Gabriel Thierry

Légende :

Gabriel Thierry, chef du service de sabotages ferroviaires de Libération-Nord

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives privées Abel Thierry Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc, extraite du CD-ROM La Résistance dans l’Aube.

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Aube

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Analyse média

Photographie analogique en noir et blanc.


Contexte historique

Fils de cheminot, Gabriel Thierry naît le 12 août 1896 à Chaumont (Haute-Marne). Après une brillante guerre de 1914 à 1918 au cours de laquelle il est blessé en juin 1918 dans l'Aisne, quatre fois cité et fait chevalier de la Légion d'honneur, il devient lui-même employé des chemins de fer en 1919. Très vite, il s'intéresse à la politique et adhère au parti socialiste SFIO en 1932, assumant quelques années plus tard les fonctions de secrétaire fédéral dans la Marne. À la fin des années 1930, Thierry est promu sous-inspecteur au sein de la SNCF, ce qui l'amène à s'installer définitivement dans l'Aube.

Mobilisé en 1939 comme lieutenant d'infanterie, il entend l'appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 avant d'être démobilisé le 10 août.
Le 14 juillet 1941, la police française opère une perquisition à son domicile, ayant été signalé par la préfecture de la Marne comme un militant communiste dangereux et très actif. Il proteste avec énergie contre ces accusations et réussit à échapper à l'arrestation.
Il entreprend alors de grouper autour de lui des gens sûrs décidés à poursuivre la lutte et fonde un réseau de renseignements et de sabotage. Ce réseau rattaché plus tard à l'Organisation civile et militaire (OCM) puis à Résistance-Fer entreprend aussitôt la lutte contre l'occupant dans la région de Châlons-sur-Marne. L'organisation agit principalement sur le réseau ferré dont Gabriel Thierry, devenu inspecteur au PC Traction SNCF de Troyes, connaît parfaitement toutes les ressources.
À partir de l'hiver 1941-1942, Gabriel Thierry fournit des renseignements sur les transports militaires allemands. Il est alors immatriculé à l'organisation France combattante sous le pseudonyme de "Château".
Dans la nuit du 3 au 4 juillet 1943, avec le commandant Cowburn ("Germain") de l'Intelligence Service, il organise un sabotage de machines à Troyes qui aboutit à la destruction partielle de treize locomotives. La Gestapo, qui a réussi à déterminer le rôle de Gabriel Thierry dans cette affaire, tente de l'arrêter le 2 août 1943. Il parvient à s'enfuir et à gagner Paris sous le nom de Marcel Mismer.
Le 12 août 1943, il entre au mouvement de résistance Libération-Nord comme chef du service de sabotages ferroviaires. Sa responsabilité porte sur quarante départements de l'ex-zone Nord où il constitue des équipes de sabotage dans bon nombre de localités.
Le 30 novembre 1943, la première opération concertée a lieu simultanément à Châlons-sur-Marne, Saint-Dizier, Conflans et Nancy et obtient l'endommagement et la destruction de 35 machines. Les attentats contre les machines se succèdent ensuite jusqu'en mai 1944 portant sur 130 locomotives.
Parallèlement, Gabriel Thierry organise ou réorganise les forces de Libération-Nord dans l'Aube, la Marne, la Haute-Marne, les Ardennes, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort où il est connu sous le nom de "Marcel". Par ailleurs, il est désigné comme président du comité delibération de l'Aube en décembre 1943. 
Le 25 mai 1944, il rejoint l'Aube, constitue des maquis et le 10 juin met deux compagnies au service du chef départemental FFI. Il réorganise le service Résistance-Fer du département et le 7 juin, commande une série de 210 sabotages aboutissant à la mise hors service de la quasi-totalité des voies ferrées de la région.
Le 25 août 1944, il participe à la libération de Troyes et le 26 s'installe à la préfecture où le préfet peut se présenter le lendemain.

Après la Libération, Gabriel Thierry est président du CDL et élu maire de Sainte-Savine de 1944 à 1971. Cofondateur avec Germain Rincent du quotidien Libération-Champagne en septembre 1945, il devient PDG adjoint du journal.
Fait compagnon de la Libération par décret du 20 janvier 1946, titulaire de la médaille de la Résistance, il se présente aux élections du 2e canton de Troyes comme candidat socialiste. Après son élection, il prend la tête du conseil général de l'Aube avant de s'en écarter volontairement en mars 1949.
Après une interruption de mandat en 1951, il participe à la réorganisation de la section locale de la SFIO dont il intègre la commission exécutive.
En 1964, il revient siéger au conseil général. Malade, il doit abandonner ses fonctions et décède le 7 août 1972 au centre hospitalier de Troyes. Il est inhumé à Sainte-Savine.


Sébastien Touffu, " Gabriel Thierry " in CD-ROM la Résistance dans l'Aube, AERI, 2010.