Stèle d'Azay-le-Ferron, lieu-dit "Le Pêchoir", (secteur de Mezières-en-Brenne, Indre)

Légende :

Stèle d'Azay-le-Ferron, en hommage aux maquisards tombés dans les combats contre les troupes allemandes les 23 et 24 juillet 1944, lieu-dit "Le Pêchoire", dans le secteur de Mezières-en-Brenne (Indre)

Genre : Image

Type : Stèle

Source : © ANACR Indre Droits réservés

Détails techniques :

Montage d'après photographies numériques en couleur.

Date document : 1947

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Indre - Azay-le-Ferron

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Analyse média

Le monument est situé sur la route D 14 qui va d'Azay-le-Ferron à Obterre, à quelque 4 km d'Azay-le-Ferron sur la gauche.

Non loin de cette stèle, s'élèvent quatre croix. À 400 mètres de la stèle, un petit panneau "Sentier de la mémoire" signale un chemin qui conduit au bout de 800 mètres aux quatre croix, marquant l'endroit où certains corps ont été retrouvés.

C'est en 1947 qu'a été érigée la stèle, sur un terrain offert par la Famille Assailly.

Chaque année, le dimanche le plus proche du 23 juillet se tient une cérémonie commémorative.


Informations transmises par l'ANACR Indre.

Contexte historique

LA GENESE DE CET AFFRONTEMENT

Localisé sur la D14A, entre Azay-le-Ferron dans l’Indre et Charnizay en Indre-et-Loire, le lieu-dit de Pêchoire serait l’équivalent berrichon de pêcherie, bien qu’il n’y ait pas d’étang à toute proximité. Les étangs Gillet sont situés à près d’un kilomètre au sud-ouest de la route.

Dans cette dense forêt de Preuilly, se dressent en bordure de route une stèle et sept cénotaphes qui rappellent l’encerclement des maquis d’Epernon et Carol par des militaires allemands le 23 juillet 1944.

L’annonce du Débarquement du 6 juin a signifié aux belligérants la proche fin de la guerre, même si de nombreux combats restaient à mener sur l’ensemble du territoire pour que l’ennemi regagne son pays et que la France retrouve sa liberté et sa souveraineté, perdue en 1939. Toutes les forces vives nationales ont intensifiées leurs actions, sous l’égide des mouvements de Résistance. De nombreux jeunes hommes, pour la plupart, se cachaient dans des maquis jouant au jeu du chat et de la souris avec ce qui restait de l’armée allemande, de plus en plus désorganisée et en déroute.

Dans l’Indre, il fut décidé - lors d’une importante réunion le 20 juin à Mézières-en-Brenne – un commandement unique des F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) sous la responsabilité militaire du colonel Chomel, alias « Martel », lui-même sous les ordres du colonel Mirguet, dit « Surcouf ».

Composée de cadres inscrits à l’Organisation de Résistance Militaire (O.R.A.), de formations de l’Armée Secrète (A.S.) et de personnel de l’ex 1er régiment de France,  la brigade « Charles Martel » s’organisa en brigades et en bataillons pour structurer un effectif de 3000 hommes dont 150 officiers et 450 sous-officiers à la mi-septembre 1944. Par manque de temps, un nombre conséquent de maquisards n’avait reçu qu’une instruction militaire sommaire leur permettant de se défendre au mieux.

C’est ainsi que les hommes de deux compagnies du bataillon Carol et deux du bataillon d’Epernon se trouvèrent stationnés en forêt de Preuilly en position défensive. Ils géraient les nombreux containers d’armes enfin parachutés dans la nuit du 22 au 23 juillet sur une « drop-zone » voisine de Charnizay. Se remettant d’une nuit blanche, les maquisards faisaient la sieste vers 14h30, en ayant une probable pensée pour Olivier Paquin, le fidèle chauffeur du prince Joachim Murat tué quelques jours auparavant aux côtés de son illustre supérieur,  inhumé ce 23 juillet à Azay,  quand deux colonnes allemandes motorisées d’environ 30 camions, dont certains équipés d’automitrailleuses,  foncèrent sur le maquis via les routes venant de Charnizay et d’Azay-le-Ferron, prenant en étau la place et rendant les échappatoires difficiles. L’alerte donnée par les postes de garde de Charnizay et de la Raffinière ne suffit pas. Pris par surprise, les maquisards engagèrent un héroïque et violent combat contre ce commando de représailles, équipé d’armes automatiques et de canons légers. Néanmoins, les Allemands restèrent en bord de route, n’osant s’engager dans une forêt qu’ils ne connaissaient pas.

Une question demeurera à jamais sans réponse : il y a-t-il eu dénonciation ou pas quant à l’emplacement exact de ce maquis ? L’identification de celui surnommé « Jorge le Hongrois » n’a pu être établie, son corps n’ayant pas été officiellement retrouvé. Une trahison peut-elle être envisagée ?  En cette fin de conflit, tout est possible  …

Les différents groupes «  décrochent » au fil des heures et se replient où et comme ils peuvent à travers bois, vers le château de la Boussée et dans des maisons amies. Les blessés sont sommairement pris en charge. Le 17e BCP se retrouvera dans la forêt de Lancosme pendant que le 32e se dirigera vers Sainte-Julitte, à 7km au nord de Charnizay (37).

Entre temps, l’ennemi s’est emparé et a détruit le matériel récemment parachuté que les maquisards n’ont pu emmener.  

Il est 5 heures du matin ce lundi 24 juillet 1944.

Ce même jour, Gaston Goblet et André Poignard, accompagnés d’un camarade, décident de revenir sur le lieu de l’assaut pour récupérer des armes et tenter de retrouver les disparus. Les Allemands, qui tiennent toujours la position, les achèveront sur place.

Fin de l’expédition de nettoyage des belligérants.  

Bien entendu, le commandement «  Surcouf » a été prévenu de cette attaque surprise dont le nombre de tués n’est pas encore établi. Il semble avoir été 12 dont 8 sont identifiés.

Pour ne pas oublier leur mémoire, le parcours de chacun est relaté dans des fiches individuelles. 


 

Chantal Kroliczak, Association Culturelle Macérienne (A.C.M.)

 

Sources :

-Combats des maquisards Indre été 1944, ANACR Indre, 2012.

-Les noms de lieux de l’Indre - Stéphane Gendron – Académie du Centre – 2004.

-Historique des unités combattantes de la Résistance – Indre – Général de la Barre de Nanteuil – opuscule du ministère des Armées 

-Etat-major de l’Armée de Terre – SHD Vincennes.

-Résistance et Libération dans l’ouest de l’Indre – Daniel Chartier – Nouvelles éditions Sutton.

-Rapport du sous-lieutenant Pierre du 01/08/1944 au commandant Charles, jamais publié. Communiqué par Patrick Grosjean.

-SHD Vincennes – GR 1 K 369 2 – rapport du Lieutenant Colonel R. Costantini du 26/08/1947 (Ex commandant du 32e R.I.)