René REGNARD

Né en 1901, fils d'instituteur et orphelin très jeune, René Regnard est instituteur à Sens. Au début des années vingt, il a effectué son service militaire en Rhénanie, dans les troupes d'Occupation, et y a perfectionné son allemand. Dans les années trente, il mène de pair une action syndicale et un engagement politique au sein de la SFIO. Il est secrétaire et rédacteur en chef, aux côtés de Paul Campargue (élu député socialiste de la circonscription de Sens en 1936), du journal socialiste local. Mobilisé de septembre 1939 à juillet 1940, il revient à Sens.

Sans enfant et ayant perdu sa femme pendant l'exode, il s'engage très vite et pleinement dans l'action résistante, sous le pseudonyme de " Louis Philippe ". Il occupe en premier lieu les fonctions de responsable du secteur Sens sud du Front national, puis il devient agent du Bureau des opérations aériennes (BOA).

En juin 1943, René Regnard contacte Jean Mader et le fait adhérer au Front national. Mader et Regnard participent aux réunions du Front national, avec Chollet, Courtis, Delcroix, Picot, Mercan, Alexandre, Rouzeau etc…Quand le BOA se constitue à Sens, Regnard participe à ses activités. Des liens assez étroits existent avec le mouvement Ceux de la Libération qui a accueilli " Etienne " lorsqu'il est arrivé à Sens. C'est dire si les liens étaient réels entre des organisations qui devaient être cloisonnées. Regnard et Mader connaissent donc " Etienne " mais ne le fréquentent pas.

Pourquoi n'ont-ils pas été arrêtés en octobre 1943 ? Mader pensa qu'on les avait laissés en liberté pour pouvoir mieux les surveiller. Prirent-ils suffisamment de précautions après les arrestations dont " Etienne " était le responsable ? Le fait de ne pas avoir été inquiétés les a sans doute confortés dans une fausse sécurité. Ils allaient cependant être les nouvelles victimes du traître.

Le 24 mars 1944 à l'aube, ils sont tous deux arrêtés, en même temps que Marot et Vauthier à Joigny, Boutier à Villeneuve-sur-Yonne et Aubin à Auxerre.

Transféré à la prison d'Auxerre, interrogé par Haas, le chef de la Gestapo, René Regnard est déporté avec Jean Mader. Il séjourne au camp de Neuengamme du 7 au 30 juin 1944 puis est envoyé au camp d'Oranienbourg-Sachsenhausen, où il est affecté au Kommando de Falkensee. Libéré en avril 1945, il arriva à Paris le 25 mai 1945.

Vice-président de l'Association des Déportés et Internés Politiques de l'Yonne (ADIF), ami de Jean Marot, René Regnard participe à la " croisade des déportés " en 1946 et milite activement au sein du monde des anciens combattants. Il effectue des travaux de recherche historique pour le Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, établissant en particulier une " carte de la souffrance " du département de l'Yonne. Il est mort à Sens le 24 septembre 1966.

Après la mort de son mari, Madame Regnard devient correspondante départementale du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Sous la direction d'Henri Michel, elle travaille pendant plusieurs années à établir une chronologie de la Résistance dans le département de l'Yonne.

Auteur : Joël Drogland

• Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 503388
• Service historique de la Défense, Caen : AC 21 P 649054
• Arolsen Archives : Block book of Concentration Camp Sachsenhausen, block 1, probably Commando Falkensee - (voir)