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La section parisienne de l'Organisation juive de Combat (OJC)

Légende :

Rédigé dans le cadre des activités de résistance conduites par Tony Gryn, ce document présente les différents types d'actions envisageables contre le personnel et les bureaux du Commissariat Général aux Questions Juives à Paris. Il est adressé à Charlotte, vraisemblablement Charlotte Sorkine.

Genre : Image

Type : Rapport

Source : © Yad Vashem, fonds Tony Gryn Droits réservés

Détails techniques :

Manuscrit de deux pages

Date document : sans date

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

C’est au début de l’année 1944 que l’Armée juive / Organisation juive de Combat (OJC) constitue un groupe dans la capitale autour d’André Amar, officier de réserve. César Chamay prend la direction du service de renseignement de cette section parisienne tandis qu’Ernest Appenzeller, venu du groupe de Nice de l’OJC, est nommé responsable du groupe franc. Un service de faux papiers est également mis en œuvre en lien avec Maurice Loebenberg, responsable du service des faux-papiers du Mouvement de libération nationale (MLN). Des éléments actifs de la Sixième, organisation clandestine dirigée à Paris par Simon Levitte, rejoignent la formation, notamment le groupe dirigé par Tony Gryn et Lucien Rubel.

Le groupe dispose de plusieurs lieux pour ses réunions, ses caches d’armes, l’hébergement de ses agents : l’hôtel Montpensier (rue de Richelieu, Ier arrondissement) et des appartements rue de Seine, boulevard de Courcelles, rue Erlanger, puis Boulevard Saint-Michel. C’est justement dans l’appartement qu’il loue rue de Courcelles qu’Ernest Appenzeller met en place un fichier comprenant noms et adresses des traîtres à éliminer. Il fait régulièrement parvenir des rapports détaillés au comité directeur de l’AJ à Toulouse. Dans une lettre non datée adressée à Lucien Lublin ("Cher Lucien") et signée "AJ Paris", le rédacteur dresse un bilan des dernières opérations menées par le groupe parisien (Mémorial de la Shoah, CDLXIX-37) :
"Je veux simplement vous donner le rapport des dernières actions de notre groupe de combat :
1/ Daniel (nom), dénonciateur connu des Juifs à Nice, condamné à mort par l’AJ de Nice, retrouvé par hasard à Paris et exécuté le 30 juin.
2/ Une concierge, (nom), 12 rue du Pôle Nord Paris, dénonciatrice de quatre familles juives, exécutée le 1er juillet.
3/ Comme l’occasion se présentait, nous avons fait sauter au plastic une usine qui fabriquait des pièces pour V1."

Seul l’attentat contre la concierge a laissé une trace dans les rapports des renseignements généraux, mais à la date du 3 juillet : "A Paris, le 3 juillet 1944 vers 17 heures, Madame Suzanne M., concierge de l'immeuble situé 12, rue du Pôle Nord, a été mortellement blessée à son domicile de plusieurs coups de feu tirés par deux individus qui ont pris la fuite à bord d'une voiture. En mauvais termes avec son entourage, la victime était soupçonnée d'avoir, à plusieurs reprises, dénoncé des Juifs aux autorités allemandes." (Archives de la Préfecture de Police de Paris, RMC/RG, semaine du 4 au 10 juillet 1944).

Entre le 17 et le 19 juillet 1944, la répression frappe le groupe et les principaux responsables sont arrêtés par la Gestapo. Démantelé par cette vague d’arrestations, le corps franc de l’OJC de Paris réussit cependant à reconstituer une unité combattante grâce à des renforts venus de Nice et de Lyon. Lucien Rubel prend en charge la direction militaire du corps franc de l’OJC, Simon Levitte la direction civile et Rachel Cheigam devient responsable des agents de liaison.

Un rapport daté du 20 août 1944 mentionne des surveillances exercées sur certains individus : le propriétaire d’un magasin de dégraissage qui aurait "une activité antijuive" ainsi qu’une couturière soupçonnée de dénonciations. Le rapport signale que malgré les surveillances aucunes charges n’ont pu être relevées contre ces deux personnes. Une autre surveillance plus poussée est mise en œuvre sur un centre du PPF situé dans le local désaffecté d’un primeur. "Le travail se poursuivra et se spécialisera à l’avenir sur l’un ou l’autre des membres de cet établissement". (Mémorial de la Shoah, CDLXIX-37).

Intégrée au sein du groupe-franc Alerte du MLN commandé par le capitaine Pierre Galais dit "Charcot-Neuville", le groupe de l’OJC prend une part active à la libération de la capitale, et notamment à la prise de possession du camp de Drancy puis du siège de l’UGIF, deux symboles de la politique antijuive du gouvernement de Vichy et de la répression allemande.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Yad Vashem, fonds Tony Gryn.
Mémorial de la Shoah, Paris, CDLXIX-37
Archives de la Préfecture de Police de Paris, rapports des Renseignements généraux sur la répression des menées communistes, semaine du 4 au 10 juillet 1944.