Plaque située à Bourg-St-Andéol rappelant la réunion du 13 octobre 1940 du général Cochet

Légende :

Plaque apposée sur la façade du café Pieri à Bourg-Saint-Andéol rappelant la tenue de la première réunion départementale, le 13 octobre 1940, point de départ du réseau de Résistance Cochet à l'automne 1940

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Cliché : R-A. Bonnaud Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Bourg-Saint-Andéol

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Contexte historique

Ce furent des circonstances liées au hasard qui permirent le développement d’un premier réseau de Résistance dans la partie centrale et méridionale du département. Un ingénieur des Ponts, installé à Privas, officier de réserve dans l’armée blindée, René Calloud, assista, au cours de l’été 1940, à Cannes, à la conférence d’un général d’aviation, Gabriel Cochet. Cet officier, qui s’était distingué en assurant la défense du territoire entre Rhône et Allier lors de l’invasion allemande, avait, dès le 17 juin 1940, exhorté ses troupes à refuser la défaite. Mis en congé, il entreprit une série de réunions publiques qui allaient à contre-courant du pessimisme sur l’issue du conflit. Il envisageait des hypothèses stratégiques à long terme pour la guerre, préconisait dans l’immédiat le Camouflage du Matériel et des armes pour préparer la revanche.

Le 6 septembre 1940, il commença à diffuser des bulletins (appelés les « feuilles jaunes ») appelant les Français à faire face à l’occupation. La formule « veiller, résister, s’unir » fit mouche chez ceux qui purent accéder à l’information. Cochet s’exprimait toujours publiquement, avec l’aval de Vichy. Il approuvait la politique du maréchal et son œuvre de « rénovation nationale » et s’opposait à l’action entreprise par le général de Gaulle, qu’il jugeait « politique ».

René Calloud, rentré en Ardèche, put organiser une réunion d’information autour des écrits de Gabriel Cochet à Bourg-Saint-Andéol, le 13 octobre 1940. Le choix de cette petite ville des bords du Rhône, dans la partie méridionale du département, n’était pas accidentel. Calloud pouvait compter à Bourg sur l’appui de l’un de ses collègues, ingénieur des Ponts, Pierre Fournier, et sur le propriétaire-gérant d’un café qui prêta sa salle, Pierre Pieri. Tous deux avaient été des militants actifs du Parti socialiste SFIO à l’époque du Front populaire.

Selon les témoins, l’assemblée, qui n’était pas clandestine, rassembla une quinzaine de personnes, presque toutes adhérentes ou sympathisantes de la section SFIO de la localité, appelées plus tard à jouer un rôle important parmi les résistants ardéchois : Jean Beaussier,  directeur de l’EPS (?) de Bourg, André Bernard et René Villard, instituteurs.
Cette réunion marqua les mémoires de ses participants, qui n’eurent de cesse de la rapporter dans leurs souvenirs. Elle ouvrait une fenêtre sur l’action : il y fut décidé de poursuivre la diffusion des bulletins du général Cochet, d’appliquer ses consignes, de solliciter et recenser les gens qui pouvaient « aider ». Un réseau de relations se construisit ainsi et couvrit bientôt la région d'Aubenas-Vals-les-Bains, les-Vans, Privas et la basse vallée du Rhône.
En décembre 1940, selon les témoignages, le réseau comptait environ 150 membres dont les noms, inscrits en clair, furent transmis sans autre précaution au général Cochet, par un Albenassien, Edouard Gascon, un ancien pilote de chasse de la Première Guerre mondiale.

Le « légalisme » du général Cochet atteignit vite ses limites. Il fut arrêté le 21 juin 1941 et interné à Vals-les-Bains, puis rapidement relâché. Une deuxième arrestation intervint en septembre 1942, sur dénonciation, au motif du camouflage d’un dépôt d’armes (trente mitrailleuses). Cochet, à nouveau interné à Vals-les-Bains, s’en évada en compagnie du commandant Faye, dans des conditions dignes d’un roman d’aventures. La suite de son périple l’éloigna de l’Ardèche. Il rompit ses liens avec Vichy et rallia le général de Gaulle à Londres.


Auteur : Pierre Bonnaud

Sources :

Pierre Bonnaud, L'Ardèche dans la guerre 1939 - 1945, Clermont-Ferrand, éd. De Borée, 2017, 421 pages, pp. 175-178.

Pierre Bonnaud, bibliographie de Jean Beaussier, in Dictionnaire du Maitron et site Internet Maitron en ligne.

Vincent Giraudier, Les Bastilles de Vichy. Répression politique et internement administratif, Paris, éd. Tallandier, 2009, 272 pages, p. 157.