La famille Hirsch dans sa ferme à Arpavon

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © Collection Lévy, confiée par la Société d’ Études nyonsaises à l’AERD Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Arpavon

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Analyse média

Dans la Drôme, on trouve des Juifs installés depuis longtemps, d’autres réfugiés à la suite des menaces successives des nazis. D’autres s’y retrouvent incarcérés dans divers camps d’internement.

La famille Hirsch avait fui la Sarre en 1936 et, après un séjour à Nyons, elle achète une ferme à Arpavon, petit village du Nyonsais, Elle l’exploite avec la famille Seligmann. Le père, Ludwig Hirsch (au centre sur la photo), dont les vieux Nyonsais n’ont pas oublié l’imposante silhouette, était à la fois maquignon et laitier. Les autres personnages ne sont pas identifiés. Un mouton laisse imaginer la présence d’un troupeau.

Arpavon, petit village du Nyonsais, qui avait eu jusqu’à 346 habitants en 1861, n’en comptait plus que 93 en 1936 et 72 en 1946. Cet exode rural massif avait laissé vacantes de nombreuses exploitations agricoles. La famille Hirsch a donc pu bénéficier de cette disponibilité. La façade dégradée de la maison en révèle la vétusté.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

L'antisémitisme hitlérien a conduit dans la Drôme de nombreux Juifs qui s'y croyaient à l'abri.

La Sarre, région limitrophe de la Lorraine, confiée à la Société des Nations après la Première Guerre mondiale, est rattachée au IIIe Reich par le plébiscite de 1935 et subit l'application des lois antisémites d'Hitler. Profitant de la possibilité qui leur était laissée pendant un an de quitter la Sarre en emportant leurs biens, beaucoup de Juifs du Land prirent donc la fuite.
C'est ainsi qu'en 1935, une soixantaine de Juifs sarrois s'installèrent très légalement à Nyons, dans la Drôme. Un sénateur des Basses-Pyrénées qui y avait une demeure et l'ancien sénateur de la Drôme et ancien ministre, le Nyonsais Émile Joseph Lisbonne, auraient contribué à cet accueil de nombreuses familles sarroises.
Entre 1938 et 1941, de nouveaux Juifs rejoignent ces premiers arrivants, à la suite des regroupements familiaux, d'assignations à résidence de certains internés dans les camps français, ou de démobilisation d'engagés dans l'armée française. Le groupe nyonsais – qui approchait alors la centaine, soit environ 2 % des Juifs sarrois émigrés, ce qui est considérable –, était composé de gens jeunes, dynamiques et disposant de ressources qui leur avaient permis d'acheter des fermes aux environs ou des fonds de commerce. D'autres créent des commerces ou des ateliers artisanaux. Accueillis de manière favorable, ils s'intègrent rapidement à la vie nyonsaise malgré l'obstacle de la langue. Les enfants sont scolarisés sans problème grâce à l'ouverture de deux classes supplémentaires au collège. La communauté protestante leur prête un local où ils installent leur synagogue.

En 1939, d'autres colonies juives se repèrent aussi à Saint-Rambert-d’Albon, au nord de la Drôme. Plusieurs familles juives se replieront du Vaucluse, d’Avignon le plus souvent, sur Buis-les-Baronnies, dans le sud de la Drôme. Mais l'installation de divers camps d’internement et de travail dans le département y conduit de force plusieurs dizaines de Juifs : le camp de Montélimar en héberge, sa dissolution est suivie d'une assignation à résidence dans cette ville. D'autres Juifs étrangers, des hommes jeunes pour la plupart, se retrouvent dans le Groupe de travailleurs étrangers de Crest. Ils constitueront des proies faciles lors des rafles et de la déportation.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, Valence, Peuple Libre/Notre Temps, 2006. AN, F1a/3901, Drôme. Société d’Études nyonsaises, Terre d’Eygues, n° 33 et 35.