Livre de codes de la machine Enigma

Légende :

Couverture du livre de codes allemands de la machine Enigma.

Genre : Image

Type : Livre

Producteur : Antoine Taveneaux

Source : © Wikimedia commons Libre de droits

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : Allemagne

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Contexte historique

Caractéristiques d'un message radio codé avec la machine Enigma

Le message Enigma se composait de deux portions successives :
1-une portion non codée correspondant aux " indications de Service ".
2-une portion codée (chiffrée). Cette portion chiffrée comprenait en tête du message, et jusqu'au 30 avril 1940, une particularité essentielle appelée la clé spécifique du message. Cette particularité se composait de 6 lettres ; et plus particulièrement de 3 lettres répétées deux fois.

Venait ensuite le texte de la dépêche. L'opérateur, à la réception du message, ayant d'abord réglé sa machine selon les consignes générales du jour, frappait sur son clavier d'entrée les six premières lettres de la portion chiffrée du message qu'il venait de recevoir. Il obtenait alors sur son panneau lumineux, une suite de trois lettres (répétées deux fois), constituant la clé spécifique du message. Il réglait alors ses trois rotors de manière à faire apparaître aux fenêtres les secteurs correspondants aux lettres apparues sur le tableau lumineux. Il pouvait ensuite commencer à frapper sur le clavier d'entrée la suite du texte codé. Le second opérateur relevait alors le texte clair apparaissant sur les voyants du tableau de sortie.

Cette particularité de la structure codée des messages allemands, notamment de la duplication des trois premières lettres chiffrées, fut mise en évidence par les mathématiciens polonais, dès le début des années 1930. Ils purent alors, après l'étude de centaines de messages, établir que la première et la quatrième lettre, la deuxième et la cinquième, la troisième et la sixième lettre du texte codé correspondaient au chiffrement de la même lettre du texte en clair. En analysant les conséquences de cette duplication de lettres, Marian Rejewski s'aperçut alors que, dans plus de 75% des cas analysés, la frappe de ces premières lettres sur le clavier d'entrée n'entraînait un mouvement que sur le seul rotor mobile situé à droite de la machine. Tirant les conséquences de ces deux remarques, Marian Rejewski put alors élaborer une théorie mathématique exprimant le chiffrement des six premières lettres dupliquées systématiquement dans tous les messages allemands. La résolution de ces équations permit ainsi de déterminer le schéma des câblages internes du rotor de droite de la machine. Comme les Allemands changeaient périodiquement l'ordre des rotors, il arriva donc à chacun des rotors de se trouver, à une période donnée, placé à droite de la machine. Il était alors possible de reconstituer ses câblages internes de la même façon. Bientôt la combinaison de son génie mathématique, avec la connaissance de l'apport des documents secrets fournis par Bertrand, permirent d'aboutir à la reconstitution mathématique complète de l'Enigma militaire allemande. Un éminent technicien, Antoni Palluth, ingénieur de la fabrique d'équipements radio électrique AVA à Varsovie, réalisait en parallèle, et à mesure de l'avancement des travaux théoriques de Rejewski, un prototype parfaitement opérationnel, à partir des pièces d'une machine Enigma commerciale. Ce prototype servit d'abord à vérifier les résultats théoriques obtenus, puis servit de base à la fabrication industrielle des répliques de l'Enigma allemande destinées aux Services Spéciaux polonais.


Jean Medrala in DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI, 2013