Message de Georges Bert

Légende :

Deux pages de La Mare au diable de George Sand où Georges Bert a laissé un message émouvant à ses parents, avant d’être exécuté.

Genre : Image

Type : Lettre

Source : © Musée de la Résistance de Romans-sur-Isère Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique d’un livre exposé dans une vitrine au Musée de la Résistance de Romans-sur-Isère.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Tain-l’Hermitage

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Analyse média

Georges Bert, avant d’être exécuté sauvagement par les miliciens, réussit à laisser un message émouvant à ses parents.

Georges Bert après son arrestation par les Allemands est enfermé dans une salle de l’école de filles de Tain-l’Hermitage. Pour laisser un message à ses parents, il prend un livre dans la bibliothèque, c’est La Mare au diable de George Sand. Sur quatre pages, dans les marges du haut et du bas, il écrit son texte très émouvant.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Alors que la Bataille dite de Montélimar est en cours, les troupes allemandes commencent leur retrait par la vallée du Rhône. Les résistants les harcèlent. Postés, depuis le 22 août, sur les collines, au-dessus des vignobles de Chapoutier à Tain-l’Hermitage, dominant les voies de circulation (RN 7 et voie ferrée). Ils attendent le moment favorable pour attaquer Tain. Mais la garnison allemande est renforcée par les troupes et quelques blindés remontant la vallée du Rhône. Le nombre et l’armement des résistants sont bien inférieurs à ceux de leurs ennemis qui ripostent. Les armes allemandes sont efficaces et dangereuses pour les FFI (Forces françaises de l'intérieur). Ce sont celles d’une armée en repli et non en déroute.

Craignant un encerclement, le 23 août, au matin, le commandant Vuchot ("Noir") ordonne un repli général. La section Imbert ("Georges") devait rester cependant à la crête, au-dessus de la chapelle. À partir de 12 h 30, le commandant "Noir" est informé régulièrement de la montée des Allemands vers la chapelle. Inquiet de l’absence de réaction des résistants qui aurait dû riposter, il décide d’envoyer quelqu’un voir ce qui se passe. Georges Bert, un jeune combattant de 23 ans, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, est volontaire. 


Au cours de sa progression, il est surpris et capturé par les Allemands. Il est descendu à Tain où les Allemands le livrent à la Milice française. Il est enfermé dans une salle de l'école. Il prend un livre dans la bibliothèque, c'est La Mare au diable de George Sand. Avec un bout de crayon trouvé sur une table, il y écrit une lettre émouvante à ses parents. Alors qu’on l’emmène, croisant le directeur de l’école, il lui dit : « N’oubliez pas de lire La Mare au diable ».

Georges Bert va être assassiné par un milicien qui, ensuite rejoint ses camarades en brandissant la montre volée à sa victime, en criant : « Je viens encore de m’en faire un ! ». On retrouvera le corps de Georges Bert pendu à un crochet de boucher, les mains liées dans le dos, aux abattoirs de Tain.

Lettre de Georges Bert à ses parents :

Vendredi 25 août

Mes chers parents,

Je vais essayer de retourner à la Kommandantur cet après-midi... Je redirai encore que c'est le hasard seul qui a fait que j'ai servi de commissionnaire aux dissidents que je ne connaissais pas.

Je n'ai peur de rien, même pas de la mort, car, de ma vie, je n'ai rien à me reprocher.

Je suis triste quand je pense à mes parents... à ma maman chérie. Si je dois mourir, je penserai à eux et je leur dis de vivre avec mon souvenir et de finir paisiblement leur vie, en soulageant ceux qui souffrent. Votre fils qui vous aime et qui pense à vous.

À remettre à Madame et Monsieur Bert Albert. Saint-Donat (Drôme)

Après la guerre, le livre a été remis à ses parents. Ils l’ont déposé au Musée de la Résistance, à Romans où il est exposé. Une voie de l’agglomération de Saint-Donat porte le nom d’Avenue Georges Bert.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Musée de la Résistance de Romans-sur-Isère. Fédération des Unités Combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l’Amour de la France. H. Chosson, M. Desgranges, P. Lefort, Drôme nord, terre d’asile et de révolte.