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Stèle à la mémoire des prisonniers de guerre de Lanniron (Frontstalag 135), Quimper

Légende :

Stèle à la mémoire des prisonniers de guerre de Lanniron (Frontstalag 135), Quimper

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : D. Le Floc'h

Source : © Clichés D. Le Floc'h Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur (voir recto-verso)

Date document : 2010

Lieu : France - Bretagne - Finistère - Quimper

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Analyse média

Transcription :

 « À la mémoire des Prisonniers de Guerre de Lanniron, FrontStalag 135

En ce lieu durant la Seconde Guerre mondiale,
les autorités militaires allemandes ont détenu comme prisonniers de guerre

plus de 2 000 soldats métropolitains et 7 746 soldats issus des colonies françaises d’Afrique et d’Asie.

Après la Libération de Quimper, le 8 août 1944, 3 853 Prisonniers de guerre allemands y furent internés.

Le camp de prisonniers de Lanniron a été démantelé en juin 1946.

Cette stèle a été inaugurée le 18 mai 2010

en présence de Bernard Poignant, maire de Quimper, et Pascal Mailhos, préfet du Finistère »

 

Inaugurée en 2010, dans un cadre bucolique, celui du bois de Lanniron, sur la rive gauche de l’Odet, la rivière traversant Quimper (Finistère), cette stèle à la mémoire des prisonniers de guerre du Frontstalag 135 a été installée à l’emplacement de l’ancien camp, construit sous les ordres des autorités allemandes d’occupation.

Elle est visible au détour d’un chemin désormais emprunté uniquement par les piétons et les cyclistes, à l’extérieur du domaine de Lanniron.

L’inscription figurant sur la stèle suscite rapidement la polémique : les nombres énoncés font l’objet de contestations, concernant les soldats issus des colonies (7 746). L’historienne Armelle Mabon de l’Université de Bretagne-Sud, et auteure de l’ouvrage Prisonniers de guerre “indigènes” - Visages oubliés de la France occupée, estime en effet qu’ils sont largement sous-estimés et souhaite les faire modifier sur la stèle. Ils sont issus d’un rapport de La Croix Rouge datant de mai 1941 et recensant, dans une terminologie qui aujourd’hui serait qualifiée de raciste, « 803 blancs, 6 592 hommes de couleurs, 31 noirs, 320 annamites, soit un total de 7 746 hommes ».


Delphine Le Floc'h

Contexte historique

Après la débâcle de mai-juin 1940 et la demande d’armistice formulée par la France, les soldats français sont sommés par les autorités militaires allemandes présentes à Quimper de se constituer prisonniers, le 25 juin. C’est à la caserne de la Tour-d’Auvergne, non loin du centre-ville, qu’ils doivent être internés. Très rapidement, la capacité d’accueil de celle-ci se révèle cependant insuffisante, si bien que les autorités allemandes, qui de surcroît subissent de nombreuses évasions, décident de faire construire un camp de prisonniers en périphérie de la ville. La décision est prise en septembre 1940 d’édifier un Stalag (abréviation de Stammlager, « camp ordinaire ») dans une clairière du bois de Lanniron (au sud-ouest de la ville, sur la commune d’Ergué-Armel, qui depuis 1960, est intégrée à Quimper). Le 1er octobre 1940, les premiers prisonniers de guerre français y sont transportés pour occuper la « cinquantaine de baraques en planche, pas mal faites d'ailleurs, surélevées de 50 cm du sol, avec fenêtres, le tout recouvert de tôles ondulées » (Henri Martin, prisonnier détenu à Lanniron). Quelques semaines plus tard, en décembre, ces hommes, hormis quelques centaines d’entre eux, sont transférés vers l’Allemagne.

Un an après, en décembre 1942, ce camp n’est quasiment plus occupé que par des prisonniers de guerre coloniaux. Il fait partie de ces 57 Frontstalags, camps implantés en France et destinés aux soldats issus des colonies que les nazis, au nom de leur idéologie racialiste, ne veulent pas emprisonner sur le territoire du Reich. Ces détenus sont originaires d'Afrique occidentale - du Sénégal notamment -, du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie), de La Réunion ou de l’Annam (actuel Vietnam). Les conditions de détention ne sont ni meilleures ni pires que dans les autres camps implantés en territoire français. En vertu de la Convention de Genève de 1929, la Croix Rouge y pénètre régulièrement, distribue des colis et s’assure autant que possible de la bonne santé des prisonniers. Mais les conditions climatiques s’avèrent rudes pour ces hommes, habitués à des températures plus clémentes. En outre, les affectations dans des détachements de travail fragilisent encore plus des organismes souvent déjà affaiblis par les pénuries alimentaires et par la promiscuité, qui favorise la diffusion de la tuberculose. De ce fait, plusieurs prisonniers, au moins une dizaine pour la seule année 1941, décèdent dans ce Frontstalag 135.

Lorsque Quimper est libéré le 8 août 1944, ce sont - ironie du sort - les prisonniers de guerre allemands qui se retrouvent enfermés dans ce camp de Lanniron, jusqu’à sa fermeture en mai 1946. Les baraques sont aussitôt démontées ; si bien que, sur place, hormis la stèle érigée en 2010, il ne reste aucune trace de ce pan de l’histoire de Quimper et de la Seconde Guerre mondiale.


Auteur : Delphine Le Floc'h

Sources :

Site de la municipalité de Quimper, article « Le camp des prisonniers de Lanniron, Front stalag 135 (1940-1946) », © Archives municipales de Quimper.  

Témoignage d’Henri Martin, détenu au camp de Lanniron du 1er octobre 1940 jusqu’à son évasion, le 4 janvier 1941, peu avant son transfert prévu vers l’Allemagne.

Site de l’association Histoire coloniale et post-coloniale, article « Stèle de Lanniron : un devoir de vérité », 12 juillet 2010.

Armelle Mabon, Prisonniers de guerre « indigènes » - Visages oubliés de la France occupée, Paris, La Découverte, 2010.

Article du Télégramme de Quimper, « Un lieu, une histoire. Le camp des soldats coloniaux à Quimper », 28 juillet 2015.