Extrait des minutes du greffe de la cour d'appel de Lyon (Georges Dunoir)

Légende :

Extrait des minutes du greffe de la cour d'appel de Lyon mentionnant le jugement prononcé le 20 mai 1943 à l'encontre de Georges Dunoir.

 

Genre : Image

Type : Document judiciaire

Source : © Archives départementales de Lot-et-Garonne, 940W52 Droits réservés

Date document : 20 mai 1943

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Lyon

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Le 21 décembre 1942, le tribunal correctionnel de police de Lyon condamne Georges Dunoir à 3 ans de prison et 36.000 francs d'amende le déclarant coupable de "menées antinationales et détention d'armes de 1ère catégorie". Georges Dunoir et le ministère Public font appel de cette décision. Le 20 mai 1943, la cour d'appel de Lyon rend son jugement et réduit la peine à 30 mois d'emprisonnement et 30.000 francs d'amende. 
Le pourvoi en cassation est rejeté le 17 janvier 1944.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Né le 27 septembre 1903 à Valence, Georges Dunoir est représentant en appareils chirurgicaux à Lyon. Franc-maçon, initié au Grand Orient de France en 1928, il appartient à la loge des « Amis de la Vérité ». Il trouve assez rapidement à se lier pour organiser des actions de résistance, en particulier par la presse clandestine. Des radicaux, des socialistes, des francs-maçons ont entrepris de faire de la propagande contre les Allemands et Vichy par des tracts et journaux clandestins. Quelques-uns, dont Louis Pradel, futur maire de Lyon, et Georges Dunoir, créent le mouvement Le Coq enchaîné qui, solidement structuré, s’implante sur le Rhône et les départements limitrophes. En mars 1942, ils se lancent dans la confection et la diffusion d’un journal portant le nom du mouvement qui paraîtra jusqu’à la Libération. La liaison avec Londres – le réseau Buckmaster par l’intermédiaire d’Alain – est établie, ils reçoivent des parachutages. Ils participent aussi à la formation et l’instruction de troupes armées, l’édition et la diffusion de tracts, la fabrication de fausses pièces d’identité. Grâce au noyautage par la Résistance de la Section Spéciale pour la répression des menées anti-nationales, créée par Vichy, Dunoir est prévenu d’une arrestation imminente et peut échapper à la police. Il poursuit son travail avec l’imprimeur Chevalier, qui sortira plusieurs numéros deFranc-Tireur et de Combat. Mais une divergence apparaît avec Jean-Pierre Lévy et Franc-Tireur, qui attaquent régulièrement les communistes. Dunoir estime qu’il convient d’aider tous les résistants, quelle que soient leurs opinions. Dès lors, l’équipe se consacre totalement au Coq enchaîné, dont le tirage passe à 30 000 exemplaires. Dunoir devient directeur du Coq enchaîné

Les réunions dans l’appartement de Dunoir, au 74, cours de la Liberté, étaient fréquentes, produisant des va-et-vient qui ne passaient pas inaperçus. De plus son appartement servait à entreposer des caisses de mitraillettes parachutées. On y stockait aussi les fausses cartes, les faux tampons, les tracts, les journaux. Georges Dunoir est arrêté le 21 septembre 1942. Condamné à trente mois de prison, il est emprisonné à la prison Saint-Paul de Lyon, puis à Eysses, avant d’être déporté le 20 juin 1944 à Dachau puis transféré le 7 juillet à Allach, d’où il reviendra assez atteint physiquement. 

Le 6 mai 1945, il fonde avec d’autres déportés un atelier maçonnique au sein même du camp de concentration d’Allach, libéré quelques jours plus tôt. L’atelier prend le nom « Les Frères captifs d’Allach ». Georges Dunoir en devient le secrétaire. En décembre 1945, il réintègre le Grand Orient et, dans sa loge d’origine de Lyon, occupe la charge de Vénérable. Georges Dunoir décède en 1972.


Auteurs : Robert Serre, Fabrice Bourrée 
Sources : 
Paul Garcin, La Haine, Lugdunum, Paris 1946. 
Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours, Editions BGA Permezel, 2003. 
Documentation famille Dunoir. Documentation Robert Serr