Écusson FFI Drôme (Forces françaises de l'intérieur)

Légende :

8 et 9 octobre 1944 : douze hommes venus des maquis drômois tués à Lanslevillard (Haute Maurienne en Savoie).

Genre : Image

Type : Écusson

Source : © Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors Droits réservés

Détails techniques :

Écusson tissu en couleur.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

L'insigne de la 2ème demi-brigade de la Drôme a été réalisé en septembre 1944 sous l'impulsion du lieutenant-colonel de Lassus Saint Geniès qui en avait émis le souhait lors d'un repas avec son état-major à Valence.

Le Patriote de la Drôme du 15 septembre 1944 s’en fait l’écho : « Croix de Lorraine avec, en surimpression, deux balais d’argent sur fond de gueule et Drôme en azur. Qu’est-ce ? Simplement l’insigne du Régiment FFI Drôme. A bon entendeur, salut ! ».

Réalisé localement en étoffe, il est porté par les FFI de la demi-brigade en haut de la manche gauche. Il continue à être porté par les anciens de la demi-brigade lors de son intégration dans le 159ème RIA.

« Les couleurs sont celles du drapeau. La croix de Lorraine symbolise la libération grâce au général de Gaulle et les deux balais, l'espoir que la France nouvelle allait se débarrasser de toutes les ordures du régime antérieur ». Une autre interprétation est donnée par le créateur de l'insigne. « De nombreux officiers d'active se présentèrent à moi à partir du 20 août. D'une manière générale, je les renvoyais, ne voulant pas accepter les services de ceux qui nous rejoignaient à la dernière heure. J'en avais renvoyé tellement - et quelquefois cela avait eu l'allure d'une « éjection brutale » - qu'à la suite d'une plaisanterie faite à ce sujet par mon état-major, un écusson composé de deux balais devint l'insigne des FFI de la Drôme ».


Auteur : Maurice Bleicher

Contexte historique

En septembre 1944, les troupes allemandes sont solidement installées en Savoie, sur le Mont-Cenis et la Haute-Maurienne.
Du côté français, c'est la demi-brigade de la Drôme, hâtivement réorganisée après la « bataille de Montélimar », qui est au contact, avec, en réserve, quelques unités de la 2e division d'infanterie marocaine.

La formation drômoise comprend, outre le bataillon de services chargé des transmissions, des transports, des soins médicaux…, un bataillon d’anciens résistants de l’AS (Armée secrète) sous les ordres du commandant Bernard et un bataillon émanant des FTPF (Francs-tireurs et partisans français) du sud-Drôme commandé par Morvan. Cette unité rejoint difficilement la zone frontalière, à bord de véhicules abandonnés par les Allemands entre Montélimar et Livron : le transport est sérieusement ralenti par 52 destructions de pont !

Dans la nuit du 8 au 9 octobre 1944, le colonel De Lassus-Saint-Geniès donne l’ordre à une patrouille d'une trentaine d'hommes de se diriger vers Lanslevillard et d’y tendre une embuscade afin de faire quelques prisonniers auxquels on pourrait arracher des renseignements sur le dispositif ennemi. La patrouille est commandée par le capitaine Batut, officier du 1er bataillon de choc, et le sous-lieutenant Bonduel, parachutés le 1er août 1944 pour encadrer les FFI. Arrivés à destination, les hommes examinent les lieux, puis choisissent de tendre l'embuscade au carrefour de la place centrale. A l'heures, l'ennemi se présente : les Français ouvrent le feu. Mais un officier allemand peut se replier avec quelques hommes et appeler à la rescousse, avec des fusées, une forte unité de Chasseurs Alpins allemands (Alpenjäger), en réserve dans les lacets du col du Mont-Cenis.
Le capitaine Batut a placé une dizaine d'hommes en appui sur une hauteur en rive droite de l'Arc. Mais ce groupe se trouve assez vite à court de munitions. Les Allemands, qui évitaient de s’exposer, attendaient ce moment : déclenchant le tir de leurs mortiers de 81, ils éliminent le groupe d’appui. Le village de Lanslevillard commence à brûler. L’ennemi continue à frapper par des tirs de mortier. Le capitaine Batut, replié sur la rive droite, est blessé à la jambe par un éclat.
De son côté, le sous-lieutenant Bonduel ne comprend pas pourquoi l'élément d'appui est devenu muet, il propose de tenter de le rejoindre, pour le secourir, le reprendre en main et ramener à l’abri les hommes encore vivants. Pour parvenir jusqu’à un rocher protecteur et au ravin, il faut grimper trente mètres pentus et à découvert. Bonduel s’élance, il n’a pas fait quelques mètres qu’il est abattu par une rafale de fusil-mitrailleur. L'adjudant-chef Laurent Dubranna se porte volontaire pour la même tentative, il réussit presque à franchir cet espace lorsqu’il est abattu à son tour. Le sergent-chef Arthaud, dans une troisième tentative de sortie, connaît le même sort. Il n’y a plus rien à faire : les munitions sont épuisées, l'ennemi s’est approché et attaque à la grenade ...
Vers 17 heures, les Allemands lancent l'assaut final. Ils ne trouvent aucun combattant indemne : huit hommes sont blessés, douze ont été tués.

Ces douze hommes avaient tous appartenu à la compagnie Matout, dans la Drôme, avant de partir avec la demi-brigade de la Drôme :
Raoul Arthaud, sergent-chef, né le 2 juillet 1917 à Lyon,
Gérard Bonduel, sous-lieutenant, né le 4 janvier 1920 à Roncq (Nord),
Jean Chabrier, sergent-chef né le 5 avril 1923 à Saint-Gervais-sur-Roubion (Drôme), des Granges-Gontardes,
Laurent Dubranna, adjudant-chef, né le 29 février 1920 à Bayonne (Basses-Pyrénées), de Nyons,
André Ducattez, lieutenant, né le 20 sept 1914 dans le Pas-de-Calais, résistant de Montélimar,
Raymond Gabert, soldat, né le 10 février 1926 à La Motte-d'Aigues (Vaucluse), résistant de Montélimar, fils d’un instituteur résistant du Vaucluse, champion sportif, avait interrompu ses études pour s’engager dans les FFI,
Elie Jardin, sergent-chef, né le 8 mars 1920 à Vinsobres (Drôme), résistant de Valréas,
Maurice Rey, soldat, né le 5 mai 1921 à ?, de Montélimar,
Robert Rousset, soldat, né le 18 mai 1921 à Cruas (Ardèche),
Maurice Samboux, caporal André ou Roger Sallenave, soldat, né le 4 avril 1925 à Marseille,
Alexis Vinokogoreff, caporal, né le 11 octobre 1909.

Le capitaine Batut a été cassé de son grade.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Vincent-Beaume, ADD, 132 J1. Archives R. Serre, État nominatif de la 13e Cie. Vincent-Beaume, Mémoires. Patrick Martin, Thèse. Jean Abonnenc, Il n’est pas trop tard pour parler de la Résistance. Pour l’Amour de la France. Site cheminsdememoire.gouv.fr.