Remise des prix du CNRD dans l'Yonne, 2004

Légende :

Photographie des lauréats départementaux de l'édition 2004 du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD), accompagnant un article relatant la cérémonie de remise des prix, paru dans L'Yonne Républicaine, juin 2004

Genre : Image

Type : Article de presse

Producteur : L'Yonne Républicaine, juin 2004

Source : © ARORY Droits réservés

Détails techniques :

Document imprimé en couleur. Voir aussi l'album photo lié.

Date document : Juin 2004

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne - Auxerre

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Analyse média

Le CNRD est un concours organisé chaque année depuis 1961 par le ministère de l’Éducation nationale, dans les collèges et lycées de France et d’outre-mer. Il a pour but de perpétuer chez les jeunes Français la mémoire de la Résistance et de la Déportation et de permettre aux participants de s’inspirer des valeurs défendues par la Résistance pour en tirer des leçons historiques et civiques dans leur vie d’aujourd’hui.

Chaque année, un thème national est défini par un comité comprenant des personnels de l’Éducation nationale, des représentants des associations d’anciens résistants et déportés, et des historiens. Ce thème national est ensuite décliné dans chaque académie par une commission académique regroupant des enseignants, des représentants d’associations de résistants et déportés, des représentants de l’ONAC, des membres des archives départementales, des représentants de musées ou mémoriaux de la Résistance et de la Déportation, etc. Les thèmes nationaux choisis alternent généralement ceux concernant l’Occupation et la Résistance et ceux concernant la Déportation.

Le concours comporte plusieurs catégories : la première catégorie concerne tous les élèves de lycées (sauf les formations post-bac) et consiste à rédiger, en trois heures et en classe surveillée, sans document, un devoir individuel sur les sujets définis par la commission académique ; la deuxième catégorie concerne également les élèves de lycées et consiste en la réalisation de travaux collectifs (mémoires, objets, panneaux d’exposition, cédéroms, sites internet, etc.) ; la troisième catégorie concerne les élèves de Troisième des collèges et consiste à rédiger, en deux heures et en classe surveillée, sans document, un devoir individuel sur l'un des sujets académiques ; la quatrième, toujours pour les élèves de Troisième, consiste dans la réalisation de travaux collectifs, comme ceux des lycées. Ce concours est préparé par des élèves et des professeurs volontaires, en dehors des heures d’enseignement.

Jusqu’à présent, les travaux réalisés dans chaque département étaient soumis à l’examen d’un jury départemental qui, après avoir pris connaissance de l’ensemble des copies individuelles et des travaux collectifs, établissait un palmarès pour chaque catégorie et sélectionnait, s’il le jugeait utile, les meilleures copies ou travaux collectifs qui étaient transmis au jury national. À partir de 2017, les copies et travaux sélectionnés par les jurys départementaux seront envoyés à un jury académique qui décidera de ceux qui seront transmis au jury national.

Le jury national examine ensuite les travaux qui lui ont été envoyés et établit un palmarès national. Une cérémonie très solennelle de remise des prix a lieu en fin d’année, dans un cadre prestigieux (Sorbonne, palais du Luxembourg, parfois l’Elysée), en présence de nombreuses personnalités (ministre de l’Éducation nationale, secrétaire d'État aux Anciens combattants, etc.) et exceptionnellement du Président de la République.

Dans l’Yonne, le nombre de participants comprend chaque année entre 150 et 300 copies individuelles (les plus nombreuses sont celles des classes de troisième), et environ une dizaine de travaux collectifs, le tout provenant d’une dizaine d’établissements publics et privés. Le jury départemental, composé d’une vingtaine de personnes (professeurs de collèges et lycées, représentants d’associations de résistants et de déportés, représentants de l’Éducation nationale, etc.) se réunit généralement en avril.

Les lauréats icaunais sont convoqués à la remise des prix qui a lieu en juin (le 18 juin le plus souvent) dans les locaux de la préfecture de l’Yonne à Auxerre, en présence du préfet, du président du Conseil départemental ou de son représentant, du maire d’Auxerre ou de son représentant, de représentants d’associations, d’élus, des professeurs ayant préparé leurs élèves au concours, des parents des élèves récompensés, etc. Après les discours prononcés par les personnalités présentes, les lauréats de chaque catégorie sont appelés et reçoivent en cadeau un chèque et de nombreux livres. C’est pour ces élèves lauréats un moment important et émouvant qui, bien souvent, marquera leur mémoire. C’est un motif de fierté pour leurs parents, mais aussi pour les professeurs qui ont consacré beaucoup de temps à motiver et aider leurs élèves à préparer ce concours et qui se voient ainsi récompensés de leur investissement personnel.

L’ARORY participe activement à la préparation de ce concours, en offrant aux élèves des livres et certaines de ses publications (dont la riche documentation réunie dans son cédérom La Résistance dans l’Yonne et dans ses autres publications). Il est à noter que, depuis plusieurs années, ce sont deux professeurs membres de l’équipe de recherche de l’ARORY qui définissent et proposent, pour l’Yonne, les sujets en rapport avec le thème national à la commission académique de Bourgogne-Franche-Comté. L’un d’eux participe ensuite au Rectorat de Dijon, au nom de l’Yonne, à la commission d’harmonisation des sujets. Des enseignants du premier et du second degré (collèges ; lycées généraux et professionnels) synthétisent les propositions départementales, en concertation avec des membres d’associations d’anciens et sous la direction de l’Inspecteure d’Histoire-Géographie, chargé de la mémoire. Les sujets adoptés sont ensuite proposés à tous les candidats de l’académie, dans le courant du mois de mars.


Claude Delasselle

Contexte historique

Dans les années 50, des associations d’anciens résistants et déportés avaient commencé à organiser, dans plusieurs départements, diverses actions éducatives en direction des élèves des collèges et lycées, visant à perpétuer la mémoire de la Résistance et de la Déportation auprès des jeunes. Plusieurs associations (dont la CNCVR - Confédération nationale des combattants volontaires de la Résistance, la FNDIRP - Fédération nationale des déportés, internés résistants et patriotes, et l’association Le Réseau du Souvenir), qui avaient soutenu ces initiatives, sont intervenues auprès des instances de l’État pour que celles-ci soient officialisées et généralisées par un concours organisé au niveau national et patronné par le ministère de l’Éducation nationale. C’est ainsi que le Concours national de la Résistance et de la Déportation a été créé officiellement en avril 1961 par Lucien Paye, ministre de l’Éducation nationale.

Depuis cette date, le CNRD est organisé chaque année, dans chaque académie (y compris dans les départements et territoires d’outre-mer), sous l’autorité des recteurs. Il est ouvert aux élèves des établissements publics et privés sous contrat. Il concerne les élèves de Troisième des collèges et tous les élèves des lycées d’enseignement général, technique et professionnel, mais aussi les lycées agricoles, les lycées dépendant du ministère de la Défense, les centres de formation des apprentis. Il a aussi été élargi récemment aux élèves des instituts médico-éducatifs, des services éducatifs des hôpitaux, du CNED, et aux jeunes placés dans des centres éducatifs fermés et à ceux qui sont scolarisés dans des établissements pénitentiaires.

Ce concours, le plus suivi parmi les nombreux concours proposés chaque année aux élèves des établissements scolaires français, rassemble chaque année entre 35 000 et 60 000 participants, selon le thème national choisi (43 000 pour l’édition 2015-2016, dont le thème était « Résister par l’art et la littérature »). La participation varie selon les départements, en fonction de nombreuses raisons, dont l’existence ou non d’associations spécialisées dans la promotion de ce concours, l’engagement plus ou moins important des associations départementales de résistants et de déportés (dont de nombreuses ont disparu ou sont moribondes, faute de membres encore valides), l’importance qu’a eue la Résistance dans ces départements, etc.

Dans l’Yonne, et sans aucun doute dans de nombreux autres départements, la participation des élèves, surtout ceux des lycées, a malheureusement tendance à diminuer depuis plusieurs années. Une des principales raisons en est la place de plus en plus réduite que tient l’enseignement de la Seconde Guerre mondiale dans les programmes d’Histoire ; d’autre part, l’enseignement de cette période a été placé en fin d’année scolaire de classe de Première, alors que les épreuves du Concours ont lieu bien avant, en mars. Par ailleurs, le CNRD se voit concurrencé par les nombreux concours proposés aux lycéens (et collégiens) et, en lycée, par la préparation des TPE (travaux personnels encadrés) qui entrent en compte pour l’obtention du Baccalauréat et se préparent au cours de la même période. Sans oublier la disparition, dans les emplois du temps, des plages horaires méridiennes, qui étaient fort utiles à la préparation du concours. Enfin, les membres du jury ne peuvent que constater, dans les copies réalisées dans le cadre du CNRD, une dégradation progressive et marquée de la maîtrise de la langue française, et même de la maîtrise des notions historiques essentielles sur cette période ; cependant, chaque année, une très petite minorité d’élèves fait encore montre de connaissances approfondies et d’une bonne capacité de réflexion sur les réalités de la Seconde Guerre mondiale.

Le temps passant, on constate aussi - et on ne peut que le déplorer - la chute du nombre d’anciens résistants et déportés participant à ce jury, et pouvant surtout témoigner devant les élèves au cours de leur préparation. Il n’y aura bientôt plus aucun résistant ou déporté pour transmettre oralement son témoignage aux jeunes, ce qui était le meilleur moyen de les motiver, de les émouvoir et de favoriser ainsi la compréhension des valeurs transmises par ces témoins.


Claude Delasselle