La remise en eau du bassin de radoub de Marseille, août 1945

Légende :

Article intitulé "Grâce à l'effort acharné de tous les travailleurs, la remise en eau du bassin de radoub de Marseille – qui avait été détruit par les nazis à la Libération – a eu lieu hier matin", La Marseillaise, 30 août 1945

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © Collection R. Mencherini Droits réservés

Détails techniques :

Document imprimé sur papier journal.

Date document : 30 août 1945

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Cet article non signé, paru dans La Marseillaise, journal local du Parti Communiste Français, du 30 août 1945, se présente sous la forme d'un compte rendu d'un événement ayant eu lieu la veille, et annoncé par un gros titre en caractères gras, avec le recours aux ressources typographiques habituelles du journalisme (casses et graisses de caractères différentes) : la remise en eau du bassin de radoub de Marseille. L'article est précédé d'un chapeau en caractères gras et d'une attaque qui est un rappel historique, contenant chacun le terme péjoratif "boche", souvenir d'un passé proche et douloureux. Il est structuré en trois colonnes de longueur inégale (avec une photographie insérée à l'intérieur des deux premières), chacune étant délimitée par un intertitre. Celles-ci ont avant tout une valeur informative : description de la cérémonie, personnalités présentes… non sans un rappel de l'effort fourni par les travailleurs. La narration de ces détails est agrémentée d'une suite de chiffres au service de la thèse sous-tendant cet article : le port de Marseille est en train de ressusciter.


Alain Giacomi

Contexte historique

Suite au débarquement du 6 juin, les troupes allemandes commencent le 15 juin 1944 à miner le port, tandis que le 22 août l'ordre est donné de détruire le port : plus de 170 épaves obstruent alors le port et ses différentes passes et bassins, à quoi s'ajoute la destruction de toutes les infrastructures portuaires (quais, grues, hangars, silos, gare maritime,  formes de radoub, pont transbordeur…). Ainsi, la gare maritime de la Joliette, qui ne présentait aucun intérêt militaire, a été entièrement détruite, tandis que les sept formes de radoub, quant à elles, ont subi de graves destructions portant à la fois sur les portes et sur les maçonneries.
Dès le 1er décembre, les Américains confient l'exploitation de la zone sud (bassins de la Joliette, du Lazaret et d'Arenc) à la direction du port, date qui inaugure un travail de collaboration entre les autorités américaines et françaises visant à remettre en fonction les équipements essentiels à la reprise du trafic, tant militaire que commercial : embarquement des troupes américaines, importation d'hydrocarbures, approvisionnement en matières premières, importation de denrées alimentaires… La remise en eau du bassin de radoub de Marseille s'inscrit donc dans une dynamique de la renaissance du port, renaissance qui, comme se plaît à la souligner l'article, doit beaucoup aux efforts fournis par les travailleurs.


Auteur : Alain Giacomi

Sources :

Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi rouge, ombres et lumières. Une histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône de 1930 à 1950, tome 4, Paris, Editions Syllepse, 2014.

"La renaissance du port de Marseille", Notes documentaires et études, n° 213, Ministère de l'Information, 5 janvier 1946.