Charles MONCHECOURT

Charles Monchecourt naît le 9 octobre 1919 à Aniche, dans le Nord. Issu d'une famille de quatre enfants, son père exerce la profession de mineur avant de s'établir comme débitant de boisson tandis que sa mère exploite un petit commerce de fruits et légumes. En 1937, ses parents se séparent.

Monchecourt entre dans la Résistance en 1943 en s'affiliant au bataillon Toulon. Agent de renseignement, il doit quitter sa région d'origine à cause des recherches menées par la police allemande. Charles Monchecourt vient alors s'installer dans l'Aube chez un de ses cousins, tailleur à Bar-sur-Seine. Devenu membre du groupe Stalingrad de Robert Massé, il participe à de nombreuses opérations : sabotages de matériel, entraves aux réquisitions, transports d'armes, destructions ferroviaires.
L'arrestation de Massé et d'une vingtaine de ses camarades à Étourvy-et-Praslin le 25 février 1944 met un terme à l'activité de Monchecourt. Sans liaison, il erre de village en village dans le chaourçois et la région ervytéenne de mars à mai 1944. Ce n'est qu'après le débarquement des troupes alliées en Normandie qu'il peut reprendre contact avec une formation constituée, en l'occurrence l'Armée secrète, grâce à l'intermédiaire du docteur Collet.
Le 15 juin 1944, il fait preuve d'un sang-froid remarquable à Laferté-sur-Aube, parvenant à franchir un barrage allemand en compagnie d'Hubert Danesini.
Son esprit d'initiative lui permet d'intégrer le corps-franc du maquis de Mussy-Grancey. Sous le pseudonyme du "Grand Charles", il se distingue rapidement par sa bravoure et son audace lors des combats menés contre les occupants. Chargé des "hautes oeuvres", il participe à l'exécution de plusieurs collaborateurs, notamment dans le Barséquanais.
Le 25 août 1944, il prend part à l'attaque d'un groupe d'Allemands à Lusigny, contribuant par son action à la capture d'un véhicule ennemi. Cette opération lui vaut l'attribution de la croix de guerre avec palme.

À la Libération, Charles Monchecourt souhaite s'engager dans l'armée régulière au sein de la division Leclerc qui présente à Bar-sur-Aube. Mais Alagiraude s'y refuse. Déçu de ne pouvoir poursuivre une carrière militaire, il se fait démobiliser en novembre 1944. 
Désoeuvré, il décide d'agir de manière autonome en s'attaquant notamment à tous ceux qu'il soupçonne d'avoir pris part à la collaboration économique. Il parvient à s'attacher les services d'une demi-douzaine de membres, rapidement connus dans le département sous le nom de "la bande du Grand Charles". Dès lors, commence une série d'expéditions contre des particuliers à Chesley, Mélisey et Crésantignes, du printemps à l'automne 1945. Les vols se succèdent. Mais l'étau de la police se resserre et tous les protagonistes sont successivement arrêtés.

Charles Monchecourt lui-même est appréhendé le 5 juin 1947 à Villiers-le-Bois. Transféré à Troyes puis déféré au Parquet devant le juge d'instruction, il est incarcéré dans l'attente de son jugement. Souffrant de la tuberculose contractée au maquis, il n'en comparaît pas moins devant la cour d'assises de l'Aube à partir du 5 février 1951 : "l'affaire du Grand Charles" passionne l'opinion publique. Bénéficiant du témoignage de nombreux responsables de la Résistance qui l'ont côtoyé lors de la période clandestine ainsi que de la plaidoirie remarquée de son défenseur, Maître Vigo, Charles Monchecourt bénéficie d'un jugement relativement clément lorsque la Cour rend son verdict : cinq ans de prison et vingt ans d'interdiction de séjour.
Emprisonné à la centrale Liancourt dans l'Oise, il obtient des remises de peine qui lui permettent d'être libéré.
Titulaire de la croix de guerre avec palme et de la carte de combattant volontaire de la Résistance, il se marie le 29 janvier 1955 à Troyes.
Décédé le 27 mars 1958, Charles Monchecourt est enterré au cimetière de Vauchassis, dans le pays d'Othe. Il représente l'une des figures les plus controversées de la Résistance auboise.

Carte CVR n° 78 232 demandée le 21 février 1955 et obtenue pour activité résistante du 1er janvier 1944 au 28 août 1944.

Auteur : Sébastien Touffu

• Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 425481