Terce (Terzio) Rossi

Légende :

Terce (Terzio) Rossi, membre d'un groupe de Résistance à Entrevennes (Basses-Alpes, aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence)

Genre : Image

Source :

Détails techniques :

Voir l'album photographique lié.

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Terce Rossi naquit le 10 septembre 1915 à Pomarance, en Toscane (province de Pise, Italie). Artisan commerçant, mécanicien en cycles installé à Oraison, il épousa, le 30 janvier 1937, Renée Blanc. Il fut, selon le responsable du Mouvement de libération nationale (MLN) d’Oraison, réfractaire au STO et participa à un groupe de FFI cantonné à Entrevennes (Basses-Alpes), commune peu peuplée et boisée située à l’ouest d’Oraison. Il s’agissait sans doute du groupe chargé de la réception des parachutages, placé sous la responsabilité de Roger Chaudon.

Le samedi 15 juillet 1944, une réunion du CDL des Basses-Alpes se tint à Oraison avec, entre autres, Marcel André, François Cuzin, Maurice Favier, Émile Latil, Louis Martin-Bret, Jean Piquemal. Elle se poursuivit le lendemain dans une salle au-dessus du Café de France, géré par Léon Gaubert.
Mais les Allemands, informés de cette rencontre, étaient aussi au rendez-vous.
En 1945, lors de l’instruction de son procès, l’homme clé de la Gestapo à Marseille, Ernst Dunker-Delage, déclara en avoir appris la tenue grâce aux papiers saisis sur un résistant – Georges Cisson en l’occurrence, arrêté à Marseille le 12 juillet - et déchiffrés. Le SD de Marseille fut donc à l’origine de l’intervention à laquelle il participa et qui fut soigneusement préparée. Les occupants utilisèrent, pour arriver à leurs fins, une unité de Brandebourgeois. Déguisés en maquisards, comme ils avaient coutume de le faire, ils simulèrent dans la matinée du 16 juillet des combats avec des soldats allemands – arrivés dans la localité quelques jours auparavant - et firent accroire à la population une libération du village. L’objectif était, évidemment, d’identifier le maximum de dirigeants de la Résistance. Selon Jean Garcin, Terce Rossi se laissa prendre au piège et se mêla aux (faux) combattants. Ces derniers, dans l’après-midi, mirent fin à cette mauvaise comédie et arrêtèrent plusieurs membres du CDL et d’autres résistants, dont Terce Rossi.

Comme ses camarades, Terce Rossi fut transféré à Marseille, puis fusillé à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 723), fut parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata des fractures du crâne avec éclatement des pariétaux et enfoncement. L’absence de trou de projectile le conduisit à déclarer que « les lésions [avaient] été faites par un instrument contondant ».

Après les obsèques nationales célébrées pour l’ensemble des martyrs de Signes au cimetière Saint-Pierre, le 21 septembre 1944, Terce Rossi fut inhumé au cimetière de cette commune avec les trois autres victimes originaires d’Oraison. Une plaque honorant Terce Rossi, le docteur Daumas, Émile Latil et Roger Chaudon fut apposée dans l’enceinte du cimetière sur le monument aux morts, avec la mention « lâchement assassinés par les Allemands et les miliciens, le 19 juillet 1944 ». Le nom de Terce Rossi figure également sur une stèle, avec celui des dix autres résistants arrêtés le 16 juillet, à la sortie nord de la ville et, à Manosque, sur le monument « Aux martyrs de la Résistance dans les Basses-Alpes », dans la longue liste des victimes de la répression classées par villes et villages (à l’emplacement dédié aux résistants d’Oraison). Son nom fut donné à une avenue d’Oraison [Voir l'album photo lié]. Terce Rossi fut reconnu Mort pour la France.


Auteur : Robert Mencherini

Sources : Acte de décès ; DAVCC Caen, dossier Terce Rossi ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » ; Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier les numéros 1 et 42 ; La Liberté des Basses-Alpes, organe du CDL des Basses-Alpes, n° 5, 30 septembre 1944 ; Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence, 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, Imprimerie Vial, 1983, rééd. 1990, p. 351 et sq. ; Jean Vial, Un de l’AS bas-alpine. Souvenirs d’un résistant, Marseille, Chez l’auteur, imprimerie Villard, 1947, 3e rééd., Imprimerie Villard, 1990, pp. 214-218 ; Jean-Christophe Labadie, La répression allemande. Basses-Alpes 1943-1944, Digne, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 2014, pp. 121-125 et recueil documentaire, pp. 20-21 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014 ; Commission départementale de l’information historique pour la paix, Le Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre mondiale dans les Basses-Alpes, Digne, 1992 ; Hélène Vésian, Claude Gouron, Les chemins de la liberté, sur les pas des résistants de Haute-Provence, ADRI/AMRID, 2004.