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Stèle en hommage aux Goumiers marocains, Paris 7e

Légende :

Stèle située place Denys-Cochin, dans le VIIe arrondissement parisien, face aux Invalides. Elle a été érigée à la mémoire des combattants marocains engagés dans le second conflit mondial. Le monument commémore aussi l’appel de 1939 du Roi Mohammed V, Compagnon de la Libération, à soutenir sans restrictions la France qui entrait en guerre.

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Fabrice Bourrée

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Libre de droits

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : Inaugurée le 13 octobre 2015

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris VIIe

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Analyse média

Cette stèle a été inaugurée le 13 octobre 2015 par Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État aux anciens combattants et à la mémoire, Chakib Benmoussa, ambassadeur du royaume du Maroc en France, Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, Mme Bahija Simou, Directrice des Archives Royales, Claude Sornat, président de l’association la Koumia, et Catherine Vieu-Charier, adjointe à la Maire de Paris.

La stèle est en granit rose poli, d’une hauteur de 2,60m et de 25 cm de large. Les mentions sur les 2 faces sont d’une part l’hommage aux Goums et d’autre part l’appel en 1939 de Mohammed V à son peuple pour soutenir la France.

Le monument comprend deux faces :

Sur la première face figure l'inscription en français et en arabe :

"A la gloire des goums mixtes marocains créés à l'instigation du Maréchal Lyautey"
"Aux goumiers, maounines, moqqadmines et à leurs chefs tombés au Champ d'Honneur"
"Leur rayonnement au Maroc, leur fougue dans la reconquête du sol français sous l'impulsion de chefs prestigieux, leurs sacrifices en Extrême Orient, ont inscrit une fulgurante épopée dans les plis de leur drapeau et de leurs fanions" 
"Maroc, Tunisie, Sicile, Corse, Italie, France, Allemagne, Indochine"
"Ziddoul 'gouddam : en avant, était leur devise"

Une Koumia, l'écusson orné du croissant et l'étoile à cinq branches ainsi que les insignes des quatre Groupements de Tabors seront incrustés sur le haut du monument.

Sur la deuxième face figure l'inscription en français et en arabe, tiré de l'appel de Mohammed V, à son peuple pour soutenir la France qui entrait en guerre et lu dans toutes 1es mosquées du Maroc en 1939.
"C'est aujourd'hui, que la France prend les armes pour défendre son sol, son honneur, sa dignité, son avenir et le nôtre, que nous devons être nous-mêmes fidèles aux principes de notre race, de notre histoire et de notre religion.
A partir de ce jour et jusqu'à ce que l'étendard de la France et de ses alliés soit couronné de gloire, nous lui devons un concours sans réserve, ne lui marchander aucune de nos ressources et ne reculer devant aucun sacrifice. Nous étions liés à elle dans les temps de tranquillité et d'opulence et il est juste que nous soyons à ses côtés dans l'épreuve qu'elle traverse et d'où elle sortira, nous en sommes convaincus, glorieuse et grande".


Contexte historique

Les groupements de Goums marocains, dont les Tabors sont issus, sont créés en 1908 par le général d'Amade. Leur participation à la Seconde Guerre mondiale vient de la volonté des officiers des Affaires indigènes de ne pas rester à l'écart des conflits. Après les armistices de 1940, il y eut un camouflage de leurs armes et de leur entraînement et aucun d'eux ne trahit le secret. Le débarquement anglo-saxon du 8 novembre 1942 leur donne, en Tunisie, l'occasion d'affronter pour la première fois un ennemi moderne, les troupes de Rommel, alors qu'ils avaient eu à combattre jusque-là des tribus dissidentes dans les zones montagneuses du Maroc. 

Leur encadrement est français, les officiers recrutent eux-mêmes leurs hommes. Les liens personnels, des relations de confiance et le dévouement aux chefs sont les caractères des Goums. Ils acceptent une discipline stricte mais gardent leurs droits à un genre de vie traditionnel, sans rupture avec la famille, et à leur tenue si particulière : djellaba, crâne rasé, sandales de cuir. Le général italien Magli les surnomme les Capucini armati. Leur adaptation aux conditions de vie et de combat rencontrées lors des grandes campagnes hors d'Afrique du Nord témoigne de la qualité de leur engagement et de leurs qualités propres qui étaient à la fois celles des troupes de montagne et des commandos : la mobilité et la rapidité, le courage, la capacité de supporter une vie très rude. Quinze mille goumiers sont engagés dans ce conflit mondial. 

C'est en juin 1943 qu'est constituée la 4e division marocaine de montagne à l'initiative du général Giraud, en prévision de l'intervention en Corse, puis en Provence. Avec le général Henry Martin, qui allait diriger l'opération Vésuve en Corse, la division est équipée de mulets et d'artillerie de montagne, ainsi que de moyens fournis par les Américains, des jeeps, des camions, et des auto-mitrailleuses. En Corse, les goumiers sont, avec le Bataillon de choc, le fer de lance de l'opération Vésuve, en septembre et octobre 1943. Le 2e GTM compte parmi les premiers éléments débarqués à Ajaccio sous le commandement du lieutenant-colonel de Latour. Les troupes marocaines se distinguent dans la reconquête de Bastia, port tenu par les Allemands depuis le 13 septembre. C'est un Goum du 1er GTM qui entre le premier dans Bastia, le 4 octobre à 1 heure du matin. 

Après la Libération, le 30 novembre 1943, anniversaire du ralliement de la Corse à la France de 1789, les skieurs du 1er RTM conduits par le général Boulangeot vont planter un drapeau tricolore au sommet du Monte Cinto, malgré une tempête de neige.
Les goumiers continuent ensuite à combattre, à l'île d'Elbe en juin 1944, et dans la péninsule italienne, puis dans toute les campagnes menées à travers la France jusquà la défaite de l'Allemagne. Les goumiers ont existé jusqu'en 1956.

 

Hélène Chaubin, "Goumiers, les Goums marocains", in CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007