Insigne du bataillon Liberté (MNPGD)

Légende :

Après le 25 août 1944, les combattants du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés de la Région parisienne sont regroupés dans le bois de Boulogne sous les ordres du colonel Roger Pelat et forment le bataillon Liberté fort de 400 hommes répartis en deux compagnies. 

Genre : Image

Type : Insigne

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Insigne à broche 39,2 X 40 mm

Date document : Fin août 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Analyse média

Sur fond de drapeau tricolore, une main brise la chaîne, symbole de l'oppression. 


Contexte historique

En dépit de la fusion des organisations de prisonniers de guerre, chaque groupe conserve pendant les mois qui précèdent la Libération une relative autonomie. Les effectifs, de manière générale, ne sont pas amalgamés, et gardent un commandement distinct. L'encadrement n'est donc pas réellement modifié, par la fusion, mais il est complété, car le nombre de militants - comme ceux des autres mouvement, augmentent rapidement au cours de ces derniers mois. Ils atteignent près de 2.000 hommes à la Libération, dont les trois-quart proviennent du CNPG. Ainsi, chaque adjoint parisien s'occupe des groupes de son mouvement d'origine, et détient une responsabilité supplémentaire : Thevenin contrôle une partie de la propagande et le service de faux-papiers, Edgar Morin s'occupe de la propagande pour Paris, ainsi qu'en direction de la Wehrmacht, Beauchamp coordonne la lutte contre le STO -il met ainsi la main sur un important fichier de requis- et effectue de nombreuses liaisons. Parallèlement, Jean Munier assure la sécurité des membres de la direction nationale, tout en animant des groupes essentiellement destinés à intervenir lors des combats de la Libération, mais parfois engagés dans l'action armée dès le printemps. Il organise ses groupes francs en huit unités à Paris même. Chaque groupe comporte cinq ou six combattants, équipés de Stens et des grenades provenant des caches de Levallois et des abords du canal Saint-Martin, et motorisés.

A ces groupes, il faut ajouter la formation d'une quarantaine d'hommes organisée par Napoléon Trinel dans Nord-Ouest de Paris, qui se livre dans les mois précédant la Libération au harcèlement de convois de matériel allemand (Bezons-Argenteuil- Colombes, Gennevilliers, Puteaux…). Officiellement rattaché aux groupes de Munier, le "Groupe Napoléon" reste cependant très autonome. Les autres groupes issus du RNPG -les groupes de Rippert- continuent quant à eux leur missions de propagande et de noyautage. Ils n'interviennent que de manière disparate dans la lutte armée, dans les dernières semaines de la Libération. Le plus nombreux de ces groupes, sur la rive droite de la Seine, est encadré par des démissionnaires de la Maison du Prisonnier et des Centre d'Entraide de Paris, anciens militants de la CGT du Livre. Robert Antelme anime également un groupe, jusqu'à son arrestation, le 1er juin. Les groupes provenant du CNPG sont confiés par Bugeaud à Thévenin (Paris-Nord), et à Alkan (Paris-Sud). Une femme, Anita Cazenave, est par ailleurs chargée d'organiser la résistance des femmes de prisonniers de la région parisienne. Parmi les 500 militants que compte le CNPG au moment de la fusion quelques dizaines sont organisés en groupes francs bien armés, menés par Dupont et Jacquet. Avant le 6 juin leur activité principale est le transport d'armes, de la province vers Paris. A partir du 6 juin, ils harcèlent les convois allemands qui traversent la région parisienne.

Le MRPGD, pour sa part, dispose d'un Corps-Franc dans le sud de Paris, dirigé par Durand ("Champion") – une cinquantaine d'hommes en mars, plus de 170 à la Libération. Son PC est situé rue Clauzel, dans le IXe, et il est divisé en petits sous-groupes très mobiles, qui harcèlent les convois de matériel allemand et récupèrent des armes. A partir du 6 juin, le Corps-Franc multiplie les coups de main, tant sur le matériel que les personnels allemands, en collaboration avec les autres groupes -moins armés- dépendant d'Edgar Morin. L'ensemble représente, à la Libération, environ 300 militants.

L'activité de ces Corps et Groupes-Franc provenant des trois mouvements, d'abord autonome, est progressivement coordonnée et encadrée par Pelat. "Le colonel Patrice", en étroite liaison avec Bugeaud et Thévenin, parvient dans les dernières semaines combat à réaliser un commandement unifié des effectifs paramilitaires du MNPGD. Son PC est situé rue Campagne Première (XIVe), puis, après la trêve, au 44 avenue des Champs-Elysées. Le 15 août, l'ensemble des effectifs du MNPGD participe à la diffusion par affiche de l'appel à la mobilisation générale. Le mouvement s'acquitte avec succès de la libération de plusieurs bâtiments officiels dont il était chargé : la Maison du Prisonnier place Clichy (19 août) ; les bureaux de l'administration Bruneton (STO) où s'installe François Mitterrand, devenu secrétaire général aux Anciens Combattants ; l'immeuble du Commissariat général aux prisonniers de guerre, rue Meyerbeer, l'ambassade Scapini, rue Cortambert… Après la trêve, les groupes armés du MNPGD interviennent en de nombreux points de la capitale et de la banlieue, notamment au Pont-Cardinet, aux Batignolles, aux mairies des Xe et XVIIe, à Notre-Dame de Lorette (où un chef de groupe est tué) au central téléphonique de la rue des Archives, à Beaubourg, à Belleville, autour de Genevilliers, de Champigny…

Forme de reconnaissance de la participation de ses membres à la Libération, le Comité Directeur du MNPGD, à la suite de François Mitterrand, participe avec les membres du Conseil national de La Résistance à l'accueil du Général de Gaulle à l'Hôtel-de-Ville le 25 août. Pour certains militants du mouvement, le combat ne s'arrête pas avec la Libération de la capitale. Le 26 août en effet, Pelat rassemble ceux des volontaires armés du MNPGD disposés à s'engager dans l'armée de Libération "pour poursuivre l'effort de guerre jusqu'à la victoire finale" : 400 hommes viennent ainsi constituer, aux abords du Château de Madrid dans le Bois de Boulogne, le bataillon Liberté, dont les membres signent engagement pour la durée de la guerre. Ils rejoindront, par divers canaux, l'armée De Lattre. 


Johanna Barasz, "Le MNPGD et la libération de Paris" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.