Roger RAFFIN


Profession en 1940 : Non renseigné
Domicile en 1940 : Montbonnot (Isère)

Organisation de Résistance : FTPF La Flèche noire

Roger Raffin est né le 6 août 1922 à Grenoble. Après son certificat d'études primaires, il travailla à la ferme avec ses parents. Roger Raffin partit pour Jeunesse et Montagne à Saint-Bonnet-en-Champsaur, il fera l'école de haute montagne au-dessus de Chamonix à Montroc.
Il refusa de partir travailler en Allemagne. Dans le quartier de la Capuche à Grenoble, M. et Mme Cugnet tenaient un café-restaurant et M. et Mme Vernet avaient un commerce. Ces deux couples qui, plus tard, furent déportés, envoyaient les réfractaires à un nommé Darzens résidant à Sainte-Croix dans la Drôme. Roger Raffin s'adressa à eux, c'est ainsi qu'il prit le train pour Valence puis Pontaix-Sainte-Croix.
Arrivée dans la Drôme
En arrivant, il donna un premier mot de passe au chef de gare qui lui indiqua la maison de M. Armand, boulanger. C'est là qu'après avoir donné un deuxième mot de passe, il rencontra pour la première fois Darzens. Roger eut tout de suite confiance en lui.
Darzens l'envoya à Barsac, il resta chez Albert Lamande puis chez André Truchefaud jusqu'au mois d'octobre 1943, il travaillait en échange du gîte et du couvert. En septembre 1943, par une nuit pluvieuse, sur ordre d'un responsable de la Résistance, Roger Raffin et Louis Chancel dit "Lili", un réfractaire qui se camouflait au quartier du château, iront déposer une bombe artisanale sur la toiture de A. en signe d'avertissement. Il y eut quelques dégâts.
Il resta à Pontaix d'octobre 1943 à fin janvier 1944 chez Edmond Poulet. Roger profita de son séjour pour apprendre le travail de la forge chez Pierrot Daumas. C'est à Pontaix, en novembre 1943, à l'occasion d'un mariage, qu'il connut Maurice Beaupère, il appréciait cet homme.
Le 27 décembre 1943, Roger n'était pas à Pontaix au moment de la rafle en représailles au déraillement du train de Vercheny. Il avait pu se rendre à Grenoble chez ses parents pour passer les fêtes, grâce à une fausse carte d'identité que lui avait délivrée son cousin germain Jean Loubet.
La Flèche noire et le camp "Champion"
Début 1944, le responsable local André Chaffel envoya Roger Raffin rejoindre le groupe de la Flèche noire qu'il intégra et où il fit la connaissance de René Garnier. Il se lia d'amitié avec André Ménager et Claude Geneves, en qui il avait toute confiance. Selon son témoignage, il craignait "Constant".
De février à juin 1944, il suivra le camp "Champion" à la ferme de Chatelain à Pontaix. Puis à Aucelon où avec Ménager ils feront la connaissance des Lamande.
Le 18 juin1944, à Pontaix, alors qu'il était en position avec un mortier au-dessus de la route de Barsac, il entendit une détonation, il crut que les Allemands attaquaient. C'était hélas un accident qui coûta la vie à trois des leurs, ces derniers devaient détruire le petit pont routier. Inexperts dans le maniement des explosifs, ils se trompèrent de cordon et les charges explosèrent prématurément.
L'AS d'Abonnenc
Jean Roger Raffin quitta le camp FTP "Champion" pour rejoindre l'AS de Jean Abonnenc à Luc-en- Diois avec Geneves et Ménager.
Roger alla se battre à Montclus, il se replia ainsi que ses compagnons sur Lesches-en-Diois puis participa aux parachutages de la Servelle de Brette avec Halperson, lieutenant des corps-francs.
Jean Abonnenc lui proposa d'être le chauffeur de Halperson, dont on ne se doutait pas alors que c'était un traître. Roger le conduisit en traction à Saint-Julien-en-Beauchêne, ils franchirent le barrage anti-char du col de Cabre et doublèrent un convoi allemand sans encombre. Ils ramenèrent à la prison de Die un Corse qui avait, soi-disant, dénoncé des Résistants. Roger conduisit également Halperson à Vassieux-en-Vercors où il eut des entretiens avec des responsables de l'AS. Halperson était en réalité à la solde des Allemands. Lorsque ceux-ci arrivèrent à Die en juillet 1944, il se démasqua et fit fusiller bon nombre de résistants diois. Arrêté à Beaune, il fut exécuté par le maquis Douaumont.
Roger était avec André Ménager et d'autres au pont de Boulc pour garder la route du col de Grimone, au moment de l'accident de ce dernier.
Le 6 juillet 1944, les Allemands attaquèrent le col de Grimone tenu par le groupe Baudet commandé par l'adjudant Jauffrey. Inférieurs en nombre et en armes ils durent se replier. Le lendemain, les Allemands revinrent au col et brûlèrent le refuge.
À partir du 10 juillet, Roger et son groupe étaient aux avant-postes au-dessus des Lussettes, à Lus-la-Croix-Haute, dans un virage. Les Allemands attaquèrent par derrière, ils durent se replier. Le lieutenant Duval leur donna l'ordre de prendre position sur la montagne de "Picon". Roger grimpa seul sur une butte, il passa quelques jours angoissants avec son FM à ce poste de surveillance. Les Allemands attaquèrent de nouveau. De son piton, Roger tira quelques rafales mais dut se replier rapidement dans la forêt en emportant deux chargeurs, il laissa sur place son sac tyrolien et des munitions. Marchant dans les broussailles, il arriva à la lisère du bois d'où il aperçut le village de Glandage. Il retrouva ses collègues ainsi que les lieutenants Duval et Abonnenc. Ils installèrent un barrage dans les gorges des Gâts, ils résistèrent mais au pont de Boulc ils durent décrocher.
Roger Raffin se replia à Châtillon-en-Diois où il apprit l'ordre de dispersion. Il ne pouvait pas retourner chez lui à Grenoble, Duval lui proposa d'être son chauffeur. Roger accepta, lorsqu'ils allaient à Menglon chez l'ancien maire qui les renseignait, ils se déplaçaient la nuit sans phare, Duval lui disait : "Vous savez Raffin, on part mais on ne sait pas si on reviendra !"
Quelque temps plus tard, Roger Raffin fut affecté à la compagnie Bernard. Il apprit la mort du lieutenant Duval, tué le 27 août 1944 à Cliousclat.
Roger Raffin fit partie de la section des aviateurs commandée par le lieutenant René Capdaspe jusqu'à la dissolution de la Résistance. Il s'engagea pour la durée de la guerre avec la demi-brigade de la Drôme qui partit pour Termignon. Il se retrouva ensuite aux manoeuvres de Chambaran où se constitua le régiment du 159e RIA. Il ira en Alsace, reviendra à Pontcharra puis restera un mois sur le front italien avant de remonter en Allemagne.
Il sera démobilisé le 25 septembre 1945.
Auteur ! Michel Tallon
