Henri PERRIN


Profession en 1940 : Employé SNCF
Domicile en 1940 : Non renseigné

Organisation de Résistance : Résistance-Fer, MUR



La Résistance à 20 ans
En 1940, Henri Perrin a vingt ans. Il est employé à la SNCF à Saint-Etienne. Scout de France, patriote, il est désireux d'apporter toutes ses forces à un idéal qu'il s'est fixé dans la douleur après la défaite de mai-juin 1940. Le but immédiat de sa vie est simple : chasser l'Allemand hors de France, travailler au retour de la République. Lecteur de La Tribune Républicaine, il y lit quotidiennement les articles de Jean Nocher qui fustige adroitement le régime de Vichy. Il désire rencontrer son auteur. Il s'est déjà inspiré de ses articles pour couvrir les murs des bâtiments politiques stéphanois de papillons et de graffitis antipétainistes.
Il s'est engagé aussi avec les journaux de la Résistance. Il répand et fait répandre toutes les feuilles clandestines qui se réclament de la Liberté et de la Vérité. Il y ajoute Petites Ailes du général Cochet. Leurs premières apparitions datent des derniers mois de 1940. Il s'est encore engagé avec Les Cahiers de Témoignage chrétien. Il en diffuse les écrits. Lorsque Jean Nocher forme son embryon de groupe Espoir, Henri Perrin figure parmi les adjoints de son chef de file, comme membre du comité directeur. Le mouvement Espoir compte alors vingt-cinq personnes. Il y poursuit tout ce qu'il avait entrepris isolément. Il participe à toutes les manifestations publiques organisées lors du 1er mai, 14 juillet ou 11 novembre.
Cette fixation va décider de son avenir de résistant. Il fait partie des éléments chargés d'empêcher les excès éventuels de quelques trublions. Les résistants s'expriment mais dans la dignité.
Il s'est constitué une équipe de jeunes cheminots, par lesquels il entrera à Résistance-Fer, et de scouts de France. Ils oeuvrent à ses côtés. Henri Perrin a aussi déjà pris des liens avec toutes les organisations clandestines qui venaient de naître en zone non occupée. Il avait suppléé l'un ou l'autre en cas de besoin. Il est présent à la réunion constitutive du Comité directeur de 93 lors de sa création, rue Richelandière, au milieu de 1941. Il sera, jusqu'à son arrestation, l'un des piliers du mouvement Franc-Tireur dans le sud de la Loire. Il y a adhéré avec Jean Nocher. Il est en contact avec Jean Perrin qui fait ses premiers pas à Combat. Il a des liens étroits avec Robert Ploton et Les Cahiers de Témoignage chrétien.
Il sera arrêté par la police le 2 mai 1942 mais relâché le lendemain. Il s'est manifesté immédiatement par son souci d'établir les liens fraternels entre les pionniers de la résistance ligérienne sans esprit de chapelle. Il connaîtra le mouvement Libération avec Robert Khan. La fraternité et l'altruisme sont les ressorts qui, dans leur comportement de tous les jours, marquent de leur empreinte humaine les résistants stéphanois (à savoir que Chazelles-sur-Lyon et Roanne sont directement rattachés à Lyon). Saint-Etienne sera le creuset qui sut produire de tels héros. Leurs coeurs battent à l'unisson avec dévouement et désintéressement. Ils s'inspirent de ces vertus cardinales que sont raison, justice, espérance, foi et vérité. La générosité fait partie de leur être. Ces âmes se situent aux abords des vingt ans. Leur vie ne compte que comme l'instrument de leur idéal. Violette Maurice, Lucien Neuwirth, Jean Bergeret, Henri Perrin, filles et garçons savent communiquer leur ferveur à leurs aînés bénéficiaires d'une expérience vécue.
D'un mouvement bien organisé à ... la déportation
Au cours de l'été 1942, Franc-Tireur parmi les organisations nouvelles de la Résistance apparaît comme l'élément le mieux structuré. Par la stabilité de ses responsables et la continuité de leur action, il est le chaînon le plus solide de la Résistance en Loire. Jean Nocher, par sa personnalité et son support, lui a donné un rayonnement particulier parmi les premiers résistants. Franc-Tireur sera constamment dirigé par des hommes aux qualités intellectuelles et au patriotisme de premier ordre. Tous ceux qui se réclament de la Résistance vont trouver auprès de lui le concours ou les aides leur permettant de franchir des moments difficiles.
Jean Nocher, premier responsable départemental de Franc-Tireur pour la Loire, est arrêté le 29 septembre 1942. Gaston Quitaud, homme d'une culture étendue et d'un caractère ferme, prend sa relève. Il désigne Henri Perrin comme adjoint. Ces deux personnages d'élite pourront, jusqu'en février 1943, se prévaloir d'une oeuvre commune constante. Le premier est pris chez Paret le 3 février 1943. Le second lui succède le 7 avril, il prend Henri Falque comme adjoint. C'est l'heure des tractations en vue de la création des MUR. Robert Khan en a la charge. Il a les meilleurs rapports avec Henri Perrin.
Le 20 juin, celui-ci entre au directoire des MUR. De plus, il a pris la direction départementale de Résistance-Fer. Dénoncé, Henri Perrin tombe entre les mains du SD le 13 novembre 1943. Il est déporté à Buchenwald. Il en reviendra à la libération des camps de la mort. Duroux a pris sa suite à Franc-Tireur. Calamand vient tout juste d'entrer en action dans la Loire. La guerre finie, lui qui fut jadis novateur, penseur et acteur dans la Résistance, va disparaître, noyé dans la masse du commun. Il se fait oublier dans la vie courante sans autre prétention. Contacté à plusieurs reprises par des amis personnels, il ne donne aucune nouvelle. Henri Perrin s'accomplit tel qu'il a toujours été, avec sa modestie naturelle. Il aurait pu faire de sa sortie de l'ombre un piédestal, un flambeau. Il ne l'a pas voulu. Il y a une dominante dans sa vie : servir, servir la Nation.
Auteur : René Gentgen
