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"Aux combattants de la Liberté 1944", Tornac (Gard)

Légende :

La stèle visible à la jonction de la D.982 et D.907, sculptée par J.C. Lallement, commémore la bataille de la Madeleine. Représentant une Marianne en armes, elle porte l'inscription "Aux combattants de la Liberté - 1944". Une cérémonie annuelle est organisée le dimanche d'août le plus proche du 25 (date de la bataille de La Madeleine) par l'Association des Guerilleros espagnols FFI Gard-Lozère.

Genre : Image

Type : Stèle

Source : © Mémoire et Résistance dans le Gard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2016

Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard - Tornac

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Contexte historique

Le débarquement réussi sur les côtes de Provence le 15 août, intervenant après celui du 6 juin 1944 sur les côtes normandes, fait naturellement craindre à Hitler l'encerclement par prise en tenaille des forces allemandes situées entre Rhône et Pyrénées.

La retraite de la 19ème armée, baptisée parfois "la colonne de Toulouse", est alors décidée : quelques centaines de milliers d'hommes, plus ou moins bien équipés, démoralisés peut-être mais toujours capables de réactions violentes vont donc se replier. La route de la plaine, trop exposée, étant pour l'essentiel exclue, restent les routes plus secondaires mais où cette fois les Forces françaises de l'intérieur (FFI) sont présentes en nombre à travers la bordure méridionale du Massif Central. Le Gard est naturellement, de par sa situation, une zone de passage obligée : ainsi les soldats de la Wehrmacht tentent d'atteindre soit St-Hippolyte-du-Fort, Anduze, Alès soit Quissac ou Sommières et Lédignan afin de gagner l'Ardèche puis les régions septentrionales par Uzès et Barjac (et éviter le couloir rhodanien pratiquement infranchissable à cette date).

Dans ces conditions, l'état-major régional tente de coordonner l'action des FFI : en fait, l'essentiel des opérations revient souvent à  des initiatives locales, d'ailleurs pas toujours concordantes (ainsi dans la région d'Alès entre les Corps-francs de la Libération (CFL) de D. Magnant dit "Bombyx" et les Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de J. Garnier dit "Barry".

A partir du 21 août, l'évacuation du Gard s'accélère : Alès et Nîmes sont libérées mais des passages plus ou moins importants se poursuivent jusqu'au 24 et toute une série d'accrochages se déroulent autour d'Alès, notamment à St-Christol , aux Tavernes, à Alès même près de l'usine à gaz de l'avenue Carnot. Les grandes villes sont pratiquement évacuées, le nouveau pouvoir installé ; malgré tout, des colonnes ennemies plus ou moins organisées cheminent encore, avec des combats sporadiques, des accrochages au moins jusqu'au 25 août. C'est dans ces conditions que se déroule un des combats mémorables de cette période.

La Madeleine :
Le Gard reçoit du 25 au 27 août les éléments des dernières colonnes en retraite depuis le Sud-Ouest et contraints de se scinder en plusieurs convois : ainsi le 25 , les fuyards, près de 2000 hommes, accrochés sévèrement à St Hippolyte-du-Fort, tentent pour une partie d'échapper au harcèlement mené par les groupes d'Aigoual-Cévennes, abandonnent la route du Nord et se retrouvent près de Tornac, au lieu-dit  "La Madeleine", un point de convergence de voies venant de St-Hippolyte, de Nîmes, de Quissac : une situation idéale pour bloquer l'ennemi puisque c'est la seule issue vers la vallée du Gardon et que les rochers et collines dessinent un vaste arc de cercle dominé par le "castellas" de Tornac et le remblai du chemin de fer de Lézan à Anduze.
Objectif de la mission assignée à Emile Capion dit "Carlo": interdire aux Allemands l'accès d'Alès, libéré depuis le 21 août. D'où la décision d'établir à cet endroit un barrage et de monter une embuscade avec un groupe de Francs-tireurs et partisans FTP composé essentiellement de républicains espagnols de la Main-d'oeuvre imigrée (MOI),  (dirigé par Emile Capion "Carlo" et Miguel Arcas) et des résistants d'Anduze et villages environnants, puis après le déclenchement des attaques, des renforts Corps-francs de la Libération (CFL) et FTP d'Alès, des gendarmes ralliés d'Aigoual-Cévennes, enfin le renfort aérien décidé par la mission militaire interalliée "mission Isotrope" amène le commandant allemand à la reddition : près de cinq cents prisonniers (dont 170 blessés). Du côté des assaillants peu de victimes (trois, semble-t-il).

Un monument au carrefour de La Madeleine perpétue le souvenir de ces journées avec l'inscription suivante :
"Bataille de la Madeleine, 25 août 1944. Ici, les Forces françaises de l'intérieur (FFI) à un contre cent, firent capituler une forte colonne allemande".
Une deuxième stèle commémorative, visible à la jonction des D 582 et D 907, sculptée par J. C. Lallement, représente une Marianne de pierre en armes et porte l'inscription gravée :
"Aux Combattants de la Liberté - 1944"

Les conséquences immédiates : l'exemple de Cardet
Cette petite commune d'environ 500 habitants est située sur la route (D 982)  reliant Anduze par la Madeleine à moins de 2 km. de la RN 110.
La panique a naturellement gagné les troupes ennemies. Ceux qui n'ont pas été faits prisonniers le 25 s'enfuient, comme ils peuvent, où ils peuvent et notamment dans les vignes des environs. C'est ainsi que des jeunes de Cardet, à l'annonce des évènements de la veille,  s'enrôlent dans la Milice patriotique des Francs-tireurs et partisans (FTP) et organisent la chasse aux fuyards malgré un armement dérisoire : Gilbert Boissier [19 ans en 1944, viticulteur retraité de Cardet, (neveu de Sylvain Boissier, président du Comité local de libération de Cardet, puis maire pendant vingt ans de cette petite commune) a fait partie de ce groupe de jeunes qui ont participé avec les Milices patriotiques de Cardet à la capture de 95 soldats allemands]  nous indique que leur petit groupe disposait de trois fusils de chasse et d'un fusil de guerre (attribué au plus âgé !) avec des balles inadaptées ne correspondant pas au fusil ! Mais cela leur suffit, eux qui n'avaient jamais porté un uniforme sinon une arme,  moins de vingt ans,  ils font 95 prisonniers qu'ils enferment dans la cave coopérative,  récupèrent un stock d'armes remis au groupe FTP-MOI : 17 fusils allemands, une mitraillette, huit grenades et des munitions...
Quelques jours après, trois mitraillettes et une Peugeot 301 sont remises au commandement FFI.


Claude Emerique in CD-ROM La Résistance dans le Gard, AERI, 2009