Jean-Pierre Dubois

Légende :

Jean-Pierre Dubois, Rubens, MUR-MLN

Genre : Image

Source :

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

Jean-Pierre Dubois naquit le 4 juillet 1895 à Ixelles, l’une des 19 communes de Bruxelles capitale (Belgique). Il se maria le 19 décembre 1918, à Bruxelles, avec Yvonne Wolfers. Le couple, qui divorça, eut deux enfants : Jacques et Daniel. Décorateur, Jean-Pierre Dubois était installé pendant la guerre à Marseille, sur la rive sud du Vieux-Port, 12 quai-de-Rive-Neuve.

En 1944, il était engagé au Mouvement de Libération nationale (MLN, ex-MUR). Sous le pseudonyme de Rubens, il assurait le secrétariat du commandant Renaud Martinie, Lespiau. C’est lors d’un rendez-vous avec ce dernier qu’il fut arrêté, à Marseille, le 15 juillet, au coin du boulevard-Jeanne-d’Arc et du-Jarret. La section IV du SIPO-SD (la Gestapo) de Marseille, bien informée du fait d’une trahison et de l’exploitation de documents saisis depuis une semaine, avait pu monter ce piège.

Jean-Pierre Dubois fut conduit au siège de la Gestapo 425 rue-Paradis. Son nom apparaît sur le registre de saisie de la police de sécurité allemande (SD), page 128. Il figure, sous le nom de « Du Bois » (en deux mots), numéro 966, à la date du 10 août 1944, comme Widerstand Kurier (Courrier de la Résistance). Il est noté que 3 655 francs furent saisis sur lui. On trouve aussi le nom « Dubois » dans le rapport « Antoine » rédigé le 11 août 1944 par Ernst Dunker-Delage, homme clé de la section IV du SIPO-SD de Marseille. L’évocation est très elliptique, puisque cette mention, au numéro 19, n’est complétée que par un fragment de phrase : « fut... le… ». Mais ces quelques mots sont employés pour la plupart des résistants fusillés à Signes. 

Jean-Pierre Dubois fut effectivement mis à mort à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 701), fut parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata que la langue était serrée entre les arcades dentaires. Un projectile reçu au niveau du pariétal gauche n’avait pas pénétré, mais avait provoqué une petite fracture. De la terre était présente dans le larynx. La conclusion du médecin fut formelle : la victime, blessée à la tête par un projectile, enfouie vivante, était morte par asphyxie. Jean-Pierre Dubois fut l’une des deux victimes enterrées vivantes. Il fut reconnu Mort pour la France.


Auteur : Robert Mencherini

Sources : Acte de décès ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » ; DAVCC Caen, 27 P 45 Livre de saisies de la police de sécurité (SD), Marseille, commencé le 14 juin 1943 (avec jour d’inscription : Tag der Eintragung) ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, Interrogatoire de Dunker par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 9 juillet 1945 ; journal Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 20 octobre 1944, presse régionale, septembre 1944 ; Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977 ; Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs (MUR) des Bouches-du-Rhône, de septembre 1943 à la Libération, Paris, PUF, 1962 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 302 ; Jean-Marie Guillon, notice in Maitron-en-ligne ; Robert Mencherini, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, La Libération et les années tricolores, 1944-1947, Paris, Syllepse, 2014, pp. 58-60.