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Un bricolage hors norme : les instruments de l'évasion d'André Devigny

Légende :

Cordes et crochets confectionnés par André Devigny pour son évasion du fort Montluc, à Lyon, le 25 août 1943

Genre : Image

Type : Objet

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Tissu et fil de fer

Date document : 25 août 1943

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Lyon

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Analyse média

Les cordes ont été confectionnées par Devigny avec les couvertures de son lit : il les a découpées en larges bandes, les a repliées puis enserrées de fil de fer, et enfin mises bout à bout, toujours grâce à du fil de fer. Les crochets quant à eux ont été réalisés à l'aide du cadran sur gonds fermant l'espace de l'ampoule de la cellule. Avec ces cordes, il a pu descendre du toit de la prison dans la cour et franchir les deux murs d'enceinte successifs.

Ces objets ont été retrouvés par Devigny après la Libération : ils avaient été conservés, comme pièces à conviction semble t-il. Fait Compagnon de la Libération en 1945, Devigny les a remis, avec d’autres objets, au Musée dont l’Ordre de la Libération a entrepris de se doter à la fin des années 1960. La plus longue des deux cordes mesure 10,50 m.


Bruno Leroux

Sources:
Dossier d’œuvre des cordes exposées au Musée de l’Ordre de la Libération
Article de Jules Roy, in Le Figaro Littéraire, 14 juillet 1956.

Contexte historique

L’évasion du lieutenant Devigny, dans la nuit du 25 août 1943 à Lyon, est l’une des plus extraordinaires de l’histoire de la Résistance. Robert Bresson s’en est inspiré pour son film Un condamné à mort s’est échappé (1956), en se concentrant sur la préparation et la sortie de la prison. En fait, Devigny a été repris à Vaulx-en-Velin. Il ne s’en est tiré qu’en sautant dans le Rhône et en restant cinq heures dissimulé dans la vase.

Devigny était un des responsables du réseau Gilbert et avait abattu en avril 1943 le chef du contre-espionnage italien dans le sud-est. Aussi, les Allemands se vengeront sur deux de ses cousins : Raymond Devigny (23 ans) sera tué au moment de son arrestation, René (17 ans) sera déporté et mourra au camp de Flossenbürg. Ayant réussi à passer en Suisse, André Devigny rejoindra l’Afrique du Nord, débarquera en Provence avec l’armée du général de Lattre puis fera la campagne d’Alsace.

D'autres évasions célèbres ont inspiré le cinéma, depuis le film d'Henri Calef, Jéricho (sur une évasion collective de la prison d'Amiens suite à un bombardement de la RAF) jusqu'au Lucie Aubrac de Claude Berri (sur l'évasion de Raymond Aubrac menée à bien par sa femme à l'occasion d'un transport de détenus).

Mais, qu'elles aient été individuelles ou collectives, les évasions de prison étaient extrêmement difficiles à organiser pour les détenus des prisons (ou des "quartiers allemands" des prisons) gérées par l'occupant lui-même. Quand la Résistance s'est posée la question de faire évader ses plus hauts responsables  (Jean Moulin en juin-juillet 1943, Pierre Brossolette quelques mois plus tard), les pistes explorées se sont rapidement révélées sans issue. Dans les prisons ou les quartiers de prisons gérés par Vichy, avec des gardiens français, les opportunités  étaient plus nombreuses. Ainsi, trois évasions collectives ont pu être menées à bien à partir de la prison du Puy-en-Velay.


Bruno Leroux

Sources:  
Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, 2010, p. 308 (sur Devigny)
Vincent Giraudier, article "Evasions de prisons", in François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Laffont, 2006.