Liaisons entre les Alliés et la France libre



Les relations entre les Alliés et la France libre sont marquées, très souvent, par l'incompréhension, la méfiance voire le mépris. La Résistance n'a été reconnue que très tardivement comme une force réelle dans le combat contre l'Allemagne. Les relations personnelles entre les chefs, on peut évoquer celles de Charles de Gaulle, ont été souvent orageuses. Un sentiment d'infériorité était très mal ressenti par les Résistants vis à vis des Alliés. Cela a conduit à des décisions sur le plan militaire qui n'ont pas été comprises par la Résistance. En ce qui concerne la Drôme, l'exemple d'incompréhension le plus flagrant est donné par l'affaire du Vercors



                                      Liaisons between the Allies and France Libre

Relations between the Allies is often marked by misunderstanding, mistrust, and even contempt. The Resistance has only very recently been recognised as a real force in the fight against Germany. Personal relations between leaders, we can evoke those of Charles de Gaulle, are often stormy. A sense of inferiority is badly felt by the Resistance against the Allies. This leads to rulings of the military which are not understood by the Resistance. Regarding Drôme, the most obvious example of misunderstanding is given by the event in Vercors.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s): Alain Coustaury
Source(s):

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

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Écoute des radios interdites haut ▲



Les moyens d’information tolérés par le gouvernement de Vichy étaient la presse quotidienne (Le Petit Dauphinois, principalement, pour la Drôme) et des journaux locaux strictement contrôlés par le service de la Censure. Les habitants s’étaient dotés, avant la guerre, de postes de radio à lampes et avaient pris l’habitude d’écouter les nouvelles diffusées par les ondes. Peu après l’armistice de juin 1940, se mirent en place les radios émettrices officielles : Radio-Paris pour la zone nord (mais pouvant être captée dans la Drôme) contrôlée par la Propaganda Abteilung et Radio-Vichy pour la zone sud surtout. Celle-ci est personnalisée par Philippe Henriot, à la fois secrétaire d’État à l’Information et à la Propagande en janvier 1944, et chroniqueur écouté qui répand le mensonge chaque jour. Il fut exécuté le 28 juin 1944.

Peu à peu, les Français ont cherché d’autres sources d’information. Les émissions de la BBC, Radio-Londres, furent parmi les plus écoutées, apportant la parole de la France libre, avec Maurice Schumann. Elles envoient d’abord des informations sur le déroulement de la guerre différentes de celles diffusées par les radios officielles qui les cachaient ou les déformaient. Un des slogans envoyés de Londres est : « Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ». Ces émissions véhiculent l’espoir d’une victoire et participent à l’évolution de l’état d’esprit des Français, le rejet de la collaboration, à la confiance grandissante dans la lutte de la Résistance. Les émissions ne se contentent pas des informations et de la dénonciation des exactions de l’occupant. Elles y mêlent la chanson, l’humour, par la voix de Pierre Dac, par exemple.

À la mi-journée et le soir, les émissions de la BBC étaient annoncées par une musique lancinante, extraite de la IXème symphonie de Beethoven, suivie de la voix du speaker. : « Les Français parlent aux Français. Xème jour de la lutte du peuple français pour sa libération ». Jusqu'à la Libération, les rapports préfectoraux ou de gendarmerie signalent constamment l'écoute de la radio anglaise par la population. Malgré les brouillages, la surveillance stricte de la police (et des mouchards), la confiscation des postes, 70 % des Français équipés d’un poste écoutent la BBC à l’été 1944.

Radio-Londres sert aussi à diffuser les messages codés en direction des Résistants, par exemple ceux annonçant les parachutages (« La cuisinière tient sa cuisine propre », « Les carottes sont cuites »...) ou ceux annonçant les débarquements (« Les sanglots longs des violons de l’automne…», suivi de « blessent mon cœur d’une langueur monotone », ou « Le premier accroc coûte deux cents francs »), que seuls les destinataires pouvaient comprendre.

D’autres radios émettent en direction de la France mais n’ont pas l’audience de la BBC : Radio-Moscou, avec Jean-Richard Bloch; Radio-Sottens, notamment le chroniqueur René Payot, la proximité de la Suisse fait que cette radio est assez bien captée dans la Drôme ; Radio-France, diffusée depuis Alger, se distingue par ses émissions culturelles et de divertissement.



                               Ban on Listening to the Radio Stations

The media tolerated by the Vichy government is the daily press, (Le Petit Dauphinois, primarily, in Drôme) and local newspapers are tightly controlled by the censorship service. Inhabitants had established, before the war, the habit of listening to news broadcasts over the airwaves. Shortly after the armistice of June 1940, official radio transmitters are set up: Radio-Paris to the north, (which can be heard in Drôme), controlled by the Propaganda Abteilung and Radio-Vichy in the south especially. It is personalised by Philippe Henriot, Secretary of State for both Information and Propaganda in January 1944, a listened-to columnist who spreads lies every day. He is executed June 28, 1944.

Gradually, the French seek other sources of information. Emissions from the BBC and Radio-London are among the most popular, bringing the world of France-Libre, with Maurice Schumann. First they send information on the conduct of war that differs from that which is published by official radio stations that hide or distort such information. One of the slogans sent from London: "Radio-Paris lies, Radio-Paris is German". These programs convey the hope of a win and contribute to changing the mindset for French rejection of cooperation, and a growing confidence in the movement and struggle for the Resistance. Emissions are not just information and denunciation of the abuses of the occupier. They mix song, humour, and the voice of Pierre Dac, for example.

At mid-day and evening, the BBC broadcasts are announced by throbbing music taken from the Ninth Symphony of Beethoven, followed by the voice of the announcer. "The French speak to the French. Tenth day of the French people's struggle for liberation." Until the Libération, people constantly listen to reports and prefectural police reports on English radio. Despite the interference, the strict supervision of the police, (and bugs), confiscation of items, 70% of the French people equipped to listen to the BBC do so in the summer of 1944.

Radio-London is also used to disseminate the messages encoded in the direction of the Resistance, such as those announcing the airdrops, ("the cook is holding its own kitchen", or "the carrots are cooked"), announcing those landings, ("the long cries of violins in autumn", followed by "my hearts hurts with monotonous languor" or, "the first hitch costs two hundred francs"), messages that only intended recipients can understand.

Aside from the BBC, other radio stations broadcast in the direction of France. Radio-Moscow, with Jean-Richard Bloch, and Radio-Sottens with columnist René Payot, Switzerland’s proximity makes it easy for people to listen to the station in Drôme, as well as Radio-France broadcast from Algiers, which is distinguished for its cultural entertainment.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. François Marcot (sous la direction), Dictionnaire historique de la Résistance, éditions Robert Laffont, 200

BCRA, SAP, OSS, SOE haut ▲



Tous les réseaux en liaison avec les Alliés sont représentés dans la Drôme. L’OSS s’est d’abord constituée, dans la région de Montélimar, avec des membres giraudistes du CDM (militaires essayant de récupérer du matériel militaire) à la dissolution de l’armée d’armistice. Il se maintiendra par le suite grâce à Gaston Vincent (« Azur »). Le BCRA et la SAP sont créés par Henri Faure qui devient officier d'opération de parachutage en Drôme et Ardèche. Il cherche des terrains, des refuges pour les radios. Le SOE est un des réseaux les plus conséquents grâce à Francis Cammaerts dit « Roger », bien implanté dans le centre et le sud de la Drôme. Francis Cammaerts fait partie de la French-section du SOE, dont il est le chef pour R1, organisée et commandée par le colonel Buckmaster, responsable du réseau Jockey. Son rôle fut l'un des plus efficaces et des plus inventifs de toute l'histoire du SOE en France.




                                          BCRA, SAP, OSS, SOE

All networks in conjunction with the Allies are represented in Drôme. The OSS (Office of Strategic Services) is first created in the region of Montélimar, with members of the CDM (soldiers trying to recover military hardware), to the dissolution of the armistice army. It continues with Gaston Vincent, ("Azur"). The BCRA, (Bureau central de renseignements/Central Intelligence Office) and SAP, (Section des atterissages et des parachutages Landing and Parachuting Section) are created by Henri Faure, who becomes an officer of parachute operation in Drôme and Ardèche. He searches for land, shelter, and radios. SOE, (Special Operations Executive), is one of the networks most consistent with Francis Cammaerts, "Roger", although installed in the center and south of Drôme. Francis Cammaerts is part of the French section of SOE, which is the chief R1 organised and commanded by Colonel Buckmaster, head of the Jockey network. His role is as one of the most effective and inventive in the history of SOE in France.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.

Renseignement et liaisons radio haut ▲



A la fin de juin 1940, pour les spécialistes du renseignement, la guerre continue. Puis, peu à peu, d’autres organisations et des réseaux se mettent en place indépendamment des maquis dont l’activité de renseignement détermine leurs actions et conditionne leur sûreté. Servir au sein d’un réseau de renseignement exige l’apprentissage d’une technique, car il relève de l’espionnage, et les agents doivent apprendre à observer, à libeller et à transmettre leurs observations. Le plus difficile est de s’astreindre à la discipline de l’insignifiance, car le climat de la Résistance est hautement passionnel. Il s’agit de détecter des sympathisants, d’évaluer l’aide qu’ils peuvent apporter par les moyens matériels dont ils disposent et du fait de leur enracinement social. C’est encore de savoir qui est sûr, qui peut procurer des boîtes aux lettres, des chambres pour les clandestins, des lieux de réunion, des dépôts pour le matériel.
Très vite s’impose la nécessité de spécialiser, car toucher à tout conduit à multiplier les risques pour une efficacité limitée. L’agent de renseignement doit mener une existence anodine, jouer même la comédie de l’ingénu. Il doit cependant regarder, écouter, discerner les complicités possibles afin de multiplier les sources et extraire le véridique des rumeurs et des affabulations.
Le Bureau central de renseignement et d’action (BCRA) centralise tous les renseignements fournis par les réseaux français. D’autres réseaux de renseignements, relevant de l’Intelligence Service (IS), coopèrent et échangent des informations tout en respectant les règles d’un rigoureux cloisonnement.
L’acheminement des renseignements s’effectue principalement au moyen de messages cryptés transmis en Grande-Bretagne et à Alger en radiographie (morse) par des opérateurs souvent parachutés avec leurs matériels. Quand la durée de transmission des messages dépasse un certain seuil, l’ennemi peut facilement localiser l’émetteur en procédant à une triangulation avec des radiogoniomètres.



                                       Intelligence and Radio Liasons


At the end of June, 1940, for intelligence specialists, the war continues. Then, little by little, other organisations and networks are put in place, independently from the maquis, whose intelligence activities determine their actions and determines their security. To serve within an intelligence network requires learning a technique, since it is essentially spying, and agents must learn to observe, draw up and submit their observations. The most difficult thing is applying themselves to the discipline of insignificance, since the Resistance climat is highly emotional. They detect sympathisers and assess the help they can provide by material means at their disposal, and by their social roots. They also know who is sure, who can provide mailboxes, rooms for resistants, meeting places, and depots for material.

Very quickly, the need for specialization arises, as concerning onself with everything leads to a greater risk of limited effectiveness. Intelligence officers must lead a neutral life, even play the naive role. However, they must watch, listen, discern possible complicities in order to multiply sources and extract the truth from rumors and fabrications. The Central Bureau of Intelligence and Operations (BCRA) centralises all intelligence provided by French networks. Other intelligence networks, within the Intelligence Service (IS), cooperate and exchange information, while respecting the rules of a strict division.

The flow of intelligence is carried out primarily by encrypted messages transmitted in Great Britain and Algiers in radiography (morse code) by operators who are often parachuted with their equipment. When the duration of transmitted messages exceeds a certain threshold, the enemy may easily locate the transmitter by triangulation method, with direction finders.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Pierre Balliot
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Parachutages et atterrissages, l'armement de la Résistance haut ▲



Le combat de la Résistance est, jusqu'au moment où elle peut se procurer des armes, un combat d'opposition politique, culturelle, religieuse.

Se procurer des armes devient plus facile au fur et à mesure qu'on se rapproche de la Libération. Mais elles seront toujours insuffisantes en nature, qualité et quantité.

La Drôme n'est pas un théâtre de combats lors des opérations de septembre 1939 à la mi-juin 1940. Les derniers engagements de la campagne de France, juste avant l'armistice, dans le nord du département et sur l'Isère ne laissent guère d'armes sur le terrain. Peu d'entre elles seront récupérées, d'autant qu'à ce moment-là la volonté de continuer le combat armé est quasiment absente, sauf pour un petit nombre de militaires. Sitôt après la défaite, le réseau Camouflage du matériel (CDM) peut dissimuler quelques armes qui seront, pour la plupart, récupérées par les Italiens fin 1942.

Le département n'a pas de grands arsenaux, source possible d'armes pour les Résistants. Bourg-lès-Valence possède, en 1940, une cartoucherie qui sera souvent « visitée » par la Résistance, notamment en décembre 1943. C'est avec les premiers parachutages d'armement léger de septembre 1943 que les Alliés fournissent de quoi mener des actions de guérilla aux maquisards drômois. Mais aucun armement lourd n'est parachuté. Ces parachutages s'intensifient aux moments des débarquements des 6 juin et 15 août 1944, et les FFI, notamment ceux du Vercors, seront, en partie, équipés d'armes individuelles pour les combats de la Libération.




                                                   Airdrops and landings, the armament of the Resistance

The struggle of the Resistance, until it is able to obtain weapons, is a battle of political, cultural and religious opposition.

Obtaining weapons becomes easier with the approach of the Libération. But they are always inadequate in kind, quality, and quantity.

Drôme is not in the theatre of combat operations from September 1939 until mid-June 1940. The latest campaign commitments in France, just before the armistice in the north of Isère, leave no weapons on the ground. Few of them will be recovered, especially because at the time the armed struggle continuance is almost absent except for a small number of soldiers. Immediately following the defeat, the CDM, (Camouflage du matériel), conceals weapons that the Italians will recover by late 1942.

The district of Drôme does not have large arsenals, potential sources of weapons for the Resistance. Bourg-lès-Valence held in 1940, a cartridge that is often "visited" by the Resistance, particularly in December 1943. With the first airdrops of small arms in September 1943, the Allies provide enough to lead maquisards into action in Drôme. But no heavy weaponry is dropped. These airdrops intensify at the times of landing on June 6 and August 15, 1944 and the FFI, (Forces françaises de l'intérieur), including those of Vercors are partially equipped with personal weapons for fighting for the Libération.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Alain Coustaury
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.