Rapport émanant des services de police français, 11 novembre 1940

Type : Rapport officiel

Source : © Archives de la Préfecture de Police, B/A 2361 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié de trois pages 

Date document : 11 novembre 1940

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Depuis plusieurs jours l’interdiction de toute démonstration publique à l’occasion du 11 novembre avait été largement annoncée à la population. Toutefois, des mesures ont été prises de mobiliser des effectifs de police à des endroits clés symboliques : Champs Elysées, Palais Royal, Arc de triomphe, ainsi que le Quartier Latin. Ces effectifs mobilisés la veille ont été renforcés le 11 novembre. En effet, la préfecture de police était avisée depuis plusieurs jours par les "renseignements glanés" sans doute par des informateurs, notamment parmi les étudiants que des rendez-vous étaient prévus pour se rendre à l’Arc de Triomphe. L’on sait que le recteur en avait été informé par les services de la police, et ce avant le 8 novembre, et le rapport de police insiste sur l’absence d’indices laissant penser qu’un parti ou mouvement aurait préparé et organisé tant les rendez-vous et avis étaient diversifiés.

Le rapport – en date du jour même - permet de distinguer une attitude plutôt prudente de la police le matin, se contentant de faire accélerer la rotation des Parisiennes et Parisiens, pour éviter tout ce qui aurait pu ressembler à un regroupement ou une manifestation, et conserver à l’avenue son aspect habituel. Dans l’après-midi, le mouvement s’accélère avec une fréquentation plus importante. C’est après la sortie des écoles - ce 11 novembre est travaillé contrairement aux années précédentes - que la situation change. Les jeunes lycéens et étudiants sont plus nombreux, en groupes et pour éviter tout ce qui ressemblerait à une manifestation, la police décide de bloquer l’accès au terre-plein, c'est-à-dire à l’Arc de triomphe et à la tombe du soldat inconnu.

Le rapport semble minimiser les événements ("légère perturbation", "légers incidents") alors que dans le même temps il fait état de l’intervention des troupes allemandes. Mais l’honneur est sauf, c’est pour appuyer la police française sous l’ordre d’un commissaire français que la patrouille allemande a contribué à "impressionner la foule". Un rapport, qui met en valeur son rédacteur, sans doute le directeur de la police municipale, et l’action de la préfecture qui auraient fait de la manifestation annoncée un simple incident vite repris en mains. Nulle trace des coups de feu, ni des arrestations dans ce rapport qui se conclut par l’ordre émanant de l’autorité allemande qui "fut exécuté".

Fait à chaud, ce rapport est parallèle au rapport allemand du même soir, sauf sur deux points: le rapport Margardt mentionne, lui, des défaillances françaises, ainsi que les coups de feu et les arrestations, faites et par les Français et par les Allemands. 


Robi Morder