Pierre Bertaux

Légende :

Portrait de Pierre Bertaux paru dans le Bulletin municipal de la ville de Toulouse en octobre 1944 (numéro spécial consacré à la Libération). 

Genre : Image

Source :

Date document : Octobre 1944

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Toulouse

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Contexte historique



Pierre Bertaux est né à Lyon en 1907. Il fait de brillantes études qui le conduisent à l'Ecole normale supérieure. Agrégé d'allemand, il entre en 1934-1935 à la Radiodiffusion française, avant de devenir, sous le Front populaire, chef de cabinet du ministre de l'Instruction publique, Jean Zay. Il y côtoie Jean Cassou. A partir de 1938, il entame une carrière universitaire qui le conduit à la faculté des Lettres de Rennes puis à celle de Toulouse. Spécialiste du poète Hölderlin, il est un bon connaisseur des affaires allemandes et il perçoit vite les dangers de l'hitlérisme. De ce fait, il est un des premiers à se rallier au gaullisme et à participer en 1941 à un groupe toulousain de Résistance, qui prend contact avec Londres et qui reçoit précocement des parachutages. C'est ce qu'on appellera par la suite le réseau Bertaux.

En décembre 1941, Pierre Bertaux est arrêté avec quelques uns de ses camarades et interné à la prison Furgole. Plusieurs personnalités toulousaines, dont le doyen de la faculté des Lettres, Paul Dottin, interviennent vainement en sa faveur. Le 31 juillet 1942, il est condamné à trois ans de prison pour " actes de nature à nuire à la Défense nationale ".

Avec l'aide de son épouse, il cherche à obtenir une libération anticipée, mais ce n'est qu'en décembre 1943 qu'il retrouve la liberté. A la différence de plusieurs de ses anciens camarades, il ne témoigne plus d'activité résistante importante. Retiré dans les Hautes-Pyrénées, il négocie cependant l'obtention d'un poste de responsabilité dans la France libérée. Il est désigné comme suppléant de Jean Cassou, le commissaire de la République en R4, bien que celui-ci ait toujours dit l'avoir ignoré. A l'approche de la Libération, après l'assassinat par la Milice le 18 août 1944 de celui qui devait initialement occuper le poste, Jacques Guillemin-Tarayre, il est choisi pour devenir rédacteur en chef du journal La République. Mais la blessure de Jean Cassou dans la nuit du 19 au 20 août 1944 fait de lui le nouveau commissaire de la République. Il occupe cette fonction dans des conditions difficiles jusqu'au 31 mars 1946, assurant la mise en place d'un ordre républicain centralisé, qui le fait s'opposer vigoureusement au CDL local.

Il devient ensuite préfet du Rhône en 1947-1948, puis directeur général de la Sûreté nationale de 1949 à 1951. Il reprend sa carrière universitaire à Lille de 1958 à 1965, puis à Paris où il devient professeur à la Sorbonne. Très tôt, plusieurs aspects de la personnalité de Pierre Bertaux ont été l'objet de controverses. Ce sont d'abord les conditions de sa nomination comme suppléant du commissaire de la République en R4 qui ont été discutées. Dans une lettre adressée à Paul Debauges le 22 décembre 1977, Jean Cassou, qui l'a bien connu, dit que "sa mythomanie, son égolatrie et son infantilisme dépassent les bornes du tolérable ". C'est ensuite son amitié avec des gens du milieu, a priori peu recommandables mais avec lesquels il a été interné pendant la guerre, qui a surpris : lors de l'affaire du vol des bijoux de la Bégum, il a déposé en faveur du principal accusé, ce qui lui a valu en 1953 d'être un temps suspendu de ses fonctions préfectorales. La parution en 1973 de son ouvrage, Histoire de la libération de Toulouse et de sa région, a enfin suscité une levée de boucliers, cette fois de la part de ses anciens camarades résistants, qui se sont estimés diffamés : c'est le début de " l'affaire Bertaux ".

Pierre Bertaux a été fait compagnon de la Libération et officier de la Légion d'honneur. Il peut se targuer d'avoir réalisé une brillante carrière de haut fonctionnaire et d'universitaire, mais plusieurs de ses jugements et de ses comportements n'ont pas toujours été bien compris.


Pierre Bertaux was born in Lyon in 1907. His brilliant career as a student led him to the Ecole normale superieure, one of the most prestigious universities in France dedicated to training future academics and top government officials. A German specialist, he worked for the National Radio Broadcasting Company from 1934 to 1935, before becoming the chief of staff for Minister of National Education Jean Zay during the Popular Front's regime. There he rubbed shoulders with Jean Cassou. Beginning in 1938, he started a career in academia which led him to the liberal arts college in Rennes and then the liberal arts college in Toulouse. A specialist on the poet Holderlin, he had a good grasp on German current events and he quickly realized the danger of Hitler. Because of this, he was one of the first to rally around de Gaulle and joined a Resistance group in Toulouse in 1941 that made contact with London and quickly received some of the first airdrops. It would later be known as the Bertaux network.

In December 1941, Pierre Bertaux was arrested with several of his other comrades and imprisoned in the Furgole prison. Many Toulousians, including Dean of the liberal arts school Paul Dottin, attempted to interne on his behalf but all these efforts were in vain. On July 31 1942 he was sentenced to three years in prison for « acts harmful to national defense ».

With the help of his wife, he looked for a way to obtain an early release, but it wasn't until December 1943 that he was released. As opposed to many of his former comrades, he did not return to being an active member of the Resistance, instead retreating to the Hautes-Pyrénées. He did, however, attempt to obtain a position of responsibility in the newly liberated France. He was assigned as an assistant to Jean Cassou, the Commissioner of the Republic in R4 (a French Interieur Forces-designated region in the south) even though Cassou always said he ignored Bertaux. With the liberation imminent, the Milice (the Vichy government's anti-Resistance force) assassinated Resistant Jacques Guillemin-Tarayre on August 18 1944; Bertaux was chosen to replace him as editor-in-chief of the newspaper La République. But Jean Cassou's injury during the night of August 19-20 1944 led to Bertaux becoming the new Commissioner of the Republic. He occupied this office, under difficult circumstances, until March 31 1946 and insured the creation of a centralized Republican order, which was vigorously opposed by the local Comité départemental de la Libération, the administrative branch of the Resistance movement.

He then became the préfet, or the representative of the new French state, for Rhône from 1947 to 1948; he went on to become General Director of the National Police from 1949 to 1951. He returned to his academic career in Lille from 1958 to 1965, then in Paris where he was a professor at the Sorbonne. Very early on, aspects of Pierre Bertaux's personality were the subject of some controversy. There were the conditions under which he was chosen as assistant to the Commissioner of the Republic in R4 which have already been mentioned. In a letter addressed to Paul Debauges on December 22 1977, Jean Cassou (who knew Bertaux well) said that « his compulsive lying, self-obsession and immaturity are beyond bearing ». There was also his surprising friendships with the locals, who had very little to recommend them but who were imprisoned with him during the war. During the incident with the stolen Bégum jewels, he was the lead suspect which led to him being temporarily suspended from his duties as préfet in 1953. The 1973 publication of his book Histoire de la libération de Toulouse et de sa région (History of the Liberation of Toulouse and The Surrounding Region) also raised a large outcry, this time from his former comrades in the Resistance who were slandered in the book: it was the beginning of the « Bertaux affaire ».

Pierre Bertaux was made a Companion of the Ordre de la Libération (France's second-highest honor) and an Officer of the Légion d'honneur. He can boast of his brilliant career as an academic and top-level government official, but many of his judgments and his behavior have been called into question.

 

Traduction : Carolyn Burkett


Michel Goubet, "Pierre Bertaux" in CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2008