le général Jules Bruncher pour renseigner les services secrets anglais. Un poste émetteur retrouvé récemment, enfoui dans la cave de la maison familiale et peut-être donné par Louis Prunier, confirmerait l'hypothèse de cette première démarche. Peu après, par l'intermédiaire du colonel Saint-Denis, il rencontre à Paris un groupe d'officiers qui partagent ses vues et dont le colonel Touny prend la direction. Ce dernier comprend immédiatement l'intérêt de cette nouvelle recrue qui vit près de La Rochelle et peut récolter des renseignements sur les ports de La Rochelle/La Pallice, les ouvrages de défense côtiers et les lui transmettre. E. Lisiack accepte de créer en Charente-Inférieure, un réseau de renseignement dépendant de Centurie, une branche de l'OCM. Mutilé de guerre, il bénéficie de facilités pour se déplacer par le train. Sous prétexte de rendre visite à sa fille, il assure une liaison bimensuelle avec les dirigeants de l'OCM à Paris. Ceux-ci lui demandent de prospecter également en Deux-Sèvres et Sud-Vendée, les zones limitrophes au nord du département, afin d'y repérer des secteurs propices aux parachutages et aux atterrissages de Lysanders. Il recrute des agents sur La Rochelle, dans la région de Surgères, dans l'île d'Oléron. 

Par E. Grasset, il entre en contact avec Léopold Robinet, en novembre 1942. Il s'allie au mouvement Honneur et Patrie qu'il renforce en associant ses hommes et ses moyens d'action. La Résistance en Charente-Maritime connaît alors son apogée et dispose d'agents de renseignements dans l'ensemble du département, créant des dépôts pour les armes parachutées, un petit maquis de transition et assurant une instruction militaire clandestine aux recrues. Sous l'égide de l'OCM de Bordeaux, elle s'organise et se structure. Le commandant Lisiack, promu lieutenant-colonel (nomination entérinée par le gouvernement provisoire de la République, le 25 juin 1943), devient l'adjoint du général Bruncher, le chef départemental de l'AS. Le 1er août 1943, le secteur nord-ouest du département est placé directement sous ses ordres. A partir de la mi-septembre 1943, le mouvement Honneur et Patrie est démantelé. E. Lisiack est arrêté le 15 septembre. Dans la nuit, son fils Paul réussit à détruire des documents compromettants cachés dans de vieux tuyaux dans le fond du jardin. Torturé par la Gestapo à la prison de Lafond, le lieutenant-colonel est transféré comme les autres membres du groupe, au fort du Hâ à Bordeaux. Jugé par le tribunal militaire allemand de La Rochelle transféré à Bordeaux, il est condamné à mort et fusillé avec dix-neuf de ses compagnons d’Honneur et Patrie, le 11 janvier 1944 au camp de Souge. Au matin de l'exécution, il quitte sa cellule en chantant avec eux La Marseillaise.


Nicole Proux