Mémoire des combats de la Libération du département de l'Yonne

Légende :

Plaque apposée sur le mur du collège Montpezat, à Sens, rappelant les combats urbains du jour de la libération de la ville, le 21 août 1944

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Cliché Joël Drogland Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur (2002).

Date document : 25 août 2002

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne - Sens

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Analyse média

Cette plaque de marbre est fixée sur le mur d'un bâtiment du collège Montpezat, au cœur de la ville de Sens.
La ville fut libérée par les Américains, mais quelques combats eurent lieu entre les résistants et des forces allemandes réfugiées dans ce collège, qui était alors le collège de garçons. Les murs portent encore les traces de quelques impacts de balles, auxquels le texte de la plaque fait allusion. La plaque a été inaugurée le 25 août 2002, à l'occasion des cérémonies commémoratives de la libération de la ville, qui avaient alors lieu le premier dimanche suivant le 21 août.

Cette plaque fut créée à l'initiative de l'Association Musée Mémorial Résistance Yonne-Nord (AMMRYN), présidée par Jean-Luc Prieur, qui avait obtenu une subvention du Conseil général de l’Yonne pour ce projet.
On remarquera la conception originale de cette plaque : la longueur du texte est inhabituelle et son objectif informatif est évident ; il a d'ailleurs, et le fait lui aussi est inhabituel, été rédigé après consultation pour avis d’un historien. La plaque est signée et datée.


Auteur : Joël Drogland

Sources :

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.

Contexte historique

Sens est la seule ville du département à être située sur l'itinéraire de la IIIe armée américaine du général Patton et à avoir été libérée par elle. Des éléments de quatre régiments américains, précédés des hommes du maquis Kléber, entrent dans Sens sans difficulté, au début de l'après-midi du lundi 21 août 1944. Surpris, les Allemands ne peuvent tous s'enfuir vers Troyes et se retranchent dans divers bâtiments publics. Les Américains sont trop pressés pour leur livrer combat. Une délégation du Front national rencontre trois officiers américains à la sous-préfecture. Les FFI se voient confier la destruction des derniers foyers de résistance allemande.

Ce sont donc des FTP (le plus gros maquis FTP local avait reçu l'ordre trois jours plus tôt de gagner la préfecture), les maquisards du groupe Kléber (réseau Jean-Marie Buckmaster) ainsi que des hommes du groupe Ferry qui ne sont pas partis au maquis avec lui, auxquels s'ajoutent des membres de l'Organisation civile et militaire (OCM) qui vont, entre 16 et 18 heures, réduire les îlots de résistance allemande, aidés au Séminaire et au collège de Filles par les tirs de blindés américains. D'autre part, nombreux sont ceux qui, au dernier moment, veulent rejoindre les rangs des FFI.

Les Allemands qui s'étaient retranchés dans la cathédrale ainsi que ceux qui occupaient encore la Feldgendarmerie et la Kommandantur se rendent facilement. À la Feldgendarmerie avaient été entreposées toutes les armes et les munitions que l'occupant avait saisies dans le Sénonais depuis quatre ans, en particulier les fusils de chasse. Les FFI s'en emparent. L'assaut et la prise du bureau de poste sont un peu plus difficiles car les Allemands y sont mieux armés et offrent une plus grande résistance. Le collège de Filles abrite un groupe d'Allemands qui est réduit au silence par le tir de canon d’un blindé américain. Le Séminaire, bien que gravement endommagé par le dernier bombardement, abrite toujours des troupes d'occupation. Les FFI s'y rendent avec un blindé américain. Deux d'entre eux sont tués par un tir allemand. Quelques combats ont lieu au lycée, rue Thénard. Des résistants du groupe de Soucy reconstitué occupent la Manutention, rue Victor-Guichard. Ils y font une trentaine de prisonniers.

C'est au collège de Garçons - actuel collège Montpezat - que les combats sont les plus longs. Le car allemand stationné devant la porte principale du collège est incendié par l'action combinée des grenades lancées par les FFI et d'une fusillade déclenchée par un char américain. Une douzaine de FFI parviennent à pénétrer dans la cour, les Allemands se retranchent, puis peu après se décident à se rendre, commandant en tête, suivi par trois capitaines, des sous-officiers et des soldats. En tout, environ quarante à cinquante prisonniers. Vers 18 heures, les combats ont cessé. Les officiers américains quittent la sous-préfecture.

Le bilan de la journée ne peut être établi avec certitude : aucun document officiel ne semble avoir été dressé peu après les événements et les chiffres diffèrent selon les sources. Ils sont approximativement les suivants : une vingtaine de morts (dont cinq FFI et trois civils), un nombre de prisonniers compris entre cent quinze, chiffre donné par Le Sénonais Libéré du 23 septembre 1944, et trois cents à quatre cents, chiffres très souvent repris par la suite mais que rien n'atteste et qui semblent exagérés.

Le défilé des blindés de la IIIe Armée se poursuit jusqu'à 22 heures, sous la pluie et les acclamations d’une foule en délire. À 5 h 15, le 22 août 1944, l'armée américaine repart. Elle suit un itinéraire parallèle à la RN 60.


Auteur : Joël Drogland

Sources :

CD-Rom La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.