Brassard du bataillon FFI ukrainien BUCK

Légende :

Brassard du BUK, bataillon entier d'Ukrainiens déserteurs de l'armée allemande qui ont rejoint en corps constitué avec armement les maquis du Doubs. 

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Yannick Boyer Droits réservés

Date document : Septembre 1944

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Loiret

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Analyse média

Le brassard, aux couleurs du drapeau ukrainien jaune et bleu, porte le cachet de la mairie de Beaugency (Loiret). 

Les FFI ukrainiens furent, pour certains d'entre eux, rattachés à des unités américaines dont la 3rd US Army. En septembre 1944, ce sont des éléments de cette unité qui assurent la garde des prisonniers de guerre allemands au camp de Beaugency (Loiret). Il s'agit pour la plupart d'Allemands appartenant à la colonne Elster. La reddition officielle a eu lieu au pont de Beaugency, le 17 septembre 1944. Le général Elster remis son pistolet au général Macon et puis ses 20 000 hommes furent internés dans un camp provisoire de prisonnier. Ceci explique la présence du tampon de la mairie de Beaugency sur ce brassard.


Fabrice Bourrée d'après les renseignements communiqués par Yannick Boyer.

Contexte historique

En Franche-Comté, deux bataillons d'Ukrainiens ont combattu aux côtés des résistants français ; l'un en Haute-Saône et l'autre dans le Doubs.
Ces Ukrainiens, qui ont rejoint des maquisards français, font partie d'un bataillon de l'armée allemande appelé bataillon de garde ou Wach-Bataillon puis bataillon de protection ou Schutzmannschaft avant de devenir, en août 1944, le 2e bataillon du 2e régiment de la 30e division de la Waffen-SS ( russe n°2).
Les Ukrainiens qui forment ce bataillon ne sont pas des SS et, dans le cas présent, nombre d'entre eux souhaitent combattre le nazisme - dans le même temps, il semble que ces Ukrainiens, tout en se battant en France contre Hitler, ne séparent pas cette lutte d'une volonté de sauver leur patrie, non seulement des nazis mais aussi de Staline.
Le bataillon ukrainien, dont il est question dans le Doubs, est formé en juillet 1942, à Kiev puis se rend en Biélorussie, dans les environs de Minsk. Les responsables ukrainiens du bataillon sont en contact avec des représentants de la résistance nationale ukrainienne et projettent, à leur arrivée en France, de rejoindre le maquis. Stationné en Prusse orientale, le bataillon reçoit un encadrement SS et des éléments du bataillon 115.
Néanmoins, lorsque le bataillon atteint la France, et notamment Besançon, le 19 août 1944, puis le Valdahon, le désir de prendre le maquis n'a pas quitté les Ukrainiens qui prennent rapidement contact avec la Résistance locale. Les officiers Bilyk et Fedoriv organisent la dissidence mais doivent attendre le feu vert des Français.
Les Ukrainiens font sortir leur bataillon du camp de Valdahon dans la nuit du 26 au 27 août. Commandé par le capitaine Nehrebetsky, le bataillon compte alors 460 hommes et un équipement conséquent : un canon antichar, huit mitrailleuses lourdes, 25 fusils mitrailleurs, quatre mortiers et sept lance-grenades. Une partie du bataillon contacte la résistance et rencontre le capitaine "Leclerc", chef du maquis du Bémont, tandis que le reste repousse des colonnes allemandes. Le 28 août, les trois groupes se retrouvent au Bout de Nods et rejoignent les FFI du capitaine "Leclerc".
A partir de ce moment-là, les Ukrainiens portent en plus du brassard jaune et bleu aux couleurs de leur pays, le brassard tricolore à croix de Lorraine. Ils font route avec les maquisards et participent, notamment, à la libération de Pontarlier, le 5 septembre, aux côtés du 3e régiment de chasseurs alpins. Le 9 septembre, ils s'emparent, avec les FFI, de Damblin. Durant, la première quinzaine de septembre, les combats se succèdent et s'achèvent souvent par une victoire. Les pertes sont peu nombreuses mais le sacrifice des Ukrainiens est rappelé par des monuments, à Besançon, Damblin ou par les tombes, à Vercel, de dix Ukrainiens tombés pour la France.
A la fin de la campagne de France, nombre de ces Ukrainiens, pour échapper à un retour programmé dans leur pays, s'engagent dans la Légion étrangère et participent à d'autres batailles pour la France.


Anaïs Lomberger in DVD-ROM La Résistance dans le Doubs, AERI, 2008