Romans-sur-Isère après les combats du 27 août 1944

Légende :

Seconde libération de Romans-sur-Isère : le café Mondon à l’angle de la rue Jacquemart et de la place du maréchal Pétain et les immeubles avoisinants ont été incendiés lors de l’attaque allemande, le 27 août 1944.

Genre : Image

Type : Libération

Source : © ADD, Collection Pierre Vincent-Beaume Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique.

Date document : certainement pas avant le 30 août 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

C’est au cours des évènements de ce que l’on appelle « la deuxième libération de Romans ».

Le 27 août 1944, un résistant, embusqué dans l’immeuble à l’angle de la rue Jacquemart et de la place du maréchal Pétain, au-dessus du café Mondon, mitraille les Allemands qui envahissent la ville. En représailles, les Allemands incendient plusieurs immeubles du quartier abritant des commerces au rez-de-chaussée. On lit l’enseigne, CAFÉ BLAYZAT ÉLIE MONDON. Des bacs à fleurs entourent la terrasse du café. Les passants sont rares. 


La date exacte du cliché n’est pas connue. La photo n’a certainement pas pu être prise avant le 30 août 1944.


Auteur : Jean Sauvageon

Contexte historique

La ville a été libérée par les résistants le 22 août 1944. À la fin de la bataille de Montélimar, le 27 août, pour permettre le dégagement d’une voie de retraite à l’est de la vallée du Rhône, la Kampfgrüppe du Major Thieme est chargée de reprendre Romans-sur-Isère et Bourg-de-Péage.

Le 27 août 1944, les Romanais et les Péageois vivent heureux leur premier dimanche de libération. Vers 13 h, Romans et Bourg-de-Péage reçoivent les obus de trois colonnes allemandes qui convergent par les routes de Valence, Besayes et Tain. Des postes FFI (Forces françaises de l'intérieur) munis d'armes légères gardent l'entrée de Romans, quartier des Récollets, sur la route de Tain, et l'entrée de Bourg-de-Péage, à la Maladière, sur la route de Valence. Que peuvent-ils contre dix chars, deux batteries d'artillerie et des éléments d'infanterie motorisée ? 


A la Maladière, les FFI se battent héroïquement. Au milieu des cruautés de la guerre, un geste d'humanité : l'un des « terroristes » a été gravement touché à la tête, trois soldats allemands achèvent les blessés et lui tirent encore trois balles ; survient alors un officier qui condamne le geste et veille à l'évacuation du maquisard vers l'hôpital de Romans.

Ces forces allemandes paraissent considérables aux Romanais et Péageois apeurés. Un témoin indique la présence de 70 chars. Romans connaîtra-t-elle le même sort que le Vercors ? Les Romanais fuient leur ville ou se cachent. Un franc-tireur, embusqué au-dessus du café Mondon, à l'angle de la rue Jacquemart et de la place du Maréchal Pétain (actuellement Jean Jaurès) a mitraillé l'envahisseur. Le café est incendié comme d'autres bâtiments, les fumées des sinistres sont telles que, des collines environnantes, des observateurs pensent que la ville brûle. Des magasins sont pillés et des otages sont rassemblés au café Glacier, au centre de la ville. Leur salut viendra des blessés allemands capturés lors des combats de la Libération, le 22 août. A 16 h, le major Thieme lui-même se rend à l'hôpital et les interroge. Curieusement, ils attestent avoir été capturés par des troupes régulières, la présence, à leur côté, de deux blessés américains donne un semblant d'authenticité à leurs propos. L'officier en tient compte et affirme que des représailles seront évitées à la ville. Effectivement, aucun otage ne subira de sévices, quelques-uns s'échappent.

Les Allemands se livrent à plusieurs reconnaissances le long de l'Isère, en direction de l'est. Sur la rive gauche, ils ne semblent pas avoir dépassé Saint-Nazaire-en-Royans : c'est dans ce contexte qu’ils abattent Victor Boiron, un des responsables de la résistance romanaise. Sur la rive droite, ils atteignent Saint-Paul-lès-Romans et interrogent les habitants pour connaître l'existence de gués permettant de franchir l’Isère. Simone Abbat est exécutée par l'une de leurs patrouilles.

Les Allemands qui occupent de nouveau Romans ont pour mission d'assurer la protection du flanc droit de leur armée en retraite dans la vallée du Rhône contre une offensive des Américains venant de Grenoble. Ce n'est pas le cas, car ces derniers ont choisi de progresser directement vers Lyon qu'ils atteignent le 29 août. Ce jour-là, les Allemands installés à Romans ont déjà reçu l'ordre de battre en retraite le lendemain. Le collège, où restent entreposés des munitions et du matériel, est incendié, le Pont Vieux est miné et saute. Le 30 août, les Allemands détruisent le Pont Neuf avant de quitter la ville, vers 11 h 30, sans être accrochés par les Américains ou les résistants. Une partie de la colonne allemande prend la direction de Beaurepaire, une autre rejoint Tain-l’Hermitage. Les FFI et les Américains entrent dans la ville au milieu de l'après-midi mais cette seconde libération se déroule dans un climat bien différent de la première, les rues sont désertes, les Romanais ont fui ou sont restés traumatisés par le retour d'une unité allemande organisée et disciplinée.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007 (notice Laurent Jacquot). Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, La libération de Romans et de Bourg-de-Péage. Pierre Balliot, Le Chaudron.