André Daumas

Légende :

André Daumas, "médecin du maquis"

Genre : Image

Source :

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

André Joachim Daumas est né le 25 janvier 1900 à Riez (Basses-Alpes, actuellement Alpes-de-Haute-Provence), au domicile familial, d’un père négociant et d’une mère sans profession. Étudiant en médecine, il n’effectua ses obligations militaires que tardivement, car il fut, à plusieurs reprises, bénéficiaire d’un sursis. Il soutint, en 1925, à la faculté de médecine de Montpellier, sa thèse sur L’Étude clinique et thérapeutique de la gangrène pulmonaire. Incorporé au XVe corps d’armée en novembre 1925, André Daumas fut promu médecin aide-major de 2e classe le 12 mai 1926, puis de 1re classe. Il était alors, depuis le 9 avril 1926, marié avec Marie-Louise Macaire, dont il divorça. Il épousa, le 29 septembre 1931, Alice Antoinette Bastide, dont il eut deux enfants. Il exerça son métier de médecin, dans les Basses-Alpes, à Oraison, jusqu’à sa mobilisation le 2 septembre 1939. Affecté à l’ambulance médicale d’armée 72 à Besançon, il fut promu médecin capitaine de réserve en avril 1940. Démobilisé le 18 septembre 1940, il regagna Oraison où il reprit ses activités professionnelles.

André Daumas participa activement à la Résistance dans les Basses-Alpes. Plusieurs témoignages font état de son appartenance à l’armée secrète (AS). Bénéficiant de facilités de circulation, il mit son automobile à disposition pour le transport de réfractaires au STO. En 1943, dans une période où l’afflux de ces derniers posait d’épineux problèmes à la Résistance, il facilita leur regroupement temporaire en noyaux isolés avant incorporation dans des formations structurées. C’est sur ses conseils, selon Jean Garcin, qu’un petit groupe de réfractaires fut constitué, en juin, dans les ubacs de Telle, au nord de Puimoisson (Basses-Alpes). Celui-ci y demeurera, dans des conditions précaires, jusqu’à la Noël 1943, avant de se déplacer et d’être intégré, par la suite, dans les effectifs réguliers de l’AS. Jean Vial, chef de l’AS dans les Basses-Alpes, témoigna également des liens d’André Daumas avec les maquis du département dont il soignait les blessés.

Le 16 juillet 1944, le docteur Daumas tomba dans le piège tendu à Oraison par les Allemands : on était allé le chercher sous le prétexte (fallacieux) de soigner des résistants blessés.

Comme ses camarades du comité départemental de Libération, il fut transféré à Marseille, puis fusillé à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 697), fut parmi les 31 premières identifiées. Le médecin légiste constata l’éclatement de l’occipital et des pariétaux, dû à des rafales de projectiles tirés à courte distance.

Après les obsèques nationales célébrées pour l’ensemble des martyrs de Signes au cimetière Saint-Pierre, le 21 septembre 1944, les quatre victimes originaires d’Oraison (le docteur Daumas, Émile Latil, Roger Chaudon, Terce Rossi) furent inhumées au cimetière de cette commune. À cette occasion, l’organe du CDL, La liberté des Basses-Alpes, rendit hommage au « Dr Daumas, cette haute figure de médecin français qui, par tous les temps, accourait dans les maquis de la vallée de l’Asse pour soigner les patriotes. »

Le docteur Daumas fut reconnu Mort pour la France, interné-résistant, et décoré de la Croix de guerre à titre posthume. Son nom, avec ceux d’Émile Latil, Roger Chaudon et Terce Rossi, est gravé sur une plaque apposée sur le monument aux morts d’Oraison (à l’intérieur du cimetière, avec mention « lâchement assassinés par les Allemands et les miliciens, le 19 juillet 1944 »), sur une stèle, avec les dix autres résistants arrêtés le 16 juillet, à la sortie nord de la ville et, à Manosque, sur le monument « Aux martyrs de la Résistance dans les Basses-Alpes », dans la longue liste des victimes de la répression classées par villes et villages (à l’emplacement dédié aux résistants d’Oraison). Une avenue du centre d’Oraison et une rue de Digne portent également le nom du docteur Daumas. Celui-ci figure aussi sur la plaque dédiée « À la mémoire des médecins et étudiants en médecine morts pour la France, 1939-1945 » (867 noms), apposée en 1990 dans le hall de l’ancienne faculté de médecine de Paris, rue de-l’École-de-médecine [voir l'onglet "Album" lié].


Auteur : Robert Mencherini

Sources : DAVCC, 21P 440 909, dossier 530/245 ; DAVCC, 27P 244, laboratoire de police technique, Marseille, 20 septembre 1944 (rapport d’autopsie des 38 cadavres de Signes) ; actes de naissance et de décès ; archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 1R401 registre matricule des états de services militaires ; Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier les numéros 1 et 42 ; La Liberté des Basses-Alpes, organe du comité départemental de Libération, n°5, 30 septembre 1944 ; Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence, 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, Imprimerie Vial, 1983, réed. 1990, p. 110, p. 351 et sq. ; Jean-Christophe Labadie, La répression allemande. Basses-Alpes 1943-1944, Digne, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 2014, p. 121 et sq. ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 306 ; Laurent Cardonnet, Contribution à l’étude des étudiants en médecine et des médecins « morts pour la France » pendant la Seconde Guerre mondiale, thèse pour le doctorat en médecine, dir. Bruno Halioua, faculté de médecine Paris-Descartes, 2010, p. 85 ; Hélène Vésian, Claude Gouron, Les chemins de la liberté, sur les pas des résistants de Haute-Provence, ADRI/AMRID, 2004, pp. 136-137 ; CDIHP, Le Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre mondiale dans les Basses-Alpes, Digne, 1992, pp. 127-128.