Rapport de Raymond Basset (alias Gourmette) sur des opérations de sabotage

Légende :

Télégramme adressé par "Gourmette", pseudonyme de Raymond Basset, le 15 août 1944.

Genre : Image

Type : Télégramme

Source : © Service historique de la Défense, 28P5 49 Droits réservés

Détails techniques :

Télégramme dactylographié

Date document : 15 août 1944

Lieu : France

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Analyse média

Télégramme adressé par "Gourmette", pseudonyme de Raymond Basset, le 15 août 1944, signalant une opération de sabotage ferroviaire réussie et la préparation d enouvelles opérations en application des plans vert (voies ferrées) et violet (réseaux de communication) ; il mentionne également l'exécution de soldats allemands.
Raymond Basset effectue à ce moment sa troisième mission en France occupée. Il a été parachuté le 9 juillet 1944 à Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône) dans le cadre de la mission "Gingembre", mission de liaison avec les maquis de la région lyonnaise dans le but d'empêcher le repli des troupes allemandes qui remontent la vallée du Rhône. Le 18 juillet, il est nommé commandant des FFI du département du Rhône par Alban Vistel, chef des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) de la Région R1.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Raymond Basset est né le 2 juillet 1908 à Chalon-sur-Saône. Son père, ajusteur mécanicien, est mort pour la France en 1914 et sa mère travaille aux usines Schneider à Chalon-sur-Saône. Passé par une école professionnelle, il se destine à une carrière de technicien spécialiste de l'électricité. En mai 1928, il est appelé sous les drapeaux et effectue son service militaire au 134e RI qu'il quitte avec le grade de sergent en 1929. Rendu à la vie civile, Raymond Basset entre à la Compagnie Electrique de la Grosne puis devient mécanicien au Services des Eaux de la ville de Chalon-sur-Saône. Par ailleurs, il milite avant la guerre dans les Jeunesses Socialistes et est également lieutenant de pompiers, Inspecteur adjoint des Services d'Incendie de Saône-et-Loire.

Mobilisé au 334e RI en 1939 comme sous-officier, il est reçu 1er au peloton d'EOR du 27e RI et est promu sous-lieutenant. Il est ensuite affecté dans les Corps Francs de la 58e Division d'Infanterie. Dès la fin du mois de juillet 1940, refusant l'armistice, il s'engage dans la Résistance et travaille avec les réseaux belges (SRA) et polonais très actifs en Saône-et-Loire. Il rejoint ensuite les rangs de la Résistance française notamment au sein du réseau Brandy organisé par Christian Martell. Avec cette organisation, en 1942, Raymond Basset fait franchir, avec son ami d'enfance André Jarrot et Pierre Guilhemon (alias Ambreuil), la ligne de démarcation à plus de 4 000 prisonniers évadés, agents des Forces Françaises Combattantes et pilotes britanniques. Arrêté par la police à Paris et livré à la Gestapo, il est passé à tabac ; faisant mine de coopérer il conduit les Allemands à un faux lieu de rendez-vous à Montmartre où il réussit à s'évader.

Appelé en Angleterre avec André Jarrot, il passe la frontière espagnole fin décembre 1942. Arrêtés, internés à Figueiras puis au camp de Miranda pendant cinq mois, les deux hommes parviennent, via Gibraltar, à rejoindre la Grande-Bretagne au début de juin 1943 avec l'aide des services britanniques. Engagé dans les Forces françaises libres sous le nom de Claude Mary, il est, après un entraînement rigoureux, parachuté en France, avec André Jarrot (alias Claude Goujon), dans la nuit du 16 au 17 août 1943, dans le Puy-de-Dôme. Ayant retrouvé Pierre Guilhemon, Goujon et Mary-Basset accomplissent alors, dans la nuit du 2 au 3 septembre 1943, dans le cadre de la mission Armada et avec l'aide de la résistance locale, le sabotage des postes électriques à haute tension de Germolles et de Lacrost dans la région industrielle du Creusot, de la centrale thermique de Saint-Marcel-les-Chalon et de la station de transformation de Pont-Jeanne-Rose près de Montchanin. Toutes ces opérations sont un succès. Dans la nuit du 14 au 15 septembre 1943, les deux hommes rejoignent Londres à bord d'un bi-moteur Hudson qui décolle du terrain Orion, situé à Bletterans.

De nouveau parachutés près de Cormatin, dans la nuit du 7 au 8 novembre 1943, Claude Mary et André Jarrot, remplissent une nouvelle mission Armada comportant notamment : l'attaque des lignes à haute tension d'Eguzon et de Paris et l'action contre le barrage de Gigny, dans la nuit du 10 au 11 novembre 1943, en vue de détruire les vedettes allemandes rapides qui se dirigent vers la Méditerranée. Toutes ces opérations sont de nouveaux succès évitant aux alliés d'avoir à effectuer des bombardements sur ces objectifs. De nouveau appelé à Londres Mary Basset, après l'échec de deux tentatives aériennes, reprend le chemin de l'Espagne avec Pierre Guilhemon et André Jarrot à la fin du mois de mars 1944. Le 14 juin 1944, à Londres, il est décoré de la Croix de la Libération par l'amiral Thierry d'Argenlieu.

Dans la nuit du 9 au 10 juillet 1944 le commandant Mary est de nouveau parachuté dans la région de Duerne dans le Rhône, comme chef de la mission Gingembre. Cette nouvelle mission a pour but précis d'empêcher le repli des troupes allemandes qui remontent la vallée du Rhône. Mary Basset coordonne l'action des équipes de parachutistes SAS franco-britanniques et des maquisards. Le 18 juillet, Alban Vistel, chef des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) de la Région R1 et chef régional des Mouvements Unis de Résistance (MUR) nomme Raymond Basset commandant des FFI du département du Rhône. Le 23 juillet 1944 il obtient la destruction totale d'un train de 46 wagons-citernes de carburant en gare de Reventin-Vaugris dans l'Isère. Sous ses ordres les maquisards et les SAS détruisent également plusieurs trains de blindés et le barrage de la Mulatière dans le Rhône. Lors des combats pour la libération de Lyon, le commandant Mary installe son PC au Château de Saint-Laurent de Chamousset et, le 3 septembre 1944, entre dans la capitale des Gaules à la tête de ses SAS et de ses maquisards.

Affecté à la Direction générale des études et recherches (DGER) à Paris en octobre 1944, Raymond Basset termine la guerre avec le grade de chef de bataillon. Il est ensuite agent général au Comptoir Joaillerie-Bijouterie de Brindas puis de Roblot et Lemasson à Beaune, puis administrateur des radios Océanic. Membre du Conseil de l'Ordre de la Libération depuis le 10 octobre 1944, Raymond Basset est décédé le 10 septembre 1984 à Chessy les Mines dans le Rhône. Il est inhumé à Saint-Symphorien-sur-Coise dans le Rhône.