Jean Libert

Légende :

Jean Libert, Marie-Louise, Jourdan, MLN, courrier, sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Association régionale des familles des fusillés et martyrs de Signes et de Provence Droits réservés

Détails techniques :

Scan de photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

Jean Olivier Libert naquit le 25 novembre 1923 à Paris 13e (Seine), d'une mère caoutchoutière, née en Belgique. Celle-ci le reconnut à Liège, en mai 1934. Engagé dans la Résistance, il était fiancé avec une jeune fille qui, sous le pseudonyme de Marie-Louise, dirigeait le service de liaison des Mouvements unis de Résistance (MUR) à Marseille. Absent de Marseille lors de l’arrestation de celle-ci par les services allemands, il revint immédiatement dans la cité phocéenne et prit sa place et ses fonctions. Signant tous les papiers du nom de Marie-Louise, il espérait ainsi diminuer les accusations qui pesaient sur sa compagne. Connu au sein des MUR-MLN (Mouvement de libération nationale) sous le pseudonyme de Jourdan, il fut activement recherché par la section IV du SIPO-SD (la Gestapo).

Il fut arrêté le matin du 14 juillet 1944 cours-Joseph-Thierry par Ernst Dunker-Delage, homme clé de la Gestapo qui lui avait tendu un piège. Il apparaît sous le numéro 13 dans le « rapport Antoine », où Ernst Dunker-Delage établit le bilan des arrestations qui conduisirent aux exécutions de Signes. « Il a avoué que, depuis mars 1944, il avait maintenu la liaison entre les divers chefs de la Résistance au moyen de plusieurs courriers et de boîtes aux lettres ». Dans le livre de saisie de la police de sécurité allemande (SD), Jean Libert figure page 126 sous le numéro 918 à la date du 17 juillet 1944 comme « Widerstand Kurier » (courrier de la Résistance). Il était en possession de 2 600 francs. Les quelques lignes consacrées à Jean Libert dans le rapport Antoine se terminent sur la formule : « Libert fut… le… ».

Le 12 août 1944, Jean Libert fut fusillé dans le vallon de Signes avec huit de ses camarades et enterré, de manière sommaire, dans la « deuxième fosse ». Son corps, qui occupa le cercueil 698 lorsque les dépouilles exhumées furent déposées le 17 septembre 1944 à la morgue du cimetière Saint-Pierre de Marseille, a été parmi les premiers identifiés.

Après les obsèques nationales célébrées pour l’ensemble des martyrs de Signes au cimetière Saint-Pierre, le 21 septembre 1944, Jean Libert y fut inhumé dans le carré « Sépulture perpétuelle réservée aux victimes du devoir », entretenu par le Souvenir français. Reconnu Mort pour la France, il fut homologué comme sous-lieutenant FFI.


Auteur : Robert Mencherini

Sources : Actes de naissance et de décès ; DAVCC Caen, 21P 478 632, dossier de mort pour la France, Jean Libert ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » ; DAVCC Caen, 27 P 45, livre de saisies de la police de sécurité (SD), Marseille, commencé le 14 juin 1943 (avec jour d’inscription : Tag der Eintragung) ; archives nationales 72 AJ 104, AIII, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final sur l’identification d’un groupe de Résistance de Marseille par le Kommandeur de Lyon dans l’affaire “industriel”. L’affaire Antoine », Marseille, 11 août 1944 ; 58 W 20, interrogatoire de Dunker par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 9 juillet 1945 ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, interrogatoire de Dunker par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 20 juillet 1945 ; presse quotidienne régionale, septembre 1944 ; Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier les numéros 1, 3, 42 ; Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977 ; Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs (MUR) des Bouches-du-Rhône, de septembre 1943 à la Libération, Paris, PUF, 1962 ; Germaine Madon-Semonin, Les années d’ombre, 1940-1944. Les Jeunes dans la Résistance à Marseille, ronéotypé, sd., 19 p. ; Jean Fabre, Les soldats de l’ombre, Marseille, chez l’auteur, 1998, ronéotypé, 76 p. ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 308 ; Jean-Marie Guillon, notice in Maitron-en-ligne ; Robert Mencherini, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 4, La Libération et les années tricolores, Paris, Syllepse, 2014, pp. 58-60.