Rue des 15 fusillés du maquis de Mortagne, Mortagne-au-Perche (Orne)

Légende :

Nom de rue donné en mémoire des 15 fusillés des maquis de Mortagne et de Courcerault, Mortagne-au-Perche (Orne)

Genre : Image

Type : Nom de rue

Producteur : Paulina Brault

Source : © Cliché Paulina Brault Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : Août 2017

Lieu : France - Normandie (Basse-Normandie) - Orne - Mortagne-au-Perche

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Contexte historique

Le maquis de Courcerault est primitivement issu du groupe de Mauves-sur-Huisne commandé par Paul Moreau. En 1939, cet industriel parisien transfère son usine de couleurs et de cartonnages au moulin de Mauves. Mobilisé au début de la guerre et fait prisonnier en 1940, Paul Moreau rentre de captivité en 1943.

A partir de cette date, la Résistance locale prend davantage d'ampleur. Les groupes se structurent et leurs effectifs grossissent après l'instauration du STO tandis que de jeunes résistants de la capitale sont dirigés vers Mortagne, au début de l'année 1944.

Vers le 15 mai 1944, Pierre Mulot, chef de groupe, provoque une réunion chez les parents de Bernard Monnier, fleuristes rue de Bellême, afin de donner un cours sur l'emploi de la mitraillette et des explosifs car les résistants auront à faire sauter trois ponts dans le canton de Bazoches-sur-Hoëne à l'annonce du Débarquement. Sont présents le gendarme Paul Yvon, Georges Quéru, son fils Marcel, Bernard Monnier et Paul Niard.

Vers le 20 mai, le groupe-franc de Pierre Mulot est hébergé chez Raymond Provost à Mauves. Vers le 28 mai, ce groupe s'établit à Courcerault, à l'Hôtel Garnier, dans une bouverie isolée et inhabitée, propriété d'Eugène Aveline, cultivateur à la Ramonerie. Il ravitaille le maquis de même que Paul Leveau, maire de la commune et cultivateur à Bernuche.

Le 3 juin, quatre containers d'armement, ainsi que du ravitaillement, sont transportés depuis le domicile de Bernard Monnier jusqu'au maquis. Deux jours plus tard, les Allemands donnent l'assaut.

Cette opération voit le jour grâce aux informations fournies par Eugène Duru à Bernard Jardin, chef des auxiliaires français de la Gestapo. Tous les deux s'étaient rencontrés en Allemagne en tant que requis du STO. De retour en France, Duru rencontre Jardin à plusieurs reprises, au moment où ce dernier entre au service de la Gestapo d'Alençon, afin que son ami l'aide à ne pas regagner l'Allemagne. Jardin le fait alors placer, grâce à ses relations, à la scierie Richard, à Tourouvre, le 2 avril 1944, au titre du STO.

A la fin du mois de mai, le fils Richard, Jean, imprudent, demande à Duru de l'aider à procéder à un transport d'armes pour le maquis auquel il appartient à Courcerault. Le 2 juin, Jardin rencontre en toute amitié Duru qui lui révèle alors les déclarations du fils de son employeur. Jardin, intéressé, le présente alors à Hildebrandt qui lui demande de récolter plus d'informations sur ce maquis afin de procéder à une opération. Le 4 juin, les deux compères se rendent à Mortagne-au-Perche où ils vont dîner au café Hubert. Là, ils rencontrent Jean Richard accompagné de deux camarades maquisards. Duru leur présente Jardin sans leur révéler ses fonctions. Tous font alors connaissance, Jardin prenant soin de retenir leurs noms. Jardin s'éclipse ensuite et téléphone à Alençon où il joint son chef qui dépêche sur place la troupe et d'autres agents.

Vers 23 heures 30, Paul Moreau, Bernard Monnier, Pierre Mulot et Jean Richard sont arrêtés à leur domicile. L'alerte est donnée au maquis par Mme Leveau. Les maquisards partent se réfugier en forêt avec tout leur matériel afin d'y passer la nuit en toute sécurité. A 6 heures, le groupe est de retour. La garde est montée, puis levée à huit heures car on pense que la menace est passée.

Vers 7 heures 30, les Allemands se rendent successivement aux domiciles de Paul Leveau et de Marcel Aveline pour connaître la retraite des résistants. Une demi-heure plus tard, environ vingt soldats cernent l'hôtel Garnier et capturent deux hommes occupés à débiter du bois. S'approchant de la maison, ils lancent une grenade et ouvrent le feu. Surpris dans leur sommeil, les résistants sont contraints à la reddition. Neuf sortent ensemble de la bâtisse dont Jan Wensierski, officier polonais déserteur de l'armée allemande. Grièvement blessé au ventre, il s'effondre dans la cour. Son corps ne sera jamais retrouvé.

Les résistants sont conduits à Mortagne puis à Alençon. Le 30 juin, douze d'entre eux sont fusillés à la carrière de la Galochère, à Condé-sur-Sarthe :

Bernard Closet, 24 ans ; Jean Deschamps, 21 ans ; Gilbert Ducluzeau ; Pierre Keraen, 21 ans ; Roger Lepoutre, 21 ans ; Robert Leygnat, 20 ans ; Bernard Monnier, 23 ans ; Paul Moreau, 41 ans ; Pierre Mulot, 32 ans ; Georges Noë, 24 ans ; Jean Richard, 24 ans ; Rémy Sevestre, 22 ans.

Après ces événements, les survivants se dispersent. Le groupe se reforme à l'arrivée des Américains et contribue à la capture de cinq Allemands, à l'arrestation d'un couple de dénonciateurs et de Christain Lemaître, auxiliaire de la Gestapo membre de la bande de Jardin.

Le 30 août, les corps des résistants fusillés sont ramenés à Mortagne. Leurs cercueils sont exposés sous le marché couvert, côté Grande Rue. Une délégation américaine leur rend les honneurs avant que, le lendemain, ils ne soient accompagnés à leur dernière demeure par une population digne et recueillie.


Thomas Pouty et Gérard Bourdin, "Le maquis de Courcerault" in CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2005.