Plaque commémorative du lycée Thiers en hommage aux enseignants et élèves tués pendant le conflit 1939-1945

Légende :

Plaque apposée dans le hall du lycée Thiers en hommage aux enseignants, anciens élèves et élèves victimes du conflit 1939-1945

Genre : Image

Type : plaque commémorative

Source : © archives privées Droits réservés

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

La plaque commémorative apposée dans le hall du lycée Thiers cite quatre professeurs et soixante-deux élèves ou anciens élèves tués pendant la Seconde Guerre mondiale et en Indochine. Le livre d'or du lycée évoque trois victimes du conflit qui ne figurent pas sur la plaque commémorative : Albert Chabanon, Léon Cori et Lucien Roche. Ils ont été ajoutés dans le tableau en album. Les anciens élèves tués en opérations extérieures (Indochine) n'ont pas été traités dans le tableau car leur décès est postérieur à la Seconde Guerre mondiale. Le livre d'or du lycée évoque trois victimes du conflit qui ne figurent pas sur la plaque commémorative : Albert Chabanon, Léon Cori et Lucien Roche. Il n'a pas été possible d'avoir des informations sur Jacques Baillette, requis du STO et mort en Allemagne. Nous n'avons pas trouvé trace du passage au lycée Thiers de Paul Le Tallec qui figure dans le dictionnaire des fusillés du Maitron comme élève au lycée Berthollet d'Annecy. Réfractaire au STO, il rejoint le maquis des Glières et est fusillé par les Allemands le 13 avril 1944. Le rôle d'Albert Chabanon dans la Résistance est retracé dans la notice « Témoignage de Germaine Madon, Rose Provence ». Une notice biographique plus complète lui est consacrée dans le mémorial de Signes.

A partir des renseignements figurant dans le livre d'or et des ouvrages sur la période, on peut retracer le destin des quatre enseignants et de cinquante-sept élèves ou anciens élèves.

Charles Bachaud, professeur de physique-chimie en maths spé de 1936 à 1939 au lycée est mobilisé en 1939. Fait prisonnier le 24 juin 1940, il meurt en Allemagne dans le bombardement qui prépare la libération de son camp.

Pierre Khantine, admis à l'Ecole polytechnique et l'Ecole Normale Supérieure, choisit cette dernière. Agrégé de mathématiques, il enseigne quelques semaines au lycée Thiers en 1940-41 puis est destitué en application du statut des Juifs du 3 octobre 1940. Réfugié avec sa famille en Dordogne, il participe au sauvetage d'enfants juifs. Le 31 mars 1944, il est abattu par la division du général Brehmer qui sévit en Dordogne à cette époque.

Jacques Monod, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, enseigne les lettres classiques en classe préparatoire à partir de 1938. Très investi dans l'aide aux réfugiés de toute nationalité, et dans l'Eglise Réformée de France, Jacques Monod rejoint le mouvement Combat en 1941. Recherché par les services allemands, il ne rejoint pas son poste à la rentrée de septembre 1943 et est destitué le 3 janvier 1944. Réfugié dans le Massif central, il rejoint le maquis. Il est tué en opération à Chaudes-Aigues (Cantal) le 20 juin 1944. (voir notice témoignage d'une directrice d'école membre de Combat)

Henri Pizard, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, professeur d’allemand au lycée de 1935 à 1936 puis de 1940 à 1941 en alternance avec des enseignements à la faculté de lettres d'Aix-en-Provence est membre du Comité national des professeurs, appartenant à la Résistance. Il est tué dans les bombardements de la libération de Marseille en août 1944.

Sur les soixante-deux élèves ou anciens élèves inscrits sur la plaque, plus de la moitié ont été élèves pendant la Seconde Guerre mondiale. Vingt- neuf sont élèves de classe préparatoire, huit sont lycéens. Deux meurent à 17 ans : Georges Bedouk, assassiné à Auschwitz et Jean Pandolfi, qui a rejoint les maquisards de son village de Corse du Sud. On trouve des responsables de la Résistance provençale : Robert Rossi, Levallois, chef régional des FFI fusillé à Signes le 18 juillet 1944. Son secrétaire, Georges Saint-Martin est fusillé au même endroit le 12 août 1944. Le responsable du secteur jeunes du MLN (Organisation Universitaire de Combat puis des MUR puis du MLN) Albert Chabanon ne figure pas sur la plaque. Il a pourtant été élève de classe préparatoire littéraire au lycée Thiers après une scolarité au lycée Saint Charles. Il est fusillé à Signes le 18 juillet 1944 avec son adjoint Guy Fabre et son agent de Liaison Jean Lestrade. Jacques Baillette, élève en 1940-41, requis du STO meurt en Allemagne lors de bombardements. La majorité des victimes tombe comme FFI dans les combats pour la libération de Marseille et du pays ou comme engagés dans l'armée du général de Lattre de Tassigny qui remonte la vallée du Rhône puis continue le combat jusqu’au 8 mai 1945 en Allemagne.


Auteure : Sylvie Orsoni

Contexte historique

Après la Libération, des plaques commémoratives sont apposées dans les établissements scolaires pour rappeler le souvenir des membres de la communauté scolaire victimes du conflit. Elles ne sont pas toujours exhaustives et les noms sont parfois mal orthographiés. Elles ont été rédigées en fonction des renseignements fournis par les familles (lorsqu'elles avaient survécu), les collègues, l'institution. Celle du lycée Thiers n'échappe pas à la règle. Elle témoigne de l'importance et la diversité de l'engagement des élèves et enseignants. Elle rappelle aussi les idéaux qui les ont conduits à faire le sacrifice de leur vie et de leur jeunesse.


Compléments
Comme toutes les plaques commémoratives, des noms sont oubliés. Le livre d'or comprend des approximations. Mais ce document montre à l'échelle d'un lycée l'engagement des enseignants et des élèves lors de la Seconde Guerre mondiale :

Elèves ou anciens élèves du lycée Thiers tués pendant la guerre 1939-1945





Auteure : Sylvie Orsoni

Sources
Echinard Pierre, Orsoni Sylvie, Dragoni Marc, Le lycée Thiers, 200 ans d'histoire, Aix-en-Provence, Edisud, 2004.
Mencherini Robert, Vichy en Provence, Midi Rouge, ombres et lumières, tome 2. Paris, Syllepse, 2009.
Mencherini Robert, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Mencherini Robert, La Libération et les années tricolores (1944-1947) Midi rouge, ombres et lumières. 4, Paris, éditions Syllepse, 2014.
https://maitron.fr/spip.php?