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Rolande Clair

Légende :

Au recto : Rolande Clair, originaire de Saint-Etienne-de-Fontbellon, agent de liaison, déportée à Ravensbrück - sans date

Au verso : carte de membre de l'Association des rescapés de Montluc, 29 septembre 1945

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Mireille Schmitt Droits réservés

Détails techniques :

Recto : photographie analogique sépia ; verso : document imprimé et dactylographié en couleur avec photographie d'identité.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Saint-Etienne-de-Fontbellon

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Contexte historique

Rolande Clair est née le 9 janvier 1924 à Gaude, dans la commune de Saint-Etienne-de-Fontbellon. Elle perd sa maman dès l’âge de 4 ans. Durant la guerre, beaucoup de jeunes requis du STO sont réfractaires dans son petit village d’Ardèche. Rolande Clair les aide en faisant l’agent de liaison. Sans appartenir à un quelconque réseau de résistance, elle rend des services, fait passer des messages. Fuyant une situation familiale complexe, elle accepte un emploi de nourrice qui la conduit au Teil puis à Lons-le-Saunier dans le Jura. C’est là qu’elle est arrêtée un mois après, le 12 juin 1944, sur ce qu’il semble être une dénonciation de son ancien employeur (elle a sur elle une lettre d’un maquisard d’Alba). Internée à la prison de Lons-le-Saunier, elle est ensuite transférée en juillet à la prison de Montluc (cellule 24), puis déportée par le dernier convoi du 11 août 1944.
C'est par ce même convoi que sont acheminées les infirmières, arrêtées au milieu du massacre de la grotte de la Luire (Vercors, 27 juillet 1944), avant d'être envoyées en déportation.

En raison de l’état défectueux du réseau ferroviaire, le trajet va s’éterniser durant 10 jours. Jusqu’au bout, elle ne se doute pas un instant de ce qui l’attend. C’est donc sous une chaleur accablante qu’elle découvre, le 21 août 1944, le camp de Ravensbrück. C’est tout d’abord le bloc de quarantaine et les travaux du camp. Elle est ensuite affectée pendant une quinzaine de jours environ au Kommando de Torgau : le travail y est atroce, il lui faut plonger des obus dans l’acide pour éviter qu’ils ne rouillent. Elle est ensuite envoyée avec d’autres camarades françaises au kommando d’Abteroda, où elle est contrainte de fabriquer des pièces de moteurs d’avion durant 12 heures, une semaine de jour, la semaine suivante de nuit. Les alertes aux bombardements y sont fréquentes, les rations alimentaires très maigres : 250 g de pain par jour avec un peu de margarine, une gamelle de soupe claire à midi et un breuvage infâme le matin. Mais elle est protégée des pires rigueurs de l’hiver (neige,) à l’abri dans cette usine d’armement où se côtoient des personnes de plusieurs nationalités. Elle rejoint en février 1945 le camp disciplinaire de Markkleeberg, au sud-ouest de Leipzig. Là, elle sera tondue et devra travailler dans une carrière de pierres, subissant jusqu’au bout les appels dans le froid, à 4 heures du matin. Elle se souvient d’avoir vécu en permanence avec la mort, à se demander seulement quand elle surviendrait. Avec ses camarades d’infortune, elle s’interdisait de parler « d’avant ».

Fin mars, le camp disciplinaire est évacué. Rolande Clair s’évade et se cache sous un tas de planches dans une scierie à proximité. Elle restera ensuite embusquée pendant une dizaine de jours, avec neuf de ses camarades, dans la cabane d’un jardin d’ouvrier. Elles ne mangent quasiment rien, à part des pissenlits ramassés ici ou là.

Elle est enfin prise en charge par des soldats américains croisés sur une route. Pour la première fois depuis des mois, elle a l’impression de respirer « l’air de la liberté », mais elle est épouvantée en découvrant son reflet dans un miroir. Elle est rapatriée en train et se retrouve le 13 mai 1945 à l’hôtel Lutétia à Paris.

Elle restera quelques temps à Paris chez une amie de déportation avant de s’installer à Lyon. Le retour à une vie normale est difficile : se refaire une santé, réapprendre à s’alimenter, renouer avec la vie sociale, trouver un logement, du travail…

Rolande Clair reprend ses études : elle étudie le secrétariat, les langues étrangères et s’adonne à de nombreuses lectures. Elle trouve du travail chez Rodiacéta à Lyon-Vaise, le leader français du fil synthétique. Elle milite également au sein d’une association d’anciens déportés, appréciant de pouvoir y échanger des souvenirs, même douloureux, et accepte de témoigner sur son passé de déportée dans des établissements scolaires de la région lyonnaise. Elle refait sa vie, mais sans se marier et sans avoir d’enfant.

Victime d’un AVC important en 2009, Rolande Clair vit actuellement hospitalisée à la Résidence Léon-Rouveyrol d’Aubenas. Son état de santé est très fragile.

Rolande Clair a été citée comme témoin dans le cadre du procès Barbie en 1987, une expérience assez traumatisante car il a fallu « ressortir tout ce qui avait été enfoui en elle ». Le 4 juin 1987, lors de son témoignage, elle dit à la cour qu’une camarade lui a fait jurer de se souvenir du nom de son tortionnaire, Klaus Barbie.

Elle a obtenu le titre de déportée politique par décision ministérielle des anciens combattants et victimes de guerre le 7 août 1963.


Auteur : Jacques Marqueyrol

Sources :

Informations transmises par Mme Mireille Schmitt.