Touristes et planeurs à Vassieux-en-Vercors

Légende :

Groupe de personnes devant la carcasse d'un planeur DFS 230 à Vassieux-en-Vercors.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © Archives Vassieux-en-Vercors Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc, 8 cm x 10 cm.

Date document : Vers 1950

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vassieux-en-Vercors

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Analyse média

La photo présente plusieurs centres d'intérêt : les personnes, le lieu, les carcasses. Le groupe qui entoure le fuselage d'un planeur DFS 230 est constitué de civils. Leur habillement permet de dater le cliché. Pantalons, longueur des jupes, corsages, chaussettes, chapeaux, casquettes sont typiques des années 1940, 1950. Les hommes sont endimanchés, comme en témoignent la cravate, le gilet. Ces habits sont portés lors de festivités, de voyages. On peut penser qu'ils constituent la garde-robe du monde paysan ou ouvrier. Il doit faire chaud car la tenue est légère et on a « tombé » la veste. Ce groupe, souriant semble effectuer une sortie dans le Vercors et particulièrement à Vassieux. Ce peut-être aussi une réunion de famille dans une maison voisine. À l'issue d'un repas, moment privilégié maintenant que la nourriture est plus abondante et variée, le groupe est allé voir les vestiges des planeurs. Que traduisent ces sourires autour et sur les engins qui symbolisent le massacre de juillet 1944 ?

Les carcasses des planeurs ont été regroupées en plusieurs endroits. L'amas le plus important se situait à l'est du village. Au loin, on distingue les falaises situées au niveau du Pas du Pré. Les jeunes filles sont assises dans un fuselage de DFS 230. De ce dernier, il ne subsiste plus que la structure métallique du fuselage, l'entoilage ayant disparu après avoir été incendié par les Allemands lors de leur départ du Vercors en août 1944.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

La photographie permet d'aborder deux sujets. Le premier est celui de l'engin qui symbolise le drame vécu par la commune de Vassieux-en-Vercors les 21 et 23 juillet 1944. Ces jours-là, deux groupes de planeurs, l'un ayant décollé de l'aérodrome de Lyon-Bron le 21, l'autre de celui de Valence-Chabeuil-La Trésorerie, le 23, ont atterri sur le territoire de Vassieux. Des combats acharnés ont abouti à la mort de Résistants et de civils ainsi qu'à la destruction du village. Cette opération aéroportée est devenue un symbole de la Résistance dans le Vercors au point d'occulter souvent les autres actions et drames qui se sont déroulés sur le massif et dans le département de la Drôme.

Le deuxième intérêt réside dans l'appropriation de cet événement par la mémoire. Très rapidement, après la guerre, le Vercors est devenu un lieu de pèlerinage pour la Résistance. Des cérémonies commémoratives ont été organisées les jours anniversaires des événements tragiques. Elles perdurent. Une forme de tourisme historique a pris naissance. Le Vercors est devenu un but de sorties familiales, de voyages scolaires. Pendant de nombreuses années, l'amas de carcasses de planeurs constitua un site très fréquenté alors que n'existait ni musée, ni mémorial, ni plaques et stèles consacrés aux événements de juillet 1944. C'est dans ce cadre historique que l'on peut situer la photographie. Actuellement, il ne reste plus, à Vassieux, que quatre vestiges de planeurs, trois de DFS 230 et un de Gotha 242. Ce dernier se situe près de la nécropole. Il est difficile d'imaginer ce type de planeur lourd car ce n'est qu'un élément du poste de pilotage qui est scellé sur un poteau. Il côtoie un fuselage de DFS 230. Les deux autres fuselages de DFS 230 sont visibles devant le musée de la Résistance et près de l'église de Vassieux. Dans le village, l'action dévastatrice de ces aéronefs est rappelée par le nom d'une avenue : l'avenue des planeurs. Il est rare qu'une rue porte le nom d'un engin de mort. À contrario, Taille-crayon, la piste d'atterrissage aménagée par la Résistance dans le cadre du Plan Montagnards, n'a droit à aucune plaque indicatrice, alors qu'elle était située à l'orée du village. Est-ce parce que l'on a trop souvent rapporté qu'elle avait servi pour l'atterrissage des planeurs allemands que l'on ne veut pas en garder le souvenir ? Cette rumeur n'est pas fondée car les planeurs d'assaut ont pratiquement tous atterri en dehors de la piste. Tout cela démontre la rémanence du souvenir du drame de juillet 1944.


Auteurs : Alain Coustaury