Rapport de Joseph Schivo au chef du gouvernement le 25 janvier 1944

Légende :

Il s’agit de la première page du rapport.

Genre : Image

Type : Rapport officiel

Source : © Dépôt MRN, fonds Amicale d'Eysses Droits réservés

Détails techniques :

Support papier. Dimensions : 21 x 27 cm. 4 pages dactylographiées.

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Le lendemain de son arrivée, le 25 janvier 1944, Joseph Schivo, nommé à la tête de la centrale d’Eysses, envoie un rapport au chef du gouvernement, dans lequel il approuve les mesures mises en place par son prédécesseur, M. Chartroule. Ce dernier avait pris l’intérim de la direction de la centrale suite à la mise en congé de Jean-Baptiste Lassalle, directeur en poste depuis 1940. Ce congé étant lui-même la conséquence des événements survenus à Eysses en décembre 1943 (« les Trois Glorieuses ») au cours desquels les détenus s’étaient opposés aux forces de l’ordre.

Dans ce rapport, Schivo condamne la « trahison » de Lassalle, considéré comme responsable également de l’évasion de 54 détenus du quartier cellulaire au début du mois de janvier 1944, et annonce son plan de sécurisation intérieure et extérieure, comprenant la reprise en main de l’infirmerie perçue comme le cœur de l’organisation terroriste «foyer extrêmement dangereux d’organisation terroriste et communiste », et le renforcement de la sécurité intérieure. Conscient du rôle essentiel du personnel, il tente de placer « ses hommes » de confiance (des miliciens), en remplacement d’un personnel jugé peu sûr. Mais c’est sans compter sur quelque survivance de légalité : il ne pourra faire nommer surveillant auxiliaire son garde du corps dont le casier judiciaire mentionne une condamnation pour désertion en temps de paix. S’ajoute un souci omniprésent pour sa sécurité : « on sait déjà que le nouveau directeur est milicien tout va être mis en œuvre pour le descendre », qui lui permet d’obtenir trois miliciens assignés à sa garde personnelle.


D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.

Contexte historique

A la suite de l’évasion de 54 détenus du quartier cellulaire, le 4 janvier 1944, la direction de la centrale d’Eysses est confiée au colonel milicien Joseph Schivo, ami personnel de Darnand. Schivo est militaire de carrière jusqu’en 1926, officier dans la Légion étrangère. Huissier de 1926 à 1937, il devient chef départemental de la Milice des Bouches-du-Rhône. N’appartenant pas à l’administration pénitentiaire, il prend son poste comme directeur de la centrale dès le 24 janvier 1944, avant d’être nommé sur contrat à titre temporaire à compter du 1er mars 1944.

Ce nouveau directeur est avant tout un milicien et c’est la mission d’ordre politique qui prévaut. La façade officielle de directeur d’une administration d’Etat s’efface derrière le milicien jusque dans la tenue. Le costume respectable de directeur fait place au gamma de la milice et à une arme. Il n’a de comptes à rendre qu’à son « chef », et sa correspondance adressée à J. Darnand (la plus nombreuse) est rédigée en termes plus militants qu’administratifs.

Lors de la libération de l’établissement le 19 juillet 1944, le directeur Schivo tente de prendre la fuite en passant par Agen où SS et miliciens se rassemblent en vue de se replier sur l’Allemagne. Il est finalement arrêté à Tarascon, après avoir été reconnu et signalé par la famille d’un ancien détenu. Il sera condamné à la peine de mort et fusillé, le 29 mai 1946, au Polygone d’Agen.


Sources : Corinne Jaladieu, Les centrales sous le gouvernement de Vichy : Eysses, Rennes, 1940-1944, thèse de doctorat, Histoire, Rennes 2, 2004. Archives nationales, Fontainebleau, dossier de carrière de M. Lassalle. Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.

Rapport de Schivo au Secrétaire général au maintien de l’Ordre