Fontaine Adelaïde Hautval, Le Hohwald (Bas-Rhin)

Légende :

Fontaine située dans la rue principale, à proximité du croisement avec la rue de la mairie, et inaugurée le 11 novembre 1991.

Genre : Image

Type : Lieux de mémoire

Source : © Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 16 juin 2013

Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Bas-Rhin - Le Hohwald

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Née le 1er janvier 1906 au Hohwald (Bas-Rhin). La devise de ce médecin psychiatre, déportée comme « amie des juifs » est inscrite sur la fontaine de son village natal, le Hohwald, sur le versant alsacien des Vosges- « Pense et agis selon les eaux claires de ton être »- reflète la personnalité de cette femme d’exception.

Adélaïde Hautval grandit au Hohwald où son père est pasteur puis à Guebwiller (Haut-Rhin) avant de faire ses études de médecine à Strasbourg. Evacuée en septembre 1939  comme de nombreux Alsaciens vers la Dordogne, elle exerce comme médecin psychiatre à partir de 1941 à Lannemezan dans les Pyrénées Orientales.

En avril 1942, souhaitant retrouver sa mère gravement malade, elle décide d'ignorer le refus d'autorisation des autorités allemandes et, contrôlée en gare de Vierzon (Cher), est conduite à Bourges (Cher) pour contrôle d'identité. Sur le quai, elle prend la défense d'une famille juive maltraitée par les Allemands et est alors transférée à la prison de Bourges, où elle reste jusqu'en juillet. Refusant de se rétracter, et en tant qu'« amie des juifs », elle est internée avec eux aux camps de Pithiviers (Loiret), puis de Beaune-la-Rolande (Loiret), emprisonnée au fort de Romainville - Les Lilas, Orléans puis Compiègne avant d'être déportée, le 24 janvier 1943, dans un convoi de 230 femmes détenues politiques au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau (Pologne).

Nommée médecin du bloc par le commandant du camp, elle parvient à sauver de la chambre à gaz certains malades du typhus en ne les déclarant pas. Transférée au bloc 10 du camp principal, où sévit le  tristement célèbre docteur Mengele, elle refuse de participer à des expériences sur des femmes juives et sur des jumeaux et est renvoyée en août 1943 parmi les autres détenues. Elle est atteinte du typhus entre novembre 1943 et février 1944. Le 2 août 1944, elle est transférée au camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne) avec 52 rescapées du convoi de janvier 1943. Travaillant à l'infirmerie, elle peut là encore protéger certaines malades en modifiant leurs fiches. Elle reste dans ce camp jusqu'au 25 juin 1945, soit près de deux mois après sa libération le 29 avril, pour soigner et aider les déportées trop faibles pour être rapidement évacuées.

Elle poursuit sa carrière médicale et son engagement mémoriel comme en 1946 où elle rédige « Médecine et crimes contre l'Humanité » qui sera édité après sa mort en 1991. En 1964, elle témoigne contre un médecin SS du bloc 10. En 1965, elle reçoit la médaille des Justes parmi les Nations, récompense qu'elle renvoit, après le massacre des Palestiniens des camps de Sabra et Chatila, à Beyrouth, en 1982. En 1988, atteinte de la maladie de Parkinson, elle se donne la mort. Depuis mai  2015, l'hôpital de Villiers le Bel, dans le Val d'Oise, porte son nom.


Marie-Claire Allorent, "Adélaïde Hautval" in DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016