Olga Bancic

Légende :

Photographie anthropométrique d'Olga Bancic, 18 novembre 1943

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives de la Préfecture de Police de Paris - GB 171 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 18 novembre 1943

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Olga Bancic est née le 10 mai 1912 dans l’empire russe à Kichinev en Bessarabie, territoire conquis par l’armée roumaine en octobre 1917, dans une famille juive, sixième enfant d’une fratrie dont le père est fonctionnaire. Elle travaille dès l’âge de douze ans comme apprentie matelassière. Gréviste, elle subit la répression de la police roumaine et est même emprisonnée trois mois. Mariée à seize ans et demi à Jacob Salomon dit Alexandru Jar, le couple s’installe à Bucarest où elle adhère aux Jeunesses communistes. Elle est de nouveau condamnée à deux ans de prison après avoir été arrêtée durant une manifestation.

À sa sortie de prison, elle émigre vers la France en 1938 où elle reprend ses études à la Faculté́ des Lettres de Paris jusqu’à la déclaration de guerre. Mère d’une petite fille, Dolorès, au début de l’année 1939, elle exerce aussi comme vendeuse dans le magasin de confection pour dames de madame Gelfast rue Monge à Paris (Ve arr.).

En juillet 1943, elle s’engage dans le Premier détachement des FTP-MOI sous le pseudonyme de Pierrette. Selon Boris Holban, elle se voit confier dans un premier temps la responsabilité du service des liaisons au sein du service technique. Par mesure de sécurité, elle met sa fille, Dolorès, en sûreté dans une famille française.

Elle est ensuite chargée de la gestion du dépôt d’armement et du transport des armes et munitions. Elle se rend en personne sur les lieux des actions pour remettre le matériel aux résistants. En juin 1943, elle entrepose les armes dans une chambre au 6e étage du 3 rue Andrieux à Paris (VIIIe arr.) sous le nom de Martin. Elle même réside, au même moment, au 114 rue du Château à Paris (XIVe arr.).

Identifiée depuis le mois de décembre 1941 par la police française, elle est arrêtée le 16 novembre 1943 par six inspecteurs de la BS2 lors d’un rendez-vous avec Marcel Rajman, qui appartient à l’équipe spéciale des FTP-MOI. Elle est torturée par la police française et avoue avoir caché des armes (quatre pistolets et quatre grenades), ensuite confiées aux résistants. En revanche, elle refuse de donner le nom de son contact aux inspecteurs : "Je me refuse de vous donner le pseudonyme de cet homme".

Le 27 novembre 1943, elle est incarcérée à la prison de Fresnes. Elle est la seule femme parmi les vingt-quatre accusés, membres des FTP-MOI, qui comparaissent le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siège rue Boissy-d’Anglas (VIIIe). Elle est condamnée à mort à l’égale de ses camarades, qui sont fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien à̀ Suresnes.

Après une nouvelle perquisition déclenchée au 3 rue Andrieux le 23 mars 1944 par la police française, des grenades, des armes de poing et des explosifs sont saisis. La BS2 identifie la locataire dissimulée sous le nom de Martin, à savoir Olga Bancic.

Elle est envoyée en Allemagne et incarcérée à la prison de Karlsruhe, d’où elle est transférée à celle de Stuttgart le 3 mai 1944. Elle y est guillotinée le 10 mai 1944, le jour de son trente-deuxième anniversaire, suite à sa condamnation à mort par le tribunal du Gross-Paris en février 1944.

Avant d’être exécutée, Olga Bancic jette à travers une fenêtre une dernière lettre, datée du 9 mai 1944, adressée à sa fille. La note jointe, adressée à la Croix-Rouge, précisait (texte dont l’orthographe est corrigée) : "Chère Madame. Je vous prie de bien vouloir remettre cette lettre à ma petite fille Dolorès Jacob après la guerre. C’est le dernier désir d’une mère qui va vivre encore 12 heures. Merci". À sa fille, elle écrit : "Ma chère petite fille, mon cher petit amour. Ta mère écrit la dernière lettre, ma chère petite fille, demain à̀ 6 heures, le 10 mai, je ne serai plus. Mon amour, ne pleure pas, ta mère ne pleure pas non plus. Je meurs avec la conscience tranquille et avec toute la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère. Tu n’auras plus à souffrir. Sois fière de ta mère, mon petit amour. J’ai toujours ton image devant moi. Je vais croire que tu verras ton père, j’ai l’espérance que lui aura un autre sort. Dis- lui que j’ai toujours pensé à lui comme à toi. Je vous aime de tout mon cœur. Tous les deux vous m’êtes chers. Ma chère enfant, ton père est, pour toi, une mère aussi. Il t’aime beaucoup. Tu ne sentiras pas le manque de ta mère. Mon cher enfant, je finis ma lettre avec l’espérance que tu seras heureuse pour toute ta vie, avec ton père, avec tout le monde. Je vous embrasse de tout mon cœur, beaucoup, beaucoup. Adieu mon amour. Ta mère".


Auteur : Guillaume Pollack

Sources et bibliographie :
Archives de la Préfecture de Police, Paris : GB 171, GB 137 (affaire Dawidowicz), GB 93 (Manouchian)
Boris Holban, Testament, Paris, Calmann-Lévy, 1989.
Adam Rayski, L’Affiche rouge, Mairie de Paris, 2009.
Notice "BANCIC Olga [BANCIC Golda, dite Pierrette]" parJean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 8 juin 2019, dernière modification le 18 novembre 2020.