Guy Fabre

Légende :

Guy Fabre, Berger, MUR-MLN, Organisation universitaire (OU), sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © DAVCC Caen Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc. Voir aussi l'album photo lié.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

Guy Fabre naquit le 12 novembre 1924 à Lévignac-de-Guyenne (Lot-et-Garonne), d’un père officier de marine marchande et de son épouse, Henriette Tournillac, institutrice dans l’enseignement privé, née elle-même à Lévignac, le 25 mars 1895. Après de brillantes études au lycée Saint-Charles, puis en classe préparatoire au lycée Thiers, Guy Fabre fut étudiant à l’École de Navigation. Il s’engagea très tôt dans la Résistance. Jean Fabre (qui n’a pas de lien de parenté avec lui), membre et chroniqueur de l’Organisation universitaire des MUR-MLN, se souvint, dans son ouvrage, de « cet étudiant résistant du tout début dont le visage cachait une ardeur de lutte farouche ».

D’abord adhérent à Combat, puis membre des MUR-MLN, Guy Fabre fut, sous le pseudonyme de Berger, l’adjoint d’Albert Chabanon, Valmy. Celui-ci le nomma également responsable du « bureau d’études politiques », chargé de réfléchir à l’après-Libération. Ce bureau était intégré dans l’état-major des jeunes qui se réunissait, selon Rose Madon, toutes les semaines à l’École Mélizan. Dans ce cadre, Guy Fabre organisa à l’école primaire de la rue Candolle, à Endoume, la réunion d’une trentaine de cadres du mouvement, animée par Valmy. En juin 1944, en prévision du débarquement, Valmy le chargea d’assurer la direction des jeunes en cas d’isolement de la cité phocéenne.

Le 13 juillet 1944, Guy Fabre échappa de justesse à la souricière organisée par la Gestapo, 31 rue-de-Verdun. Mais le sursis ne fut que de quelques jours. Ernst Dunker-Delage, homme clé de la section IV du SIPO-SD (la Gestapo), monta un nouveau piège – qu’il relate lors de son interrogatoire à la Libération - et Guy Fabre fut arrêté le 17 juillet 1944. Jean Libert, un jeune résistant déjà entre les mains de la Gestapo, placé au milieu du cours-Pierre-Puget à Marseille, servit d’appât : Guy Fabre fut interpellé alors qu’il se dirigeait vers lui et immédiatement conduit au siège du SIPO-SD, 425 rue-Paradis.

Guy Fabre apparaît sous le numéro 25 dans le « rapport Antoine », où Ernst Dunker-Delage dresse le bilan des arrestations qui conduisirent aux exécutions de Signes. Dans le registre de saisies de la police de sécurité allemande (SD), il figure page 130 sous le numéro 944, à la date du 10 août 1944, comme Terrorist (Terroriste). Il était en possession, lors de son arrestation, de 665 francs et d’une montre.

Dans le rapport « Antoine », on trouve en face de son nom la mention très laconique « fut… le… ». Guy Fabre fut effectivement exécuté à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 709), fut parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata l’éclatement complet du crâne avec de nombreuses fractures irradiées.

Le nom de Guy Fabre fut donné à la rue-Rossat dans le 1er arrondissement de Marseille, dans laquelle est situé le lycée Saint-Charles. Une plaque commémorative est apposée sur le monument de son village natal, Lévignac-de-Guyenne. Son nom est également gravé sur la plaque dédiée par « les Scouts de France à leurs morts », dans la basilique du Sacré-Cœur à Marseille, dans le quartier du Rouet. Guy Fabre, homologué à titre posthume lieutenant FFI, a été reconnu interné résistant et Mort pour la France.


Auteur : Robert Mencherini

Sources : Actes de naissance et de décès ; DAVCC Caen, dossier de mort pour la France, Guy Fabre, 21P 448 238 ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » ; DAVCC Caen, 27 P 45, registre de saisies de la police de sécurité (SD), Marseille, commencé le 14 juin 1943 (avec jour d’inscription : Tag der Eintragung) ; archives nationales 72 AJ 104, AIII, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final sur l’identification d’un groupe de Résistance de Marseille par le Kommandeur de Lyon dans l’affaire “industriel”. L’affaire Antoine », Marseille, 11 août 1944 ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, Interrogatoire de Dunker par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 9 juillet 1945 ; presse quotidienne régionale, septembre 1944 ; Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier les numéros 1 et 42 ; Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, Éd. Jeanne Laffitte, rééd. 2001, p. 179 ; Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977 ; Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs (MUR) des Bouches-du-Rhône, de septembre 1943 à la Libération, Paris, PUF, 1962 ; Germaine Madon-Semonin, Les années d’ombre, 1940-1944. Les Jeunes dans la Résistance à Marseille, ronéotypé, sd., 19 p., p. 4 ; Jean Fabre, Les soldats de l’ombre, Marseille, chez l’auteur, 1998, ronéotypé, 76 p., pp. 44-45 et pp. 55-56 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 296 ; Jean-Marie Guillon, notice in Maitron-en-ligne ; Robert Mencherini, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Résistance et Occupation, 1940-1944, p. 507, tome 4, La Libération et les années tricolores, Paris, Syllepse, 2014, pp. 58-60.