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Lino Refuggi, dit "René" et "Dufour"

Légende :

Recto : Lino Refuggi, dit "René" et "Dufour", maquisard du camp C3, au printemps 1944

Verso : Lino Refuggi et Renée Guilloud, sa marraine de guerre, qu'il épousera en 1946, ici en septembre 1944

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection M. Serratrice Droits réservés

Détails techniques :

Photographies analogiques en noir et blanc (voir recto-verso).

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes)

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Contexte historique

Lino Refuggi est né le 26 janvier 1922 à Lucerne (Suisse). Né dans une famille italienne installée en Suisse, il arrive très jeune en France avec ses parents. La famille s’installe dans la région de Bourgoin (Isère). Malheureusement, ses parents décèdent prématurément alors qu’il est tout juste âgé de 10 ans. Le curé de Bourgoin le place dans une famille d’accueil de la ville. À la fin de l’école primaire, sans certificat d’études ni formation, il entre dans le monde actif et travaille dans une tannerie du quartier de la Calabre à Bourgoin (Isère).

Début 1943, il est requis par le STO. Il rejoint alors le Vercors, le 12 avril 1943, et est affecté au camp C3, en nord-Vercors. Bien intégré avec ses camarades, il participe activement à la vie du camp.
En mars 1944, lors du repli général du Vercors, il indique à ses chefs de camp un lieu d’accueil sur la commune de La Forteresse, dans la vallée de l’Isère, région qu’il connaît pour y avoir participé à des fenaisons.

On le retrouve aux combats de Beaurepaire, de Saint-Nizier-du-Moucherotte et à la libération de Lyon, début septembre 1944. Lino Refuggi a continué à servir jusqu'au 15 septembre 1944.

La proposition de citation rédigée à son endroit par le colonel Huet, Hervieux, le 11 décembre 1946, indique :

" D'origine italienne, engagé volontaire à la légion étrangère en 1939, a rejoint le Maquis le 15 mars 1943, s'est prodigué sans compter pour assurer le ravitaillement de ses camarades, pendant la période d'occupation du VERCORS.
S'est particulièrement distingué durant les combats de Beaurepaire comme tireur au fusil mitrailleur en permettant le repli de sa section et n'a évacué la zone de combat qu'après deux appels de son Chef de Section. "

Rendu à la vie civile, grâce à la solidarité maquisarde, il entre comme agent technique à la société Merlin-Gerin de Grenoble, où il est rapidement placé à la disposition du Comité d’entreprise. L’entreprise l’envoie en formation d’éducateur sportif, il en revient avec le brevet de maître-nageur. Par la suite, il réalise les plans de la piscine, non couverte, du Comité d’entreprise, dont il est le maître-nageur.

Comme beaucoup de jeunes de la génération issue de la guerre, il adhère à la CGT et au Parti communiste.

En 1946, il épouse Renée Guilloud, sa marraine de guerre, qui lui donnera deux garçons. Il acquiert, à cette occasion, la nationalité française.

En 1957, il est contacté par la Ville de Fontaine, dans la proche banlieue de Grenoble, qui lui propose le poste de maître-nageur de la piscine municipale, nouvellement construite. Dès son arrivée à Fontaine, il crée le Club des nageurs fontainois et se révèle un entraîneur de grand talent, parvenant à conduire son Club sur les plus hautes marches des podiums régionaux.

De 1969 à 1971, le Club des nageurs fontainois détiendra le titre et le record Dauphiné-Savoie du 4 × 200 mètres nage libre.
En 1973, l’absence de piscine couverte met le club en difficulté, il ne peut plus rivaliser avec les autres clubs de la région, c’est alors, non sans amertume, que Lino Refuggi renonce à son rêve de grand club de natation compétitif. Il transmit à ses deux fils le goût de la natation ; le cadet fut membre de l’équipe de France et participa à de nombreuses compétitions internationales.
Devenu responsable des sports de la Ville de Fontaine, où il montre toutes ses qualités humaines, il occupera cette fonction jusqu’à sa retraite en 1984.

Lino Refuggi décède le 7 avril 1986 à Fontaine (Isère).

Au cours de sa vie, Lino Refuggi a toujours revendiqué son appartenance à la Nation française, le Vercors et son camp C3 restant pour lui, jeune orphelin, sa vraie famille, comme il le disait parfois. Il avait souhaité qu’après sa mort, ses cendres soient dispersées, par deux de ses anciens camarades, au lieudit "Les Carteaux", site d’été du C3. Son souhait a été respecté.

En hommage à Lino Refuggi, le nouveau centre nautique de la Ville de Fontaine porte son nom.

Décorations :

Croix de guerre avec étoile d’argent ; croix de combattant volontaire 1939/1945 ; chevalier du mérite sportif ; médaille des collectivités locales.

 

Pour en savoir plus :

Les pseudonymes (A. Raffin)

Rejoindre les camps du Vercors - les filières (A. Raffin)

Auteur : Alain Raffin

Sources :

Dossier individuel de Lino Refuggi au Service historique de la Défense (SHD) - 16P 503153.

Dossier individuel de Lino Refuggi à l'ANPCVV.

Témoignages de la Famille Refuggi - Témoignage de Marc Serratrice, recueillis par Alain Raffin en 2015 et 2016.