Déclaration de reconnaissance par Eugène Bornier (réseau Action R2) de l'autorité du général de Gaulle

Légende :

Par ce document, Eugène Bornier, "Sol", reconnaît l'autorité du général de Gaulle et du Comité national français et s'engage à leur être fidèle.

Genre : Image

Type : Document

Source : © Service historique de la Défense, 16P 74621 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Date document : 28 décembre 1942

Lieu : Angleterre

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Né le 12 novembre 1911 à Saint-Etienne, Eugène Bornier appartient à Sol, l'un des réseaux Action. Rangé, dès juin 1940, dans le camp des Français qui refusaient de considérer la défaite comme inéluctable, il resta présent au combat clandestin du premier au dernier jour, entraînant dans son sillage un noyau de résistants stéphanois de premier ordre, contribuant à l'action politique avant de se consacrer à l'action militaire. Il participe aux opérations aériennes du débarquement du 15 août 1944 sur les côtes de Provence.

Avant la guerre, il dirigeait avec son épouse, née de Mans, et son beau-frère, Raymond de Mans, l'imprimerie Bornier-de-Mans, 45 rue Gambetta, près de Badouillère. Lors de la mobilisation, il demande à être pilote d'aviation. Il suit les cours de l'école de pilotage de la Roche-sur-Yon où il se lie d'amitié avec Guy Chaumet et Pierre Queuille. En juillet 1940, Eugène Bornier est renvoyé dans ses foyers sans avoir combattu. C'est en sa double qualité d'aviateur et d'imprimeur que Bornier établit des liens étroits avec des groupes politiques de Résistance. Au plan national, c'est par ses amis de l'aviation qu'il est choisi comme agent P2 des services secrets de la France libre.
En août 1941, l'un des futurs responsables du réseau Copernic, Fred Scamaroni, l'incorpore à son état-major comme chef du réseau Action.
Il doit livrer des renseignements sur la production industrielle et l'armement, rechercher des terrains pour les atterrissages et parachutages dans les monts de la Margeride, au sud-est de l'Auvergne, et constituer des comités de réception. Son activité est intense, intelligente et efficace. Il repère des hommes sûrs chargés de constituer des équipes. Il leur impose des règles strictes de cloisonnement. Au plan local, impatient d'agir, il prend l'initiative de rédiger et de diffuser des tracts hostiles à l'envahisseur. Il se signale ainsi à l'attention de pionniers stéphanois de la Résistance : Jean Nocher, journaliste, et Paul Pasqualini, industriel en papeterie, qui compte parmi les fournisseurs de l'entreprise Bornier-de-Mans. Le journal L'Espoir sort en décembre 1941 de cette imprimerie, de même qu'y sont assurés la couverture et le brochage du n° 2 des Cahiers du Témoignage chrétien en décembre 1941-janvier 1942.

En décembre 1941, Bornier est coupé de la France libre. Guy Chaumet est arrêté le 6, Robert Lencement le 23, Scamaroni part le 31 pour l'Angleterre. Bornier transmet alors ses renseignements à son ami Pierre Queuille, rattaché à Alphonse Juge. Le 2e Bureau s'efforce de renouer les liens entre Copernic et Ronald, réseau conçu par Pierre Fourcaud, agent personnel du général de Gaulle, qui a entraîné le lieutenant Warin à former une équipe à Marseille avec Georges Tavian, Stanislas Mangin, Tubot et Maurice Andlauer, directeur des Haras. En février 1942, "Ronald" s'appelle "Ali" avec Andlauer comme chef. G. Tavian, envoyé en Angleterre pour la formation, revient en France dans la nuit du 26 au 27 avril 1942. Il a pris le nom de code de "Tir". Il opère sous l'appellation d'Ali-Tir. Il doit rétablir les relations avec "Copernic", organiser la transmission des renseignements et assurer, après Scamaroni, celle des équipes d'action, de choix des terrains d'atterrissage et de parachutage. Sans hésitation, il désigne à Saint-Etienne comme chefs des deux sous-réseaux d'Ali-Tir, Eugène Bornier pour l'Action ou Sol-Action et Jean Nocher pour la propagande, c'est-à-dire Dur.

Recherché par les Allemands, Eugène Bornier reporte son activiyé dans la région de Bordeaux en juin 1943. Acheminé sur Londres par opération aérienne le 19 septembre 1943, il rejoint le BCRA le 18 octobre suivant et signe son acte d’engagement dans es Forces françaises libres le 17 décembre 1943. Après avoir suivi les stages d’instruction et d’entraînement, Bornier est parachuté en France sur le terrain « Goeland » près de Biscarosse (Landes) dans la nuit du 4 au 5 janvier 1944 en qualité d’adjoint au chef d’opérations pour la région R2 Camille Rayon « Archiduc ». Il se brise la cheville lors de son parachutage.

Dès la consolidation de sa blessure, il rejoint son poste de chef des opérations aériennes du Sud de la région R (Marseille-Nice) et assure l’armement des forces françaises de l’intérieur de la côte méditerannéenne.

Cité à l’ordre de l’Armée au titre du BCRAL le 14 février 1944 avec attribution de la croix de guerre avec palme, Eugène Bornier est promu chevalier de la Légion d'Honneur le 6 mai 1945.

Eugène Bornier est décédé le 13 août 1988.


René Gentgen et Gérard Aventurier, "Eugène Bornier : un industriel stéphanois dans la Résistance", CD-Rom La Résistance dans la Loire, AERI, 2012.
Complété par Fabrice Bourrée à partir du dossier d'homologation d'Eugène Bornier (service historique de la Défense, 16P 74621)