André Carrel

Légende :

André Carrel, secrétaire général du FN en Ile-de-France, représentant du FN au Comité parisien de Libération, vice-président du CPL

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Contexte historique

André Hoschiller naît le 12 août 1911 à Paris (XVIIIe arrondissement) dans une grande famille bourgeoise. A sa mort en 1934, son père, journaliste versé dans la diplomatie et les affaires économiques, était secrétaire général du Comité des Forges. Sa mère s'intéresse plutôt aux activités muséographiques et artistiques.
Devenu étudiant en philosophie, André Hoschiller adhère aux Jeunesses communistes en 1933 à l'occasion d'une manifestation commémorative de la Commune de Paris, puis entre au PCF l'année suivante. Il est rapidement appelé à d'importantes responsabilités au sein de l'Union fédérale des étudiants (UFE) dont il devient rédacteur en chef de l'organe L'Étudiant qui succède à L'Étudiant d'avant-garde après la victoire du Front populaire. Fin 1936, il entre aussi à la rédaction du Peuple (organe de la CGT) dont, un an plus tard, il assure la rubrique internationale sous la direction de Maurice Harmel. En 1936, également, il participe au 1er Congrès mondial de la Jeunesse, tenu à Genève du 31 août au 7 septembre. Promu secrétaire du bureau du Mouvement mondial de la Jeunesse après avoir été celui de son Comité national français, il consacre alors une grande partie de son temps à cette organisation : nombreux voyages en Roumanie, Bulgarie, Hongrie et Yougoslavie dans les années 1937-1939, organisation du Rassemblement européen de la jeunesse, le 15 août 1937, au stade de La Courneuve, préparation du deuxième congrès du mouvement, tenu à New York un an plus tard ... Avec Maurice Harmel, il est alors l'un des rares journalistes du Peuple à s'opposer aux accords de Munich.
A sa démobilisation, il retrouve le contact avec le PCF dès septembre 1940. Demeuré "légal" -grâce à un dispositif mis en place par sa mère-, il participe aux activités clandestines du PCF - en particulier la diffusion de L'Humanité - et, surtout, de son Organisation spéciale (OS). C'est dans cette période qu'il prend le pseudonyme de "Carrel". Un temps coupé de son réseau, il est récupéré par Robert Chagneau qui, courant 1942, l'envoie en Seine-et-Marne pour y reconstruire l'appareil du PCF ravagé par la répression. Désormais clandestin, il assume cette responsabilité départementale avec efficacité, contribuant, notamment, au lancement du Patriote de Seine-et-Marne (avril 1943), organe du Front national (FN).
A la mi-janvier 1944, un rapport de la direction interrégionale du PCF - interrégion 6 (Seine, Seine-et-Marne et Seine-et-Oise) voit en lui "un de nos meilleurs régionaux du P" et, estimant que le remplacement de l'écrivain Charles Streber, responsable du FN de l'Ile-de-France tombé fin octobre 1943, "n'a pas été concluant", annonce, "pour la bonne marche du FN dans la RP", l'installation d'André Carrel à ce poste [rapport en date du 14 janvier 1944 (MRN)]. Début février 1944, ce dernier devient donc secrétaire général du FN francilien qu'il anime en rapports étroits avec ses homologues du PCF (Raymond Bossus) et de l'Union des syndicats de la région parisienne (André Tollet) pour lesquels il est "Vallès". Dès la fin de ce mois, il rédige un rapport détaillé sur l'état d'organisation de ce mouvement, pointant notamment l'attitude sectaire de certains dirigeants locaux et le défaut de cadres non-communistes. Il s'intéresse tout particulièrement à la parution régulière de l'organe interrégional du FN, La Marseillaise, fondée en juin 1943 par Charles Streber.
Au printemps 1944, il supervise le dédoublement de l'interrégion parisienne du FN en une Inter 6 (Paris rive-gauche, Sud, Ouest et Seine-et-Oise) et une Inter 6 bis (Paris rive-droite, Nord, Est et Seine-et-Marne), l'une confiée à Raoul Sellier, l'autre à Robert Deloche semble-t-il. Dans le même temps, il suit de près la réorganisation du réseau implanté à la préfecture de police à Paris dont le fondateur, Arthur Airaud, est tombé en février 1944 : sous la direction de Serge Lefranc, le FN de la Police, bientôt assorti d'un FN de la Gendarmerie, connaît un essor remarquable.
Parallèlement, depuis février 1944, André Carrel représente le FN au bureau du Comité parisien de Libération (CPL) que préside André Tollet. Epaulé par Armand Obadia, il anime la commission "presse, radio, information", notamment chargée du Patriote parisien, organe du CPL, puis, à partir du 7 avril 1944, préside la commission militaire du CPL, chargée de recenser et de répartir les dépôts d'armes. A ce titre, à partir du 6 juin 1944, il négocie avec les états-majors FFI de la Seine - Jean-Pierre Teissier, baron de Marguerittes ("Lizé") - et de la région parisienne - Henri Tanguy ("Rol") - comme avec la Délégation générale du CFLN (Jean Mons et Alexandre Parodi), la coordination des opérations pré-insurrectionnelles sous l'égide du CPL.
A partir de la mi-juillet 1944, il bénéficie de rapports plus étroits avec les FTP, Albert Ouzoulias l'ayant rejoint aux côtés de Raymond Bossus et d'André Tollet au "carré" interrégional voulu par la direction du PCF. En outre, il rencontre régulièrement Auguste Gillot, instructeur du PCF chargé de "suivre" l'Ile-de-France, qui, courant juin-juillet 1944, l'aide à mettre en place un comité directeur du FN francilien dont les premières recrues sont le lieutenant-colonel Capdevielle, commandant en chef de la gendarmerie d'Ile-de-France et Paul Fleurot, ex-sénateur socialiste de la Seine.
Ce triple mandat (CPL, "carré", FN) porte donc André Carrel à prendre des décisions d'importance qu'appellent aussi bien les compromis centraux que la pression du terrain. C'est lisible, notamment, au chapitre de la participation de la police et de la gendarmerie à la mobilisation pré-insurrectionnelle. Le 30 juillet 1944, André Carrel ordonne ainsi à Serge Lefranc de collaborer avec le colonel Henri-Martin qui, la veille, a présenté à la commission militaire du CPL ses mandats de délégué du GPRF pour la prise des ministères et a accepté le lieutenant-colonel Capdevielle comme adjoint pour la gendarmerie. Inversement, confronté quatorze jours plus tard à la décision prise par le comité directeur du FN de la Police de lancer la grève générale pour le 15 août 1944, André Carrel prend la responsabilité de donner son aval à Serge Lefranc. Au cours des journées insurrectionnelles, il participe à toutes les séances du bureau du CPL. Il est de ceux qui accueillent à l'Hôtel de Ville, le 24 août 1944, les premiers éléments de l'armée du général Leclerc, puis, le lendemain, le général de Gaulle.
Jusqu'aux élections municipales du printemps 1945, André Carrel est accaparé par les tâches du CPL dont il est l'un des vice-présidents, assumant notamment les fonctions de syndic. Les 18-19 novembre 1944, toutefois, il ouvre aux Lilas le premier congrès francilien de l'association FN légale qui succède au mouvement de résistance clandestin. Mais il s'investit surtout dans les activités journalistiques. En tout premier lieu à La Marseillaise francilienne, hebdomadaire tirant à plus de 100.000 exemplaires dont André Carrel impose le titre à son homologue britannique. Puis, à partir de novembre 1945, au quotidien Front national où il succède comme rédacteur en chef à Jacques Debû-Bridel, limogé un mois auparavant. A la disparition de ces journaux, fin 1946, André Carrel entre à L'Humanité comme chef de la rubrique politique, promu ensuite rédacteur en chef adjoint de l'organe central du PCF.
Parallèlement, il siège au conseil municipal de Paris dont il est devient le premier vice-président, suite à son élection au printemps 1945 dans le XVIe arrondissement sur une liste commune aux XVIe, VIIIe et XVIIe arrondissements conduite par Juliette Môquet. Mais l'exercice de ces mandats ne le passionne guère. En 1949, il rejoint Marseille où il est le rédacteur en chef du quotidien La Marseillaise jusqu'en 1952.
De retour à Paris, en compagnie, notamment, de Francis Crémieux et de René Andrieu, il participe aux émissions sur l'actualité sociale et politique (en particulier les actions pour la libération d'Henri Martin) diffusées par Ce soir en France, radio des "Voix de la paix", association dirigée par Daniel Tartakowsky. En 1956, à la demande de Marcel Servin, André Carrel devient rédacteur en chef de L'Humanité-Dimanche, poste qu'il occupe jusqu'à son départ à la retraite en décembre 1981. Il est alors vice-président du syndicat de la presse hebdomadaire parisienne aux côtés de Georges Montaron.
Par la suite, après un passage dans l'Hérault, il s'installe à Bagneux et milite aux Amis du musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), association qu'il préside depuis le décès de son ami André Tollet, le 24 décembre 2001.
André Carrel est décédé le 17 décembre 2011.


Daniel Virieux in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004