Contexte historique

La BBC et la presse clandestine invitent les Français à protester contre l'Occupation lors des fêtes patriotiques, en se rassemblant dans les rues, en défilant devant les monuments aux morts, en pavoisant les fenêtres de drapeaux tricolores. Naturellement, les Allemands et Vichy interdisent les rassemblements et ces pavoisements. Mais, du coup, la population invente toutes sortes de subterfuges pour contourner ces interdits.

Voici un exemple de l'inventivité des Français quand il s'agit d'afficher les trois couleurs nationales, d'après les rapports de police relatifs aux 14 juillet 1941, 1942 et 1943 en région parisienne: on dépose devant les monuments aux morts une couronne avec ruban tricolore, ou bien une banderole, voire un bouquet; on accroche un drapeau en hauteur pour le rendre visible et difficile à enlever, sur un arbre, sur un poteau, sur une église, au sommet d'une cheminée haute de 30 mètres...On peint en bleu-blanc-rouge un trottoir. Surtout, pour contourner les termes de l'interdiction, on ruse en reconstituant le drapeau national: trois lingeries de couleur différente permettent de pavoiser sa fenêtre, de même trois pièces de vêtements permettent de se transformer en promeneur bleu-blanc-rouge, sans compter de nombreux insignes plus ou moins discrets (comme cette cocarde). Du coup, ceux qui se transforment ainsi en pictogrammes vivants n'ont parfois même pas besoin de défiler ensemble. Il suffit qu'ils se croisent pour affirmer discrètement ainsi l'existence d'un vrai courant d'opinion aux yeux du reste de la population.