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"La vérité sur les incidents du 11 novembre", L'Oeuvre, 8 décembre 1940

Légende :

Le 8 décembre, la plupart des journaux de la presse collaborationniste, dont L'Oeuvre ici présentée, publient un communiqué officiel de la vice-présidence du Conseil précisant le bilan des événements du 11 novembre et offrant un démenti formel aux rumeurs relatives aux supposées victimes. 

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Droits réservés

Date document : 8 décembre 1940

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Les imprécisions persistantes sur les événements du 11 novembre 1940 et les rumeurs autour des morts, blessés, déportés incitent Jérôme Carcopino, nouveau recteur de l'académie de Paris, à demander au préfet de police de Paris le 4 décembre 1940 de publier un démenti officiel. 
Les autorités allemandes avaient devancer cette demande et dès le 1er décembre publié un entrefilet dans Paris-Soir : "De source officielle, on inflige un démenti catégorique aux rumeurs diffusées par certains journaux étrangers et d'après lesquels l'arrestation d'un certain nombre d'étudiants français, pour scandale sur la voie publique, aurait été suivie de condamnations, voire de la peine capitale." Il est intéressant de souligner l'appellation de "scandale sur la voie publique" pour qualifier la manifestation. 

Le 8 décembre, la plupart des journaux de la presse collaborationniste, dont L'Oeuvre ici présentée, publient le communiqué officiel de la vice-présidence du Conseil précisant le bilan de ces événements : 
"Lors des incidents du 11 novembre 1940, il a été procédé à l'arrestation de 123 personnes, parmi lesquelles 90 lycéens et 14 étudiants ; 4 personnes ont été légèrement blessées, aucune n'a été tuée. Les autorités allemandes n'ont envoyé devant les tribunaux militaires ni un étudiant, ni un lycéen ; à plus forte raison n'a-t-on procédé à aucune excution capitale...".

Les rapports de police du 12 novembre ne signalent aucun mort mais précisent les noms de trois blessés hospitalisés à Marmottan. Mais plusieurs témoins ont affirmé avoir vu d’autres blessés. Pierre Lefranc, lui-même blessé, a affirmé avoir vu des jeunes gravement atteints. Le communiqué officiel fait état de blessés légers hors l’on soit à la lecture des archives et témoignages que certains durent subir des interventions chirurgicales et que quelques-uns conservèrent à vie des séquelles, comme Jean Colson.

Après la Libération, au moment où l’on cherchait à dresser la liste des victimes de la guerre et de la répression, aucune famille, aucune association, ne signala de disparition liée à la manifestation du 11 novembre 1940.

Pour son étude, Raymond Josse a entrepris des démarches auprès des archives hospitalières et de celles de l’institut médico-légal. Les registres des hôpitaux les plus proches des Champs-Elysées ne mentionnent aucune admission de blessés par balles ou éclats de grenades dans la soirée du 11 novembre 1940, autres que ceux conduits à l’hôpital Marmottan.


Fabrice Bourrée

d'après Raymond Josse, « La naissance de la Résistance étudiante à Paris et la manifestation du 11 novembre 1940 », Revue d’histoire de la deuxième guerre mondiale, no 47, juillet 1962