Marcel Barbu
Légende :
Par ses idées, par son action, Marcel Barbu a été un personnage singulier de la Résistance drômoise.
Genre : Image
Type : Photo
Producteur : Inconnu
Source : © Médiathèque publique et universitaire de Valence Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique noir et blanc.
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme
Analyse média
Marcel Barbu est né le 17 octobre 1907 dans un bidonville de Nanterre. Ayant perdu ses parents, il est élevé à l'orphelinat catholique d'Élancourt. Il entre très vite au travail comme apprenti bijoutier. Ensuite, il s’installe à son compte comme artisan, puis agrandit son entreprise de boîtiers de montre qu'il fournit notamment à la société Lip de Fred Lipman. Bien que renvoyé du petit séminaire de Versailles, Marcel Barbu restera un fervent chrétien. Ardent défenseur de justice sociale, pragmatiste autant que rêveur utopiste, entraîneur d’hommes, il imagine et installe à Valence une communauté de travail, expérience sociale révolutionnaire associant le travail à l’épanouissement matériel, intellectuel et moral. Marié en 1928, Marcel Barbu a eu 16 enfants.
Contexte historique
Marcel Barbu dirigeait une entreprise de fabrication de boîtiers de montres à Besançon. Expulsé de Besançon en juin 1941, il transfère son activité à Valence où la société Lip, son principal client, est elle même repliée. Il entre aux Compagnons de France après s'être mis en contact avec Gustave Coureau, responsable de ce mouvement pour la Drôme.
Il sera à l'origine de la communauté Boimondau (première communauté de travail, abréviation de BOItiers de MONtres du DAUphiné) qui constituera plus tard le maquis de Combovin. "La communauté Boimondau était dominée par deux personnalités exceptionnelles : Barbu et Mermoz. Ils avaient fait connaissance au camp de Saint-Sulpice où ils avaient été internés en 1942. Fondateur de la communauté, c'était un idéaliste et un chrétien social très actif. Ancien stagiaire d'Uriage, il était resté en relations suivies avec Dunoyer de Segonzac, Beuve-Méry, et avec l'équipe entrée dans la clandestinité qui s'était installée au château des Murinais à Saint-Marcellin. Il avait refusé en 1942 de désigner ses ouvriers pour la Relève en Allemagne. Arrêté et interné alors à Saint-Sulpice. Libéré fin 1942, il avait été obligé de prendre rapidement le maquis et avait déménagé ses machines pour les installer à Combovin".
Lors de l'arrivée des Allemands en 1942, les armes du CREVAN (Centre de regroupement des engagés volontaires pour l'Afrique du Nord) sont détournées grâce au capitaine Fabre et amenées au maquis Barbu à Combovin. Plus tard, Barbu est obligé de fuir, non sans refuser de rendre les armes qu'il veut conserver, pour faire valoir ses théories de "communiste-chrétien". Soutenu par l'ensemble de son personnel, il écrit sa désapprobation au Maréchal en août 1942 et il refuse d'adresser l'état de recensement de son personnel. Le 1er novembre suivant, le préfet de la Drôme le fait interner au fort Barraux en Isère. Sur l'intervention de monseigneur Pic, et de dirigeants de l'Ecole des cadres d'Uriage, il est libéré.
En janvier 1943, Marcel Barbu, qui vient d'être relâché de Fort Barraux, fait l'acquisition de la ferme Mourras sur la montagne de Combovin, afin d'assurer un abri tant pour lui que pour sa communauté. où il crée le premier maquis de Combovin. Amédée Tena, l'un de ses fournisseurs en verre de montre et l'un des créateurs du maquis de la Lance, propose à Descour et à Barbu de créer une école des cadres du maquis à Combovin. Barbu accepte, mais demande un soutien en ravitaillement, matériel et armement.
Le maquis Michel-Wap s'installe à Mourras dans les baraquements de la communauté, le 13 février 1944, Barbu est des leurs. Après l'évacuation de Mourras, le 1er mars 1944, suite à une incursion des GMR (Groupes mobiles de réserve), la ferme Mourras est incendiée ainsi que le domicile de Barbu. Son usine de Valence est soumise au pillage, madame Barbu et ses six enfants iront se réfugier chez Amédée Tena. Neuf membres de la communauté sont arrêtés : l'un est fusillé, les autres déportés, dont Marcel Barbu qui reviendra de Buchenwald en mai 1945.
Il sera député de la Drôme en 1945 et candidat à la présidence de la République en 1965.
Auteurs : Claude Seyve, Robert Serre, Patrick Martin
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.