Retour d’un prisonnier de guerre

Légende :

Déclaration remplie par un prisonnier de guerre à son retour à Valence

Genre : Image

Type : Document officiel

Source : © Collection Robert Serre Droits réservés

Détails techniques :

Imprimé 21 x 27 cm, de couleur bistre.

Date document : Après le 13 mai 1945

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Valence-sur-Rhône

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Analyse média

Le prisonnier de guerre libéré et rapatrié doit remplir ce questionnaire pour faire connaître son état civil, son appartenance militaire, la date et le lieu de sa prise, le stalag où il a été enfermé…

Ici, la déclaration concerne un homme appartenant au 4e régiment du Génie. Il a été capturé à Charmes, dans les Vosges, le 20 juin 1940 et enfermé pendant cinq ans au stalag II/A, dans le Mecklembourg. Libéré le 13 mai 1945, il arrive à Valence où le Comité départemental de Libération de la Drôme lui fait remplir ce document.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

L'accueil des prisonniers de guerre (PG) au retour s'efforce d'être chaleureux, mais les restrictions, la misère, les soucis, les douleurs accaparent tellement la population que cette réception ne peut soulever autant d'enthousiasme que ce qu'espéraient peut-être les hommes de retour.

Après la Libération, la Maison du prisonnier à Valence est dirigée par monsieur Serre. Il se plaint du peu de naturalisations accordées, les dossiers instruits ayant disparu dans l’incendie de la préfecture, et se déclare en faveur d'une « priorité à ceux qui ont combattu pour la France, afin que ceux-ci ne puissent penser que la France qui sait faire appel au concours de tous lorsqu'il s'agit de la défendre, ne tient pas à remercier ceux qui ont payé parmi les plus lourdement le tribu de la guerre ». 


À Crest, où viennent d'arriver plus de 130 PG, une modeste cérémonie d'accueil est organisée le 26 août 1945 et le maire s'adresse à eux : « Vous voilà enfin revenus. C'est une grande joie pour nous tous. Pendant des années, nous vous avons attendus. Vos femmes, vos enfants, vos parents, vos amis pensaient à vous avec anxiété. Rares étaient vos nouvelles, si incomplètes étaient vos lettres, et si impatiemment attendues. En vain, par la pensée, nous essayions de nous représenter votre vie, vos souffrances, pendant cette attente mortelle d'une délivrance qui paraissait reculer toujours. Des jours, des semaines, des années ont passé et nous ont paru interminables. Après des années d'une dure et longue captivité, vous êtes là enfin, au complet ou presque en ce qui concerne les prisonniers. Vous autres, vous êtes revenus, libres enfin. Mais vous avez dû éprouver bien des déceptions depuis votre retour. Je ne parle pas seulement de vos amis disparus, des enfants grandis en votre absence et qui ne vous reconnaissent plus, des deuils qui ont pu atteindre vos familles. Vous avez quitté une France heureuse, libre, prospère ; vous retrouvez un pays dévasté par la guerre, vidé de toutes ses ressources, ruiné par les dévastations, les réquisitions, les pillages du Boche, notre industrie paralysée, comme morte, un ravitaillement précaire et insuffisant, la disette menaçante. Partout la pauvreté et la misère ».

À Romans, « les premiers prisonniers arrivent, raconte Jeanne Deval. C'est une joie infinie. On ne vit plus que pour les nouvelles... On voudrait être plus vieux... Malgré l'écroulement chaque jour plus certain de l'ennemi, tant qu'il vit et se bat, le danger demeure. Et puis nous avons tant des nôtres là-bas, au cœur de l'Allemagne, sur le lac de Constance, en Autriche. »

45 % des prisonniers de retour sont en mauvaise santé. Des centres d'accueil, de repos et de convalescence pour les prisonniers, travailleurs et déportés sont ouverts. Celui de Saoû offre 150 places. Le 19 novembre 1945, il « fonctionne à plein rendement à la satisfaction générale », les séjours semblent y être de courte durée avec des renouvellements fréquents : on y recense 156 hommes le 30 novembre 1945, ils ne sont plus que 79 le 15 décembre, le 19, on y trouve 150 rapatriés de sept départements. Les rapports font état de conditions excellentes, le problème de l'habillement étant en particulier bien résolu.

Le centre ouvert par la Croix-Rouge à Crest n'a que 15 places, il est supprimé le 1er octobre 1945 pour être transféré à Saoû.

En juillet 1945, plus de 5 000 PG, déportés et travailleurs sur 6 000 sont rentrés. Le 17 octobre 1945, on compte 3 665 PG rentrés (71 décès enregistrés), 1 937 déportés du travail (11 décès), 288 déportés politiques (décès non connus) total : 5 891 rentrés. En décembre 1945, le nombre de PG rentrés n'a augmenté que d'une unité : 3 666.  


Auteurs : Robert Serre
Sources : AN, F/1CIII/1152, 72 AJ 120-121, 3 AG 2/478, 171 Mi 72, 74, 189. Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l’amour de la France, Peuple Libre Valence 1989, 495 p. Jeanne Deval, Les années noires, éd. Deval, Romans, 1984. Drôme nord, terre d’asile et de révolte.