Exemple de fiche déposée par les familles de déportés à l’hôtel Lutétia

Légende :

Exemple de fiche déposée par les familles de déportés à l’hôtel Lutétia, où transitaient les personnes rapatriées, afin de retrouver la trace de personnes disparues.

Genre : Image

Type : Fiche

Source : © SHD - DAVCC Droits réservés

Détails techniques :

Fiche cartonnée avec photographie d'identité et mentions manuscrites

Date document : 1945

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris VIe

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Analyse média

Après voir été le siège de l'Abwehr sous l'Occupation, l'hôtel Lutetia, réquisitionné par les autorités, devient en 1945 centre de rapatriement des déportés. 

Malgré le contexte difficile du rationnement, le centre d'accueil bénéficie d'un approvisionnement régulier et abondant en vivres. Après quelques jours passés au Lutetia, les rapatriés se voient consentir un pécule qui doit leur permettre de subvenir à leurs premiers besoins, après avoir quitté l'hôtel. L'accueil ne se fait toutefois pas sans difficultés. Malgré son dévouement, le personnel du palace, peu préparé, ne prend que partiellement la mesure de la détresse des arrivants. Les épidémies sévissant dans les camps rendent nécessaire une visite médicale. Après leur calvaire, nombre de déportés acceptent mal de devoir subir ces formalités, alors qu'ils sont impatients de s'enquérir des proches dont la déportation les a séparés. D'autres, au contraire, qui ont perdu tous les leurs dans les camps, sont sans perspective plus lointaine que le centre d'accueil. Les autorités doivent aussi veiller à ce qu'aucun collaborateur ni criminel de guerre ne se fasse passer pour déporté. Là encore, bien des survivants tolèrent fort mal les interrogatoires imposés par la police et l'armée. Le travail des enquêteurs est d'ailleurs des plus délicats : alors que des mystificateurs parviennent souvent à enrichir leur récit d'une multitude de détails, celui des anciens déportés est généralement confus. Dans l'enfer des camps, les repères spatiaux et temporels avaient perdu à peu près toute signification, et la mémoire des survivants est souvent embrouillée.

C'est devant le Lutetia, ou dans le hall même du palace que les familles de déportés viennent guetter le retour de leurs proches. Des fiches sont déposées par les familles en attente de nouvelles d'un proche. Ces fiches permettent aujourd'hui de comprendre le peu de choses que les familles ou les proches des déportés pouvaient savoir sur le destin des leurs une fois emmenés vers les camps. Les familles espéraient ainsi que ces fiches leur permettraient d’obtenir des nouvelles de la part des survivants transitant par cet hôtel à leur retour de déportation.

La fiche présentée dans cette notice concerne un avocat parisien, Jean-Henri Kreher, "arrêté à Paris le 3-4-1944, parti de Compiègne le 17-8-1944, Buckenwald, évacué le 8 avril sur la Bavière".


D’après l'article de Guillaume Pélissier-Combescure, Le Monde, 27/01/2006

Contexte historique

Né le 20 mars 1899 à Paris 18e, avocat à la cour, Jean Kreher participe à diverses activités de résistance dès septembre 1940 au sein de diverses organisitions : Maintenir (1940), Résistance (1942), Armée des Volontaires (1943), réseau Samson (1943), MUR et MLN.

Arrêté le 3 avril 1944 dans son bureau, avec dans sa poche des plans de voies ferrées qu’il devait transmettre à des réseaux de Résistance, il est déporté le 17 août 1944, via le camp de Compiègne, pour le camp de Buchenwald où il est enregistré le 21 août sous le matricule 81488. 

Jean Kréher quitte le camp avant sa libération le 11 avril 1945. Après des jours d’errance sur les routes d’Allemagne et de Tchécoslovaquie, il est recueilli par la Croix Rouge en Bavière. Le retour en France se fera en mai 1945, comme tous les déportés il passera par l’Hôtel Lutetia boulevard Raspail à Paris.

Après la guerre Jean Kréher sera un des fondateurs de la FNDIR, la Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance.

Jean Kreher a été hommologué chargé de mission de 2e classe au titre du réseau Samson. 


Fabrice Bourrée

Sources :
Archives historique de la Défense, 16 P 295 475 (dossier d'homologation de Jean Kreher)
https://info.arte.tv/fr/qui-etait-jean-kreher