Analyse média

Cet objet rappelle ceux qu'avaient fabriqués dans les tranchées  les combattants de 14-18, entre deux offensives. Il renvoie d'abord à une réalité de la vie de bien des maquisards, avant les parachutages massifs d'armes au printemps et surtout à l'été 1944: le désoeuvrement et l'ennui.

Les inscriptions nous informent sur l'identité collective dont se réclame Albert Krivopissko, le détenteur de la dague.  La couleur rouge, et surtout l'étoile rouge (celle figurant sur le drapeau de l'URSS) renvoient à l'origine des Francs-Tireurs et Partisans français : ces formations ont été créées par le Parti communiste en 1942, et restent encadrées en 1944 par des militants du parti même si, à cette époque, les maquis FTP sont majoritairement peuplés de volontaires sans appartenance politique, mus par le simple désir de libérer le territoire français,  comme leurs camarades des autres types de maquis (ceux des mouvements de résistance et ceux de l'Organisation de Résistance de l'Armée).

Les autres inscriptions font justement allusion à la vocation principale, paramilitaire, des maquis : sur le manche de la dague la mention de l'appartenance à la "1ère compagnie Bois-Clair" renvoie à un type d'organisation militaire. Mais la dague elle-même est truffée du vocabulaire propre aux valeurs militaires (gloire, honneur) et d'une citation d'un chant militaire traditionnel: "La victoire est à nous", air composé à l'origine par Grétry pour son opéra La caravane du Caire, et adopté par l'armée française sous Napoléon.

 

Contexte historique

Né en 1924, fils d'un immigré russe marié à une ouvrière de Mâcon, Albert Krivopissko travaille comme débardeur forestier sous l'occupation allemande, avant de rejoindre le maquis FTP de Cluny en mai 1944. Durant l'été de la libération, il participe à la réception de parachutages, à un sabotage de voie ferrée, aux combats du maquis ainsi qu'à la libération de Mâcon, avant de s'engager jusqu'en mai 1945 dans la 1ère armée du général de Lattre. Il adhère au PCF en 1944 et deviendra adjoint au maire de Mâcon de 1977 à 1989.